Homélie de la fête de la Toussaint

4 novembre 2011

« Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise ! »

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie :

Comme on le voit souvent à la campagne, le cimetière construit autour de l’église nous renvoie à cette notion fondamentale : les personnes défuntes font partie de la réalité de notre vie et nous montrent le chemin. Dans la lumière de la fête que nous célébrons aujourd’hui, la Vie Éternelle donne un éclairage tout à fait différent à notre vie ici et maintenant.

Tous appelés à partager la Gloire du Royaume

Même si nous n’avons pas de vision de ce que sera de l’au-delà, nous savons que notre vie ne se termine pas ici-bas. Nous accueillons la révélation de la Gloire de Dieu dans la foi, gloire à laquelle nous sommes appelés.
Si notre vie est faite pour la Vie éternelle, elle en reçoit une dignité toute particulière : si nous avons conscience que nos actes retentissement dans l’éternité, cela change notre manière de vivre en fonction de sa finalité ultime : la contemplation de Dieu, Le contempler comme source de tout et d’en être comblé de notre cœur jusque dans notre intelligence : c’est la Béatitude

De ce fait, il ne faut pas se laisser déconcerter par les réalités de notre temps, et résumer les Béatitudes comme la proclamation : « Heureux les malheureux … » !

Deux Béatitudes pour notre présent :

Pour aller plus loin, regardons les deux béatitudes qui sont au présent parmi celles qui sont au futur :

  • La première, celle qui concerne les pauvres : « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des Cieux est à eux ». Au fond, nous sommes tous appelés à cette pauvreté de cœur. Nous sommes tous appelés à nous recevoir de la main du Seigneur, nous y sommes invités par une attitude d’abandon ; ce passage est obligé, ne serait-ce qu’au moment de la mort terrestre.
    Au moment de ce grand dépouillement, ne vivons pas la mort comme une fin mais au contraire comme un début, dans l’Espérance.
    Ainsi, nous nous préparons par des actes d’espérance, dans l’abandon et la confiance, qui me permettent de percevoir quelque chose du Royaume de Dieu, cette Béatitude.
  • L’autre béatitude donnée au présent : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la Justice : le Royaume de Cieux est à eux »  : ceux qui acceptent de donner leur vie pour être « ajustés à Dieu », ne pactisant pas avec l’injustice et avec le mal, pour que la justice soit respectée, et enfin triomphe ceux-là goûtent par anticipation du Royaume des Cieux.
    La vie religieuse a aussi pour finalité de nous rappeler la vie éternelle, comme étant un signe de l’éternité : non pas que les religieux sont meilleurs que les autres, mais parce qu’ils ont fait le choix de cette manière particulière de se préparer.

Parler d’Espérance encore aujourd’hui ?

Tout cela pose une grande question sur l’Espérance, le thème que le Saint-Père a choisi de développer dans son encyclique : cette Espérance est-elle encore audible de nos jours ?
Mais, comment cesser de croire en la Vie Éternelle sans céder au désespoir et tomber dans la violence. Le Saint-Père a rappelé à Assise combien l’absence de Dieu peut conduire à une vie sociale bien plus difficile. Au contraire, notre Foi nous pousse à rendre ce monde plus juste, en ne plaçant pas notre confiance dans les biens périssables de ce monde, et faisant de nous des anticipateurs de la grâce à venir.
Tant de religieux animés par l’Espérance chrétienne se ont témoigné dans des lieux réputés de toute désespérance et les ont illuminés par la Foi, rappelant que la réalité de toute personne humaine se trouve en toute plénitude dans le Royaume.

Ne nous laissons donc pas aller au négativisme, ne perdons pas confiance dans les promesses de Dieu, mais puisons des forces dans l’Espérance en la Vie Éternelle par la prière, par les sacrements et l’écoute de la Parole de Dieu ; Ainsi, mus par cette grande Espérance de la Vie Éternelle, pour que, à nos côtés, les autres puissent trouver des raisons de croire et d’aimer,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de l’Apocalypse 7,2-4.9-14.
  • Psaume 24(23),1-2.3-4ab.5-6.
  • Première lettre de saint Jean 3,1-3.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 5,1-12a :

Quand Jésus vit la foule qui le suivait, il gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent.
Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise !
Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés !
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde !
Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu !
Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.