Homélie du 16e dimanche du Temps Ordinaire

19 juillet 2020

Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles, et il ne leur disait rien sans parabole, accomplissant ainsi la parole du prophète : ‘J’ouvrirai la bouche pour des paraboles, je publierai ce qui fut caché depuis la fondation du monde.’

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Texte de l’homélie :

Nous continuons notre méditation du discours en paraboles de Jésus. Une parabole est une histoire imagée par laquelle nous est révélé quelque chose du Royaume.
La simplicité de la parabole la rend accessible à tous, aux sages et aux savants, mais aussi et surtout aux pauvres et aux petits. Pour comprendre une parabole, il suffit d’avoir un cœur ouvert, une intelligence en éveil et une grande confiance en Dieu qui ne peut ni se tromper, ni nous tromper, comme nous le disons dans notre acte de foi.
Si Jésus emploie le style parabolique, c’est pour révéler progressivement à Ses disciples qui Il est et pour transmettre l’essentiel de Son message.

La parabole invite l’auditeur à réfléchir, à s’interroger, à laisser son intelligence être illuminée par la Révélation. Elle n’est pas une petite histoire, elle est une invitation à la foi et à la conversion. Voilà pourquoi nous devons rendre nos cœurs bien attentifs. Et puisque Jésus explique en particulier à Ses disciples la signification de chaque parabole, nous devons rendre grâce à Dieu pour l’Église qui nous enseigne et qui nous transmet la parole de Dieu.

Dimanche dernier, nous avons écouté la parabole du semeur sorti pour semer. Chacun d’entre nous a pu se demander ce qui menaçait la fertilité de notre cœur, la fécondité de notre vie : l’action du démon, certes, mais aussi notre superficialité, notre manque de profondeur, notre souci exagéré de richesses ou de bien-être, ou encore les soucis du monde, tout cela menace notre âme.
Mais en donnant au Seigneur une heure de notre semaine à l’occasion de l’eucharistie dominicale, nous montrons, nous manifestons que nous voulons mettre la parole de Dieu au premier plan en accueillant dans nos vies la présence du Christ.
Si dans notre quotidien nous cherchons d’abord et avant tout à aimer, à servir, à obéir à Dieu en travaillant pour le Royaume, notre vie sera belle, utile et féconde.

Aujourd’hui nous écoutons la parabole du bon grain et de l’ivraie. Du bon grain est semé mais voici qu’apparaît aussi l’ivraie, la mauvaise herbe.
Il n’est pas besoin de réfléchir beaucoup pour comprendre la signification de la parabole. Très tôt, nous avons fait l’expérience du mal, de la souffrance, de la contradiction. Il y a dans le monde la présence de l’ivraie : la haine aveugle, la violence, la volonté de puissance, l’exploitation des plus faibles, le refus d’aimer et de pardonner, l’impureté. Lorsque les progrès de la science et les ressources de la technologie la plus poussée sont mis au service de cette ivraie, de cette mauvaise herbe, nous voyons triompher - pour un temps au moins - le totalitarisme et la dictature.
Le XXe siècle nous en a laissé le terrible et triste témoignage.

Mais la présence indiscutable de l’ivraie ne doit pas nous faire oublier l’existence du bon grain. Il nous est sans doute plus difficile de discerner sa croissance mais il est bien là.
Même dans les situations les plus apparemment désespérées, la présence d’un cœur qui lutte et qui aime, qui refuse la haine et qui se donne totalement témoigne de la présence de la grâce du salut. Dans les camps de concentration nazie, il y eut des chrétiens qui, fidèles aux promesses de leur baptême, ont fait briller dans l’obscurité la lumière de l’Evangile. Dans les goulags soviétiques ou chinois, beaucoup de disciples du Christ ont témoigné et témoignent encore jusqu’au martyr de la vérité de l’Evangile.

Même si nous ne connaissons plus, pour l’instant et dans notre pays, ces terribles circonstances, comment ne pas reconnaître aussi la présence simultanée du bon grain et de l’ivraie ? D’un coté, nous nous émerveillons des progrès remarquables de la science et de la médecine. D’un autre coté, comment ne pas déplorer que ces progrès ne soient pas exclusivement mis au service de la protection de la vie, depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle.
La vie humaine est un don, elle est sacrée, elle ne peut faire l’objet de manipulation ni être transformée en objet de consommation ou d’expérimentation. Et nous pourrions multiplier les exemples, par exemple dans le domaine économique, social ou politique.

