Texte de l’homélie :
Frères et sœurs bien-aimés, dans la première lecture et dans l’Évangile il est dit que :
« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ;
sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi. »
Des ténèbres à la lumière
C’était pourtant en Galilée, et son climat ensoleillé n’avait pas changé, comme c’est le cas chez nous. Il ne s’agit pas là de ténèbres extérieures…
Zabulon et Nephtali sont des pays qui ont fait partie des premiers à être déportés. Le sens de ces ténèbres est alors que l’avenir n’était plus entre leur mains, il étaient entre les mains d’un pays hostile. Avoir ainsi sa propre vie dans les mains d’un adversaire, ce sont les ténèbres.
« Sur ceux qui habitaient les pays de l’ombre… »
Ainsi, ce qu’annonce Isaïe est une bonne nouvelle : ces ténèbres vont être dissipées et une grande lumière va resplendir !
« Ils se réjouissent devant Toi : le joug qui pesait sur eux, le bâton qui meurtrissait leurs épaules, le fouet du chef de corvée, Tu les as brisés !
Il a éloigné de toi ceux qui t’obligeaient à faire ce que tu n’avais pas envie de faire, ceux qui t’humiliaient. »
Plus que des ténèbres extérieures et climatiques, ces ténèbres sont celles d’un climat humain qui nous est défavorable, qui nous écrase, qui nous humilie et ferme notre avenir.
Ainsi, dans l’Évangile, Saint Matthieu reprend ce texte pour annoncer la venue de Jésus.
Jésus, la lumière qui s’est levée
Il cite donc ce passage d’Isaïe que nous retrouvons dans la première lecture, puis il nous dit qu’« à partir de ce moment Jésus se mit à proclamer la Bonne Nouvelle du Royaume » :
« Convertissez-vous, le Royaume de Dieu est tout proche ! »
Mais, qu’est-ce que le Royaume de Dieu ? On en parle à diverses reprises dans des passages que vous connaissez certainement dans la Parole de Dieu : il y a ce moment du jugement dernier où le Roi est assis, et il met certains à sa droite, et d’autres à sa gauche et dit :
« Venez les bénis de mon Père ! Recevez de Royaume en héritage. »
Mais, pourquoi recevraient-il ce royaume en héritage ?
J’avais faim et vous m’avez donné à manger,
J’avais « soif, et vous m’avez donné à boire,
J’étais un étranger et vous m’avez accueilli,
J’étais nu et vous m’avez habillé. »
Pour rentrer dans ce Royaume, ce sont donc des qualités de cœur que ce roi attend de nous.
Ce que produit la chair
Saint Paul aussi parle de ce Royaume dans les Galates, par exemple. Il y oppose ceux qui vivent selon la chair à ceux qui vivent selon l’esprit de Jésus. Et l’on sait bien à quelles actions mène la chair : « …débauche, impureté, obscénité, idolâtrie, sorcellerie, haine, querelle, disputes, jalousie, colère, envie, beuverie, gloutonnerie, et la liste est longue ! : c’est là ce à quoi mène la chair. »
Ainsi, ceux qui agissent de cette manière ne recevront pas en héritage la Royaume de Dieu.
A l’inverse de cela, que produit l’esprit ?
Vous connaissez certainement la liste ! non pas la beuverie, la débauche, mais "l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, l’humilité, la maîtrise de soi…
Ainsi, ceux là peuvent recevoir le Royaume en héritage."
Et dans l’Évangile, cette lumière nous est offerte. C’est Jésus qui vient nous ouvrir un avenir. Autant l’avenir des déportés était sombre, il n’était pas entre leurs mains, autant l’avenir de celles et ceux à qui est proclamé l’Évangile est entre leurs mains s’ils se mettent à la suite de celui qui est le roi. Alors, notre avenir est dans les mains de Dieu. Cela nous donne une espérance, une lumière et l’on ne tourne plus en rond en ne sachant comment faire, car nous savons où aller.
