Lecture du jour
Évangile de l’annonciation (Luc I, 26-38) .
Texte de l’homélie
Qu’est-ce que Dieu en pense ? Qu’est-ce qu’il va en juger ? Le sacerdoce est un mystère si grand que, pour en parler, on ne peut que s’en remettre à Sa miséricorde.
Première grande vérité : « Ce n’est pas toi qui m’as choisi, c’est moi qui t’ai choisi »
Voyez quel merci infini, indéfini, je Lui dois.
On pense au point de départ, il est aussi tôt qu’il peut avoir lieu :
« Avant de te former au ventre maternel, je t’ai connu. »
« Avant que tu sois sorti du sein, je t’ai consacré, comme prophète,je t’ai établi. »

Vous avez reconnu les paroles de Dieu dans le livre de Jérémie. Ces mots de Dieu à Jérémie, Il les a prononcés sur ma vie de prêtre, sur toute vie de prêtre. Comme il nous faut les avoir à cœur tandis qu’on les vit ! Ô, je sais bien que ce ne sont pas mes capacités qui pouvaient décider Dieu à me faire signe ! Je pense tout au contraire à ce mot de saint Paul :
« Frères, considérez votre appel : il n’y a ni sage, ni puissant, ni bien né parmi vous. Ce qu’il y a de faible dans le monde, ce qui est sans naissance, voilà ce que Dieu a choisi afin que personne n’aille se glorifier devant Dieu. »
Il faut se le dire, vous savez ! On se prend bien trop au sérieux !
Père, tel a été on bon plaisir :
« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je te bénis d’avoir caché cela aux sages et aux habiles et de l’avoir révélé aux tout-petits. »
C’est comme ça que Dieu a choisi Marie et Elle l’a saisi du premier coup, et elle ne s’est jamais rien appropriée. Et Jésus ? Jésus, en parlant de son prêtre, dit dans son évangile :
« Jésus l’ayant regardé l’aima : "Viens et suis-moi". »
Et je réentendrai avec un esprit neuf, le plus possible, tous les jours de ma vie, ces paroles du Seigneur à ses apôtres :
« Vous êtes mes amis. Je vous appelle amis car tout ce que j’ai reçu de mon Père je vous l’ai fait connaître. Comme mon Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Alors, demeurez en mon amour. »
Il faut entendre « comme » par « autant que » : « Je vous ai aimés autant que le Père m’a aimé ».
Le sacerdoce, un mystère d’amour
Comment savoir parler de Dieu sans avoir soi-même écouté Dieu ?
Comment transmettre Dieu si on n’est pas son familier, son intime ?
Voyez, la mission du prêtre est la mission même de Jésus-Christ, à savoir : ouvrir les consciences humaines à la vérité.
Quelle importance pour le prêtre de comprendre cela ! Si non, il va passer complètement à côté de sa vie.
« Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. »
« Le disciple n’est pas au dessus de son maître. »
Parfois ce sera dur :
« S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront. »
« Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. »
C’est dire combien le prêtre doit faire tout son sacrifice, accueillir le renoncement, savoir s’immoler auprès et avec son Seigneur.
L’ai-je fait ? Sûrement pas assez, ni à chaque fois que la croix se présentait.
Voyez, la mission du prêtre est la mission même de Jésus-Christ, à savoir : ouvrir les consciences humaines à la vérité.
« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. »
Je suis venu retirer mes frères de leurs ténèbres, pour leur découvrir le sens vrai de la vie. Qu’est-ce que Jésus avait dit ?
« Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres mais il a la lumière de la vie. »
Mais aussi, faire discerner aux hommes le bien et le mal, les éduquer, les former, leur apprendre à se défendre du mal, les relever inlassablement de leurs chutes, les soigner, les guérir, les remettre en route. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Jésus lui-même :
« Venez à moi, vous tous qui peinez et qui ployez sous le fardeau et je vous soulagerai. Je ne suis pas venu pour condamner le monde. Je suis venu pour le sauver ; je suis venu chercher ce qui était perdu. »

