Homélie de la Nativité du Seigneur Jésus-Christ (messe de minuit)

27 décembre 2019

Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire.

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Texte de l’homélie :

Frères et sœurs bien-aimés,

En ce moment, les frères lisent au réfectoire les discours que le Pape a adressés à la Curie romaine. Composée de cardinaux d’évêques et de prêtres – depuis peu de religieuses et de laïcs, la Curie constitue le gouvernement de l’Eglise. Le Saint-Père leur dit la chose suivante :

« Depuis le commencement, l’histoire du peuple de Dieu, de l’Eglise est marquée par des départs, des déplacements, des changements. Le chemin est avant tout symbolique : c’est une invitation à découvrir de mouvement du cœur qui a besoin de sortir pour rester, de changer pour pouvoir être fidèle. »

Frères et sœurs bien-aimés, le mystère de Noël est avant tout un mystère de sortie. Selon ce que les écritures relatent au sujet de la Nativité, on voit le mouvement de l’ange vers la Vierge-Marie, le mouvement de Marie vers Elisabeth, ensuite de Marie vers Bethléem – de l’hôtellerie jusqu’à la grotte, et ensuite la fuite en Egypte… Il est vraiment celui qui n’a pas de pierre pour déposer la tête, et Il nous invite à toujours être en mouvement. !

Noël est un mystère de mouvement, de changement. Et notre Saint-Père - d’une certaine manière, avec ses attitudes – nous fait changer intérieurement. Car si le changement est géographique, extérieur, il l’est aussi de l’intérieur, pour une conversion du cœur. Par un certain nombre d’attitudes, le Saint Père nous bouscule intérieurement, nous fait sortir de notre zone de confort, lorqu’il nous demande par exemple d’accueillir les réfugiés, notamment lorsqu’il va au camp de Lampeduza et qu’il ramène dans son avions trois familles musulmanes. N’y avait-il pas des Chrétiens d’Orient parmis les réfugiés qui attendaient dans ce camp ?
Il nous parle aussi de l’accueil que nous devons faire aux personnes qui ne sont pas en situation "régulière" sur le plan matrimonial.

Oui, frères et sœurs bien-aimés, par le mystère de Noël, par le mystère de l’Incarnation, nous sommes invités à bouger. Mais pas de n’importe quelle manière : nous sommes invités à bouger là où il y a la vie.

Dans un autre passage, le Saint-Père dit que l’Eglise doit être un « hôpital de campagne », c’est à dire toujours prête à accueillir dans un certain inconfort, et non pas un musée plongé dans la naphtaline.
Oui, le Seigneur nous appelle par Son Incarnation, par le fait de venir à notre rencontre, à sortir : vous-mêmes, vous êtes sortis de vos maisons, en famille, pour vous rendre à cette célébration.
Ce mouvement de sortie est permanent, ne serait-ce que pour être attentifs à ce qui est source de vie dans existence, attentifs à exprimer notre Foi : voici un mouvement intérieur qui représente une sortie. Combien de Chrétiens ont du mal à dire leur foi, à exprimer aux générations qui suivent pourquoi ils croient et ce en quoi ils croient : cela demande de sortir de sa zone de confort.
Oui, le Seigneur nous appelle à être source de vie à notre tour, et pour cela il faut accepter de se laisser déranger, de sortir de notre routine, de ce que l’on a toujours fait. On l’entend parfois dans nos paroisses, dans nos communautés religieuses : « On a toujours fait comme ça… » Et si on faisait autrement ?

Par Sa parole, par le mystère de Noël, le Seigneur nous demande de nous laisser déranger et d’être attentifs à ce qui peut être source de vie dans notre existence.
C’est un critère pour choisir notre manière d’agir : « Où est la source de vie ? qu’est-ce qui est vivant ? »

Je me souviens de trois petits villages qui vivaient quelque chose de très beau entre eux, mais qui ne rentrait pas dans la dimension de la grande paroisse.
Il faut parfois accepter ce qui est vivant, même si cela ne rentre pas dans nos codes, dans nos manières habituelles d’agir. C’est vrai aussi en famille : il faut parfois nous laisser déranger pour accueillir celui qui a un caractère difficile mais qui – de façon maladroite – est demandeur de relation. C’est une autre façon d’accueillir le mystère de Noël que d’accueillir cette personne-là.

Frères et sœurs bien-aimés, le Seigneur nous demande aujourd’hui d’être attentifs à ce que le monde attend : le monde attend quelque chose de la part du Christ, le monde attend quelque chose de notre part à nous aussi . Soyons prêts à répondre à cette attente. Combien de fois nous préférons rester dans notre zone de confort, et ne pas nous laisser inviter à la conversion. Le Saint-Père nous le rappelle : le changement est une conversion intérieure, adopter une nouvelle manière de faire.
Vous le savez, conversion signifie « se tourner vers ». Il s’agit de se tourner vers le Seigneur.

Oui, nous sommes invités à une transformation intérieure pour pouvoir accueillir la vie, car la vie nous dérange : elle ne vient pas comme on l’avait prévue. Cette vie de l’Enfant Jésus ne vient pas comme on l’avait prévu, on ne pensait pas que ce serait de cette façon-là, de cette manière-là.
Combien de fois la vie que le Saint-Esprit fait surgir dans nos communautés n’arrive pas non plus comme nous l’avions prévu.

Ainsi, demandons au Seigneur en cette nuit de Noël d’être attentifs à ce qui est profondément vivant en nous-mêmes, et également autour de nous, pour être des témoins d’un Dieu qui nous appelle des ténèbres à Son admirable lumière,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 9,1-6.
  • Psaume 96(95),1-2a.2b-3.11-12a.12b-13.
  • Lettre de saint Paul Apôtre à Tite 2,11-14.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 2,1-14 :

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.
Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli.
Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.

Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux.
L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte.
Alors l’ange leur dit :
« Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur.
Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »