Texte de l’homélie
Dans ce chapitre quatorze de Saint Jean, que l’on nomme le "discours d’Adieu", on est confronté à cette difficulté : nous proclamons Jésus Ressuscité, mais où est-Il ? Le voit-on ?
Et Jésus prépare Ses disciples à ce moment-là en répétant plusieurs fois : « Je vais m’en aller ; mais ne soyez pas tristes… » Et Il redit plusieurs fois dans ce chapitre : « Je m’en vais » et « Je viens ».
Ici, dans ce chapitre, on est à cheval sur deux parties : « Je m’en vais, mais je ne vous laisserai pas orphelins car je reviens vers vous », c’est justement le nœud. Et comment cela se fait-il ? Comment peut-on vivre dans cette présence de Jésus ? C’est pourquoi Il l’explique de manière simple :
« Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. »
Quelque fois, nous pouvons être mal à l’aise et comprenons ces mots comme une sanction, comme si Jésus disait : « si tu gardes mes commandements, c’est que tu m’aimes… »
Or, c’est donné d’une autre manière : quand on aime quelqu’un, on apprend à le connaître, à avancer et à faire le chemin avec lui, et ça entraîne comme une obéissance intérieure. Et Jésus nous apprend cette relation à Son Père, et Jésus est vraiment cette image, ce resplendissement de la miséricorde de Dieu qui vient nous apprendre cela.
Certes, Jésus fait allusion à Sa mort en disant :
« D’ici peu, vous ne me verrez plus. »
Et Il fait aussi allusion à Sa Résurrection en disant :
« Vous me verrez vivant… »
Il ajoute :
« Et vous, vous vivrez aussi. »
Si nous mettons en œuvre la parole de Jésus, Ses commandements, c’est à dire ce que Dieu désire pour que notre cœur puisse vivre en plénitude, nous allons rencontrer cette vie que Jésus donne et qu’Il nous partage.
Et Jésus fait cette promesse :
« Je vais prier le Père qui vous enverra un autre défenseur. »
Ce n’est pas autre chose que Son esprit que Jésus nous propose. Dans Son incarnation, Jésus nous est donné dans le temps. Or, Dieu Se communique dans ce temps précis et dans cet espace précis par cet Esprit de Jésus qui L’a animé Jésus et qui nous anime.
Pour comprendre cet Esprit et cet évangile, je voudrais vous partager une sorte de parabole que j’ai entendue mais que je trouve assez éclairante : imaginez une soirée dansante à laquelle vous participez. Vous êtes en train de danser. Et tout d’un coup, il y a une panne de courant, et la musique s’arrête, mais les gens continuent à danser. Alors, petit à petit, cela ne ressemble plus à rien, ça devient cacophonique et la manière chorégraphie ne signifie pratiquement plus rien.
C’est un peu ce qu’il se passe avec cette présence de l’Esprit-Saint : l’Esprit-Saint est comme la musique. Et les commandements que nous mettons en œuvre c’est ce mouvement, cette chorégraphie. Et c’est important, car très souvent, on peut se dire que l’on va tenir du respect pour les commandements. Pourtant, il s’agit plutôt de les garder, c’est à dire de les faire fructifier, les vivre et leur donner vie.
Et pour nous, il est important d’entendre cette musique. C’est en écoutant cette musique que nous accueillons la vie du Seigneur. La question est de savoir quelle est la musique que nous entendons : est-ce bien une musique intelligible que nous écoutons ?
Il est donc important d’apprendre à bien écouter. Ici, vous entendez bien :
« L’Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir car il ne le voit pas et ne le connaît pas. Mais vous, vous le connaissez. »
Alors, regardons dans nos vies les musiques que nous écoutons, demandons si nous entendons cette musique de mon orgueil, de mon désir de reconnaissance, ou est-ce cette musique qui vient de la pratique de l’écoute attentive.
Voyez, ici, il est question du verbe recevoir :
Mais on ne peut recevoir que si l’on ouvre l’oreille et que l’on se met à l’écoute. Et dans la parole de Dieu notamment, nous voyons le monde tel qu’il est, les hommes tels qu’ils sont, avec leurs défauts, leur violence, avec le mal qui existe dans le monde. Mais on peut voir comment Dieu révèle nos cœurs et en même temps comment Sa fidélité se transmet d’âge en âge, combien Dieu vient reprendre Son alliance.
Et avec Jésus, on voit vraiment cette miséricorde qui ne regarde pas à l’extérieur mais qui vient ouvrir les cœurs, qui ne vient pas fermer et stigmatiser chacun dans ses difficultés, dans le mal qu’il subit ou qu’il peut vivre, mais de lui ouvrir la vie.
Demandons au Seigneur de nous préparer encore et encore, dès maintenant avant l’Ascension, à recevoir l’Esprit-Saint, à se remettre à l’écoute de cette musique de Dieu, pour qu’Il puisse demeurer en nous et qu’à travers nous, Il puisse Se manifester, comme le dit le texte, pour qu’Il puisse Se faire voir.
C’est une chose assez incroyable que de recevoir le Corps du Christ, que de devenir le Corps du Christ. Il est avec nous ! Il est la tête, nous sommes le corps, et on ne peut pas séparer le corps de la tête. Donc, qui me voit devrait voir le Christ !
Demandons au Seigneur de pouvoir manifester cet amour, demandons lui vraiment d’apprendre à garder Ses commandements, à garder ce regard de Jésus, ce désir de Salut sur chacun,
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre des Actes des Apôtres 8,5-8.14-17.
- Psaume 66(65),1-3a.4-5.6-7a.16.20.
- Première lettre de saint Pierre Apôtre 3,15-18.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 14,15-21 :
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements.
Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous.
Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.
D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »