Texte de l’homélie :
Voilà frères et sœurs une parole qui nous secoue.
« Si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur allait venir, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. »
C’est avec cette parole que nous commençons le temps de l’Avent.
Ce temps de l’Avent a plusieurs caractéristiques.
Un temps de conversion
L’Avent est un temps de conversion.
C’est pour cela que durant le temps de l’Avent, comme durant le temps du Carême, nous revêtons les ornements mauves, comme un signe de conversion, c’est pour cela qu’il n’y a pas le Gloria pendant la célébration.
Les fidèles et les disciples de Jésus sont invités à rentrer dans une conversion assez particulière, il y a une dimension pénitentielle de l’Avent dont on parle relativement peu, mais avec une tonalité joyeuse puisque c’est la venue du Seigneur dans la chair, c’est la préparation à Noël.
Il est important de nous réveiller, d’être en attente, parce qu’il peut y avoir dans notre vie comme une forme d’assoupissement spirituel : où en est-on du désir de Dieu ? Est-ce que notre prière n’est pas un peu un ronronnement qui se termine ensuite dans un demi-sommeil et non pas comme un cri qui s’adresse au Seigneur ?
Le Seigneur nous dit que sa venue nous transforme.
La venue du Seigneur demande aussi que d’une manière ou d’une autre nous changions de vie.
C’est ce que nous dit Saint-Paul dans la deuxième lecture :
Accueillez-vous les uns des autres comme le Christ nous a accueilli et qu’il n’y ait pas ni débauche, ni ivrognerie et toutes sortes d’orgies, beuveries, revêtez-vous du Seigneur Jésus".
Le fait d’être en attente, le fait d’être dans une perspective de désir, c’est cela le temps de l’Avent, c’est le temps du désir, qui fait que cela bouge intérieurement. En tout cas cela devrait bouger.
Comment me préparer à accueillir avec un cœur nouveau cette venue du Seigneur dans la chair ?
Il y a trois venues du Seigneur :
- La première venue du Seigneur c’est la venue dans la chair au moment de Noël.
- Ensuite le Seigneur vient actuellement, dans l’Église, à nous d’y être attentifs, de découvrir les signes de Dieu et comment Dieu se manifeste et vient à notre rencontre.
- Et puis il y a la venue du Seigneur dans la Gloire, nous l’avons fêté avec la fête du Christ Roi, dans la Gloire où il viendra juger les vivants et les morts.
Nous sommes dans cette venue intermédiaire, qui demande une conversion, parce que découvrir le Seigneur qui vient cela n’est pas si évident que cela. Découvrir que le Seigneur est là et qu’il intervient dans l’histoire, nous croyons comme le peuple hébreu a un Dieu qui intervient dans l’histoire, nous croyons en Dieu qui prend chair et qui est notre compagnon de route, qui nous accompagne à travers vents et marées.
Cela n’est pas du tout pareil qu’avec d’autres dieux dans d’autres religions, asiatiques par exemple, ou des religions « naturelles » comme les mythologies. Cette intervention d’un dieu dans l’histoire, c’est vraiment propre à l’Ancien testament, où Dieu intervient avec le peuple hébreu.
Il faut discerner cette venue, il faut être attentif.
C’est ce que nous dit le Seigneur, on l’entendra tout au long de l’Avent : réveillez-vous, soyez attentifs, soyez aux aguets. Si le maître de maison savait à quelle heure venait le voleur il aurait été là avec un bâton pour le chasser.
Mais si vous êtes dans un endormissement et que vous laissez le voleur de la grâce qui est le démon rentrer en vous et que vous cédez aux séductions du monde, aux tentations quotidiennes, vous ne reconnaîtrez pas le Seigneur, vous ne serez pas prêts quand il viendra frapper à votre porte.
Le temps du combat spirituel
Jésus nous incite à rentrer dans un désir intérieur, à rentrer aussi dans un combat spirituel. Le temps de l’Avent c’est aussi le temps du combat spirituel - bien sûr aussi encore plus le temps du Carême - se préparer à la découverte du Christ venu dans la chair à Noël, et ce Christ qui continue de venir encore maintenant, ce n’est pas si simple.