Et c’est ce que veut dire le psalmiste lorsqu’il dit :
« Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ? »
Je ne suis pas désespéré, car je verra la bonté du Seigneur. Alors soyons forts ! bien évidemment, nous ne serons pas épargnés de difficultés, mais prenons courage :
« Sois fort ! Garde courage, attends le Seigneur,
Espère dans le Seigneur ! »
Quand nous savons que nous sommes aimés d’un amour fiable, nous sommes prêts à affronter des dangers et difficultés. Nous sommes dans la main de Dieu. Il est le Dieu-Providence qui s’occupe de nous.
Peut-on se tromper de lumière ?
Dans l’Évangile, on voit Jésus qui appelle certains : d’abord Pierre, puis André, Jacques, et Jean pour le seconder dans Sa mission :
« Je ferai de vous des pécheurs d’hommes… »
Et alors, ils le suivirent, ils ne le devancent pas. Et dans la deuxième lecture, on voit que parfois, certains se trompent : « moi j’appartiens à Paul », « moi à Apollos », « moi à Pierre ». Mais, comme le dit très bien Saint Paul :
Est-ce donc Paul qui a été crucifié pour vous ?
Est-ce Pierre ou Apollos ? Non ! il n’y a qu’une seule lumière : c’est Jésus. C’est Lui qui a donné Sa vie pour vous.
La foi est une lumière
Au mois de juillet dernier, le pape François nous a donné une encyclique qu’il a appelée : « La lumière de la Foi ». Oui, la foi est une lumière. Ce n’est pas un saut dans le vide. C’est une lumière qui nous éclaire. Et la lumière essentielle qui nous est donnée, c’est que Jésus nous a donné un amour fiable, un amour sur lequel on peut compter, un amour qui ne va pas se dérober, un amour fidèle. Et Il nous a été manifesté par Sa mort et par Sa résurrection.
Et maintenant, à la lumière de Sa résurrection, la mort du Christ dévoile la fiabilité totale de l’amour de Dieu. En tant que ressuscité, Le Christ est le témoin fiable, digne de foi, appui solide pour notre foi. Saint Paul affirme :
« Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi ! »
C’est cette grande lumière qui nous est offerte, et ce serait regrettable de se contenter de petites lumières, de lumière qui éclairent juste l’immédiat, comme le dit le pape François, à l’image de ces petites lampes que nous avons sur nos téléphones qui nous permettent de trouver la serrure d’une porte dans la pénombre, certes bien pratiques pour cela, mais pas adaptées pour éclairer un peu loin devant.
Dans notre vie, nous avons besoin de plus qu’une petite lumière. Nous avons besoin d’un horizon devant nous. Et c’est Jésus qui nous donne l’horizon. Pas simplement pour cette vie sur terre, mais sur la Vie Éternelle.
Alors aujourd’hui, ouvrons bien nos yeux, et notre cœur pour accueillir cette lumière. Mais, cela suppose de faire un choix : est-ce que je veux accueillir cette lumière que me donne Jésus, ou est-ce que je veux me contenter de ces petites lumières immédiates que me donne la société actuelle et qui ne vont pas bien loin, qui ne nous permettent pas de distinguer le bien et le mal, qui nous permettent simplement de tourner en rond… ?
Suis-prêt à opter de façon délibérée pour cette lumière que me donne Jésus ?
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre d’Isaïe 8,23b.9,1-3.
- Psaume 27(26),1.4abcd.13-14.
- Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 1,10-13.17.
- Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 4,12-23 :
Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean Baptiste, il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord du lac, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali.
Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète Isaïe :
" Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée, toi le carrefour des païens : le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays de l’ombre et de la mort, une lumière s’est levée."À partir de ce moment, Jésus se mit à proclamer :
« Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. »Comme il marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac : c’étaient des pêcheurs.
Jésus leur dit : « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.Plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans leur barque avec leur père, en train de préparer leurs filets. Il les appela.
Aussitôt, laissant leur barque et leur père, ils le suivirent.Jésus, parcourant toute la Galilée, enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.