Mais est-il besoin d’aller si loin pour constater la présence du bon grain et de l’ivraie ? Commençons par examiner notre vie, notre cœur, notre quotidien. Nous ne devons pas avoir peur d’affronter la part d’ombre, la part d’obscurité qu’il y a en nous-mêmes. Reprenons chacune de nos journées et nous découvrirons mille petites compromissions, mille petites lâchetés, mille petites complicités avec le mensonge, la méchanceté, l’injustice… Devons-nous nous décourager ? Certes non, car nous croyons en l’action en nous du bon grain : la grâce de notre baptême, la prière quotidienne, la participation à la messe, le pardon de nos péchés reçu dans l’absolution sacramentelle, la lecture et la méditation de la Parole de Dieu, notre liberté qui s’engage à faire des efforts pour vivre les exigences de l’Evangile, tout cela constitue comme le bon grain, comme le signe de la présence active du Seigneur dans nos vies.

Si nous ne devons pas nous décourager, il faut aussi veiller à ne pas céder à la facilité. La parabole du bon grain et de l’ivraie ne nous invite pas à la passivité voire à la complicité avec le mal. Si nous savons que - jusqu’à la fin du monde - il y aura dans le champ du Seigneur la présence de l’ivraie, nous ne sommes pas dispensés pour autant de lutter pour changer ce qui ne va pas en nous et autour de nous.
Le Seigneur, dans l’Evangile, ne cesse d’appeler à la conversion et à l’action.
Puissions-nous à l’exemple du Christ tout mettre en œuvre pour que l’ivraie soit la moins abondante possible, sachant que c’est surtout par notre patience, notre bienveillance et notre douceur que nous toucherons le cœur de tout ceux qui n’ont pas encore la foi, qui n’ont pas encore rencontré le Christ, mais qui aspirent de toutes leurs forces à la vérité et à la justice véritable,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de la Sagesse 12,13.16-19.
  • Psaume 86(85),5-6.9ab.10.15-16ab.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 8,26-27.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 13,24-43 :

En ce temps-là, Jésus proposa cette parabole à la foule :
« Le royaume des Cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ. Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi survint ; il sema de l’ivraie au milieu du blé et s’en alla.
Quand la tige poussa et produisit l’épi, alors l’ivraie apparut aussi.
Les serviteurs du maître vinrent lui dire :
— “Seigneur, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?”
Il leur dit :
— “C’est un ennemi qui a fait cela.” Les serviteurs lui disent : “Veux-tu donc que nous allions l’enlever ?”
Il répond :
— “Non, en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps.
Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier.” »

Il leur proposa une autre parabole :
« Le royaume des Cieux est comparable à une graine de moutarde qu’un homme a prise et qu’il a semée dans son champ.
C’est la plus petite de toutes les semences, mais, quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent et font leurs nids dans ses branches. »

Il leur dit une autre parabole :
« Le royaume des Cieux est comparable au levain qu’une femme a pris et qu’elle a enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »

Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles, et il ne leur disait rien sans parabole, accomplissant ainsi la parole du prophète : ‘J’ouvrirai la bouche pour des paraboles, je publierai ce qui fut caché depuis la fondation du monde.’
Alors, laissant les foules, il vint à la maison. Ses disciples s’approchèrent et lui dirent :
— « Explique-nous clairement la parabole de l’ivraie dans le champ. »
Il leur répondit :
— « Celui qui sème le bon grain, c’est le Fils de l’homme ; le champ, c’est le monde ; le bon grain, ce sont les fils du Royaume ; l’ivraie, ce sont les fils du Mauvais.
L’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde ; les moissonneurs, ce sont les anges.
De même que l’on enlève l’ivraie pour la jeter au feu, ainsi en sera-t-il à la fin du monde. Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son Royaume toutes les causes de chute et ceux qui font le mal ; ils les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! »