Il faut renoncer à ce qui nous éloigne de Dieu et rentrer dans une vraie intimité avec lui. Alors on découvre qu’il est là, beaucoup plus souvent qu’on ne le pense et qu’il est à nos côtés beaucoup plus souvent qu’on ne le pense.
Mais il faut avoir un regard, la foi, c’est le chemin du regard, c’est une certaine manière de regarder ce monde qui fait que je dis que le Seigneur est là dans ma vie.
Quand on entend des témoignages, que les personnes nous disent qu’il y a eu tel signe, c’est un signe pour la personne en particulier, c’est la venue du Seigneur qui intervient dans l’histoire.
Savons-nous discerner les signes ? Les signes pour être signes doivent être interprétés par d’autres, ne prenons pas comme signe ce qui nous arrange.
Il y a des signes que le Seigneur vient, dans cette venue intermédiaire, cette venu dans la foi, du Seigneur.
Cela demande un changement de vie, c’est ce que dit Saint Paul :
« Rivalités, beuveries, débauches, rejetons les œuvres de ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière. »
Saint Paul nous réveille, il nous dit de rejeter ce qui nous tire vers le bas, le Seigneur nous attire vers quelque chose de bien plus grand.
Dans le temps de l’Avent, on a cette perspective, cette conscience qu’on va faire quelque chose d’immense qui est la venue du Christ dans la chair, c’est-à-dire cette incarnation, cette naissance de Jésus, né de la Vierge Marie, c’est quelque chose d’extraordinaire, qui est unique, aucune autre religion sur la terre croit ce que nous croyons.
Comment ne pas rendre grâce pour ce fiat de la Vierge Marie et pour cet amour de Dieu qui s’abaisse jusqu’à prendre notre nature humaine !
C’est pour cela que le temps de l’Avent est un temps marial.
Il y a deux figures très importante dans le temps de l’Avent : Marie, fêtée le 8 décembre, c’est une solennité dans l’Église universelle.
Et Jean-Baptiste qui nous dit :
« Préparez les chemins du Seigneur… »
Il nous dit de rabaisser les collines et de remplir les ravins pour que le chemin du Seigneur soit aplani, pour que dans notre vie, qui est faite de creux et de bosses, le Seigneur puisse rentrer avec facilité et nous transformer.
Le temps du recueillement
Le temps de l’Avent est un temps à la fois d’une certaine douceur, d’un certain recueillement. En Amérique latine par exemple c’est tout à fait différent, ici à l’approche de l’hiver la nature se recueille, même la nature nous aide à nous recueillir intérieurement. Sous les tropiques, pour moi c’était moins porteur.
L’Avent c’est une invitation au recueillement, une invitation à se recentrer sur l’essentiel, à être attentif à la présence de Dieu, c’est ce que disent tous les saints de façon unanime.
Notre fondateur des Serviteurs de Jésus et de Marie, le Père Lamy, disait :
Le monde agit par distraction, alors que Dieu agit par attraction, c’est tout à fait différent.
On voit bien qu’il y a des forces centrifuges qui nous éloignent de Dieu.
Le temps de l’Avent et un temps où on va se recueillir, se rassembler, remettre le cap sur l’essentiel, demander au Seigneur d’être dans cette dimension contemplative, qui est pour tous les chrétiens et pas seulement pour les moines, qui découvre dans la foi la présence de Dieu qui agit au quotidien.
Nous sommes des pauvres, nous avons besoin régulièrement d’être encouragés, c’est pour cela qu’il y a ce cycle liturgique, pour dire des choses que nous savons déjà, mais que nous avons du mal à mettre en pratique.
À travers la liturgie, l’Avent est là pour nous préparer à l’accueil du Sauveur.
Demandons par l’intercession de la Vierge Marie et de saint Jean-Baptiste, ces grandes figures de l’Avent, demandons vraiment cette grâce de la conversion de la vie intérieure, pour reconnaître le Seigneur qui vient.
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre d’Isaïe 2,1-5.
- Psaume 122(121),1-2.3-4ab.4cd-5.6-7.8-9.
- Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 13,11-14a.
- Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 24,37-44 :
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme.
En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme.
Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé.
Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée.
Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient.Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »