Texte de l’homélie :
Quarante jours après sa résurrection d’entre les morts, Notre-Seigneur apparaît encore une fois à ses Disciples. Il les envoie en mission jusqu’aux extrémités de la terre. Mais Il leur promet de demeurer au milieu de Ses Apôtres par l’Esprit Saint que Dieu va répandre sur eux au matin de la Pentecôte.
L’Église, fondée sur les Apôtres, manifeste au monde entier la présence de Dieu par les sacrements de la foi qu’elle célèbre, par l’Évangile du salut qu’elle annonce, par les miracles dont elle témoigne.
Certes le Christ n’est plus visiblement présent ; nous proclamons en effet dans notre profession de foi, dans notre Credo :
« Il est monté aux Cieux, est assis à la droite du Père. Et reviendra un jour dans sa gloire juger les vivants et les morts : son règne n’aura pas de fin. »
Celui qui monte aux Cieux, c’est le Verbe incarné. De même qu’Il est vraiment ressuscité, de même, aujourd’hui, Jésus monte au Ciel avec Son Corps, avec une chair humaine, celle que le Verbe de Dieu, le Fils éternel du Père, a reçu de la Vierge Marie au premier moment de Sa conception humaine.
C’est désormais l’un des nôtres, un de notre race, qui au sein de la Sainte Trinité intercède pour nous, Ses frères, les membres de Son Corps. Pour reprendre la belle expression de Charles Péguy :
Monter au ciel signifie que dans Son humanité glorifiée Jésus a rejoint son Père ; Il a achevé Son pèlerinage sur la terre, Il a parfaitement accompli la mission qui Lui fut donnée, Il a glorifié Dieu, Il a réconcilié les hommes avec Son Père, Il a révélé au monde l’amour de Dieu, Il a offert, enfin, Sa vie en sacrifice pour le pardon de tous les péchés.
Par Sa résurrection, Il manifeste la victoire divine sur le mal, le démon et la mort, cette victoire à laquelle tous les hommes sont invités à participer en reconnaissant en Jésus-Christ leur Dieu, leur chef et leur sauveur.
Par la résurrection et l’ascension, l’humanité du Christ n’est pas abolie, elle est transfigurée et elle devient cause de notre salut. Voilà pourquoi l’Église croit en la résurrection de la chair puisque le Christ Lui-même conserve pour l’éternité Son humanité.
Nous-mêmes nous sommes appelés au moment du Jugement dernier, à retrouver notre corps qui a été sanctifié par le don de la grâce divine.
Mais en attendant ce grand jour qui éclaire notre foi et nourrit notre espérance, nous devons travailler de toutes nos forces à établir et à étendre ce royaume dans toutes nos vies et dans le monde qui nous entoure. Nous le faisons chaque fois que nous sommes fidèles à l’évangile, chaque fois que nous témoignons de notre foi, chaque fois que nous sommes fidèles à notre devoir d’état, chaque fois que nous accomplissons dans l’amour filial et dans la confiance la volonté divine, chaque fois, enfin, que nous travaillons de façon désintéressée et généreuse à la gloire de Dieu. Déjà les anges invitent les Apôtres à ne pas rester à fixer le ciel où est monté le Fils de Dieu ; c’est la mission universelle qui attend les Apôtres. De même les chrétiens, chacun dans la fidélité à son état de vie, sont appelés à cette même mission de salut.
Mais encore une fois, Notre Seigneur ne nous laisse pas seul. En ce jour, Il dit à Ses disciples :
« Et moi, je suis avec vous jusqu’à la fin des temps… »
Nous devons croire qu’Il est fidèle à Sa promesse. De fait, depuis le jour de notre baptême, Il est à nos côtés, Il nous soutient de sa grâce dans tous les combats de la vie, Il nous relève chaque fois que nous tombons, Il nous pardonne chaque fois que nous sommes infidèles en nous inspirant un vrai repentir, Il restaure en nous Son image chaque fois que nous recevons avec foi et confiance l’absolution dans le sacrement de Pénitence, Il vient en nous dans l’Eucharistie, le grand sacrement de Sa présence et de Son amour ; Il nous enseigne par Son Église, Il se fait connaître à nous dans sa Parole, Il nous livre les secrets de Son cœur dans la prière. Il est présent dans nos vies, Il est fidèle, Il demeure éternellement notre intercesseur auprès du Père.
De quoi aurions-nous peur ? Tout pouvoir Lui a été remis sur terre comme au ciel. Il gouverne invisiblement Son Église par Son Esprit Saint, Il enseigne et sanctifie Ses fidèles par l’autorité de notre Saint-Père le pape, des évêques et des prêtres qui sont unis en une même communion et qui professent ensemble la vraie foi.
Mais l’Esprit Saint n’est pas seulement l’âme de l’Église, Il habite aussi le cœur de chacun d’entre nous depuis le jour de notre baptême et de notre Confirmation.
Il est le don le plus excellent du Père puisqu’Il nous établit dans la communion même de Dieu. Et ceci dès cette terre, même si nous devons vivre cette réalité sous le voile de la foi tant que nous sommes pèlerin sur cette terre.
Mais un jour le voile se déchirera, nous passerons sur l’autre rive, nous verrons Dieu face à face. La vie terrestre nous est donnée pour que nous apprenions à préparer cette grande rencontre de la vie éternelle.
Que Notre-Dame, mère de la belle espérance, étoile du matin et annonce du Jour nouveau qui n’aura pas de fin, que Notre-Dame donc nous obtienne cette grâce pour le temps et pour l’éternité,
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre des Actes des Apôtres 1,1-11.
- Psaume 47(46),2-3.6-7.8-9.
- Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens 1,17-23.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 28,16-20 :
En ce temps-là, les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.
Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »