Texte de l’homélie :
Biens chers frères, mes chers amis,
Il y a donc 25 ans, P. André nous quittait. A l’invitation de Jésus, il passait sur l’autre rive, entouré par la prière et l’affection de ses frères, de ses fils religieux. Après ses obsèques célébrées à la cathédrale de Noyon, la communauté d’Ottmarsheim qu’il avait fondé moins de cinq mois avant organisait en l’abbatiale St Pierre- St Paul une messe de Requiem, présidée par Mgr Hégélé. Il y avait plus de monde pour cette messe que pour la messe d’installation de la communauté début octobre, manifestant combien le P. André avait su en quelques mois établir de nombreux contacts apostoliques et amicaux, se donnant sans compter à sa mission alors qu’il était déjà bien affaibli par la maladie.
La première lecture nous présente ce qu’est la foi : la certitude de la présence du Christ dans nos vies et l’offrande de notre existence comme réponse d’amour au don qui nous est fait par Dieu en Jésus-Christ. C’est là bien résumées ce qu’est la vie religieuse et ce qu’a été toute l’existence du Père André.
Le don de la foi nous donne de participer réellement à la vie même de Dieu. C’est aussi par un acte de foi que l’on répond à l’initiative de Dieu qui nous appelle à la vie religieuse. La fidélité d’un institut dépend de la fidélité de chacun de ses membres même si la fidélité héroïque de l’un ou de l’autre, dans notre histoire, a été décisive.
C’est bien la fidélité qui est sans doute la marque dominante de sa physionomie spirituelle comme religieux et comme supérieur. Cette fidélité s’exprimait par son attachement à la personne de Jésus, son attachement à Marie, à la vocation de notre institut, à sa place dans l’Eglise.
Mais comme supérieur, il avait aussi le souci de nourrir profondément ses fils par l’enseignement, par la prédication, par la direction spirituelle.
Lui-même s’était mis à l’école des meilleurs maitres qui soient, l’Ecriture Sainte, d’abord, qu’il lisait dans le texte, le Père Lamy dont il avait encouragé la première publication des écrits spirituels, mais aussi saint Bernard, qu’il avait étudié, toujours dans le texte, à Hauterive, enfin, saint François de Sales.
Dans son enseignement il cherchait aussi à rendre compte de la richesse des documents du magistère, spécialement le Concile et les grandes encycliques de Jean-Paul II.
Il avait à cœur de toujours approfondir ses connaissances dans la science sacrée.
L’Eglise fait mémoire aujourd’hui de saint Thomas d’Aquin. C’était pour père André une référence constante, il suffit pour s’en convaincre de parcourir l’édition Lachat de la Somme de théologie qu’il a consciencieusement annoté. Le Dictionnaire de spiritualité était aussi pour lui une référence constante. De même il manifestait une curiosité intellectuelle très grande dans les domaines de l’histoire, de la littérature, des sciences et des techniques.
Le père André a dû affronter bien des tempêtes. Il savait allier le sens de l’exigence à celui de la miséricorde. L’exigence : il n’aimait ni les plaintes, ni les récriminations, ni les bouderies.
Comme Père Maître il nous appelait toujours à la générosité et à la ferveur. Je choisis que la cloche sonne le matin, je ne la subis pas. Cela partait de la grande estime qu’il avait de l’homme, de sa capacité à prendre des engagements définitifs, de sa liberté et de sa responsabilité. Il était incapable de mépriser ou de dénigrer. Mais il ne voulait pas que l’homme oubliât la grandeur de sa vocation. D’où son insistance sur le respect mutuel que se devaient les frères, l’absence de critiques ou de murmures, le refus de la médisance et le choix délibéré d’une attitude à la fois silencieuse et bienveillante.
Fidèle à ses racines alsaciennes, il avait le goût du travail fait jusqu’au bout. Il n’aimait ni la paresse, ni le laisser-aller. La capitulation spirituelle, la complaisance entretenue pour une certaine médiocrité, pour le manque de zèle, l’absence chez certains de ses fils de la générosité dans le combat spirituel et dans la fidélité quotidienne aux exigences de notre vie consacrée le faisaient infiniment souffrir et parfois réagir.
Sa droiture, sa sagesse, son intelligence concrète des personnes et des situations, son grand sens pédagogique lui ont permis d’aider de nombreuses familles religieuses dans le difficile travail de discernement et de renouveau demandé par le Concile.
Chez le père André, il faut encore souligner la miséricorde : on pouvait littéralement tout lui dire en étant sûr qu’on ne serait jamais jugé et encore moins condamné ; volonté d’imiter le Christ certainement, mais aussi manifestation de sa foi dans l’œuvre de la grâce dans le cœur de tous ceux qu’il approchait. Cette foi se manifestait aussi pour la confiance qu’il avait dans tout ce qui pouvait surgir de nouveau dans l’Eglise et dans la communauté des hommes. Dès le début il appartint au conseil spirituel de l’Arche et il reçut beaucoup du Mouvement des Foccolari.
Se consacrer avec Maie, comme Marie, à la personne et à l’œuvre du Rédempteur, voilà ce qui a unifié profondément la vie et le ministère du Père André.
Etre dans l’Eglise ce mystère de Rédemption dont il nous parlait souvent à partir de la première lettre encyclique de Jean-Paul II. Il aimait singulièrement ce passage qu’il nous citait souvent :
L’Eglise désire servir cet objectif unique : que tout homme puisse retrouver le Christ, afin que le Christ puisse parcourir la route de l’existence, en compagnie de chacun, avec la puissance de la vérité sur l’homme et sur le monde contenue dans le mystère de l’Incarnation et de la Rédemption, avec la puissance de l’amour qui en rayonne ».
C’était pour lui la meilleure définition de notre mission de consacrés, de notre participation au mystère de la rédemption. Oui, demandons à Dieu la même fidélité à notre vocation de SJM pour qu’enfin le bien des âmes se fasse.
Amen !