Et toi aussi mon prêtre ! Voyez si je dois être un homme de miséricorde !
Toute cette mission c’est celle que Marie remplit. Alors combien je peux compter sur elle pour la remplir ; user ma vie ; animer la foi de mes frères ; les affermir indéfiniment dans l’Espérance et la confiance.
« Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. Je vous ai donné l’exemple afin que vous fassiez comme j’ai fait. »
Oui, à l’exemple de Jésus, nous devons être cet artisan d’unité, les rassembler, les rapprocher, les unir, leur communiquer une volonté d’entraide, de secours, etc.
Voilà la mission, elle est considérable, à pratiquer tous les jours, à toutes les heures du jour. Mais quelle charge pour le prêtre ! Celui qui dirait que ça ne représente pas une charge n’aurait pas compris ce que c’est que le prêtre. Et que le prêtre ne se libère pas trop vite de cette charge, qu’il ne pense pas qu’il fait ce qu’il peut !
Non, ce serait trop facile et ce ne serait pas juste, selon l’appel de Dieu, Celui qui, dès le sein de ma mère, m’a mis à part et appelé par sa grâce pour que je l’annonce. Oui, c’est une grâce ; c’est une charge mais c’est une grâce. Le prêtre peut compter dessus. Et puis, il peut compter, plus encore que sur ses capacités, il peut compter sur Celle que Dieu lui donne pour mère et reine immaculée. Dès lors qu’il est le choix de Jésus, il devient son choix à Elle. Elle a préférence pour lui, comme Jésus a préférence pour lui.
« Seigneur, je ne sais pas porter la parole, je suis un enfant. »
Et Jérémie, qui vient de dire ça, s’entend répondre par Dieu :
« Ne dis pas ‘Je suis un enfant’ mais va vers tous ceux à qui je t’enverrai et tout ce que je t’ordonnerai dit-le. N’ai aucune frayeur car je suis avec toi pour te protéger. Voilà que je mets mes paroles dans ta bouche. »
Quel réconfort pour le prêtre de savoir cela et comme il faut qu’il y croit. Il ne comptera pas sur lui-même et ses capacités personnelles, non.
Le pape Jean-Paul II, une des dernières années de sa vie, un jeudi saint, avait réuni très spécialement ses prêtres et il leur a dit ceci… très frappant :
« Il y a dans notre sacerdoce ministériel, la dimension merveilleuse et très profonde de notre proximité avec la mère du Christ. Je désire donc que vous tous, avec moi, vous retrouviez en Marie la mère du sacerdoce que nous avons reçue du Christ. Je désire, en outre, que vous lui confiiez de façon particulière votre sacerdoce.
Permettez que je le fasse moi-même en confiant à la mère du Christ chacun de vous, sans aucune exception, de manière solennelle et en même temps en toute simplicité et humilité. »
Ô, recevons cet appel du Saint Père : c’est la voix du Christ pour nous !
Mère (Clémence Ledoux)
Enfin, je voudrais ajouter un dernier motif de reconnaissance, d’action de grâce, que j’ai et que beaucoup de prêtres, qui ont ouvert leur cœur, possèdent : c’est celle que j’appelle « Mère » pour beaucoup de raisons. Vous êtes ici nombreux à la connaître. Vous vous doutez de ce qu’elle a été pour moi, ce qu’elle a fait pour moi. Ce n’est pas du domaine des choses qui s’expriment. C’est tellement délicat, mystérieux. Oui, un mystère.
Je crois que le mot de « mère » chargé du sens le plus chrétien qui soit, évoque un peu le rôle qu’elle a joué auprès de moi. Et ce rôle, je veux l’évoquer de quelques phrases. Quel a été son rôle auprès de moi, auprès de tout prêtre ? Nous dire que nous étions vraiment des fils, des fils que Dieu lui avait confiés à elle, Mère, des fils prêtres. Elle en avait conscience. Elle nous a effectivement appris à être prêtre, suscitant sans cesse en nous le zèle des âmes, le goût de nous donner. Que de temps, de conversations, de lettres, pour m’éclairer sur moi-même, pour me libérer de mon moi, pour me faire découvrir la volonté de Dieu sur moi, pour me relever toujours, pour me faire continuellement espérer, pour me communiquer en quelque sorte le « doigté » de la grâce avec les âmes : c’est si difficile !
Action de grâce

Merci à Dieu de ce sacerdoce. Du mien, de celui des autres. Merci à Dieu de tout ce qu’il a fait pour moi et par moi, dont je n’ai aucune idée juste. Merci à Marie Reine Immaculée d’avoir épousé le choix de Dieu sur moi.
Tous, comprenons mieux la place qu’Elle doit jouer dans notre vie. Remplissons mieux notre tâche d’amour vis-à-vis d’Elle. C’est une douce mission que de recevoir une mère à aimer et quand il s’agit de la Très Sainte alors, que dire… ?
Merci à vous d’être venus, merci de tout ce que vous avez fait pour m’aider à être prêtre, merci d’avoir pallié ce que je n’ai pas fait et que le Père des cieux pouvait attendre de moi. Avec Marie Reine Immaculée, aidez-moi pour les jours, les semaines, peut-être les années que Dieu me laisse encore, aidez-moi à correspondre vraiment à cet appel de Dieu. Que Dieu ne m’ait pas appelé en vain, qu’il m’ait appelé pour sa gloire et pour la conversion de nos frères,
Amen !