Texte de l’homélie :
Frères et sœurs, nous voici dans ce beau de l’Avent où l’on avance dans la joie à la rencontre du Seigneur. Et une caractéristique particulière de ce temps est la vigilance pour préparer cette très bonne nouvelle qu’est la venue du Seigneur Jésus.
Il nous faut regarder dans trois directions qui nous sont proposées :
- en-haut,
- autour,
- dedans.
En haut : la sobriété
Il nous faut tout d’abord regarder vers le Ciel. Il y a un beau chant de l’avent qui dit :
Le curé d’Ars prenait une image très suggestive : les cochons regardent vers la terre pour manger les glands mais ils oublient de lever la tête vers le chêne qui a produit ces glands.
Nous sommes quelquefois comme ces cochons : nous regardons vers la terre et nous oublions de regarder vers le Ciel, vers Dieu qui nous a tout donné. Pour cela, nous sommes invités à prendre de la hauteur par rapport à tout ce qui nous arrive, à tout remettre dans la perspective de notre destinée éternelle : qu’est-ce qui est important pour que nous allions au Ciel au terme de notre existence.
Jésus ne dit pas que les choses de la terre sont mauvaises, mais que les choses du ciel sont meilleures.
Regarder en-haut implique de vivre dans une certaine sobriété. Le pape François revient souvent sur la sobriété qui nous rend disponibles pour les choses du Ciel.
Jésus ne nous dit pas que les choses de la terre sont mauvaises : Il nous dit que les choses du ciel sont meilleures. Il nous invite à préférer le Ciel à la terre, les choses spirituelles aux choses matérielles, l’attention aux personnes aux réalisations matérielles.
Cela implique un effort particulier car, dans notre culture de la consommation et du confort, il ne nous est pas si facile de relativiser les biens matériels et ce qui nous assure le bien-être.
Autour : la disponibilité aux autres
Regarder en haut ne nous dispense pas de regarder autour. Il ne s’agit pas de regarder vers le Ciel en oubliant ceux qui nous entourent.
Jésus, qui est Dieu, se plaît à se cacher dans les pauvres, ceux qui ont faim… :
« Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » (Mt 25, 31-46)
Vous connaissez sans doute cet épisode où Jeanne d’Arc se rend à Chinon pour y rencontrer le futur roi Charles VII. Celui-ci s’est caché dans l’assistance mais Jeanne d’Arc le reconnaît dans la grande salle du château alors qu’elle n’avait encore jamais vu.
Pendant ce temps de l’Avent, Jésus nous invite d’une manière particulière à être attentifs aux besoins de ceux qui nous entourent. Une belle opportunité est celle des cadeaux : réfléchir à ce qui pourrait faire plaisir aux autres. Cela peut être un cadeau matériel mais aussi une attitude qui leur fera plaisir.
Il serait dommage que se reproduise ce qui s’est passé à Noël, lorsque Jésus a été si peu accueilli parmi les hommes :
« Marie mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. » (Lc 2, 7)
Nous sommes donc invités à donner de la place à Jésus.
Dedans : l’intériorité
Pour se préparer à accueillir Jésus, il ne suffit pas de regarder en-haut vers le Ciel, ou autour dans les autres. Il faut aussi entrer en nous-mêmes.
Vous connaissez peut-être ce passage du Deutéronome où le Seigneur dit que la Parole n’est pas au-dessus de nos forces ni hors de notre atteinte ; elle n’est pas au-delà des mers :
« Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur afin que tu la mettes en pratique. » (Dt 30, 10-16)
Saint Anselme nous a laissé une belle prière à sujet :
« Allons, courage !
Fuis un peu tes occupations, dérobe-toi un moment au tumulte de tes pensées !
Rejette maintenant tes lourds soucis et laisse de côté tes tracas.
Donne un petit instant à Dieu et repose-toi un peu en Lui.
Entre dans la chambre de ton esprit, bannis-en tout, sauf Dieu ou ce qui peut t’aider à Le chercher.
Ferme la porte et mets-toi à sa recherche.
À présent, parle, mon cœur, ouvre-toi tout entier et dis à Dieu :
“Je cherche ton Visage ; c’est ton Visage, Seigneur, que je cherche…” »
En effet, il faut du courage pour arrêter nos activités et donner un moment gratuit à Dieu pour la prière.
Dans la deuxième lecture, saint Paul prend une image très paradoxale : il compare l’agitation de cette vie trépidante à un « sommeil » dont il nous presse de sortir :
« C’est le moment, l’heure est venue de sortir de votre sommeil. »
Nous sommes invités au silence et à l’intériorité pour échapper à la dispersion et à l’activisme.
Pour nous aider, nous pouvons penser à Marie pendant les jours qui précèdent Noël. On imagine volontiers l’attention à l’enfant qu’Elle portait en Elle.
Conclusion :
Le temps de l’avent est le temps marial par excellence. Prenons exemple sur la vigilance de la Vierge Marie puisqu’Elle savait regarder en-haut, autour et dedans.
Qu’avec Joseph, Elle nous apprenne à vivre de cette sobriété, cette disponibilité aux autres et cette intériorité,
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre d’Isaïe 2,1-5.
- Psaume 122(121),1-2.3-4ab.4cd-5.6-7.8-9.
- Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 13,11-14a.
- Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 24,37-44 :
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme.
En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme.
Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé.
Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée.
Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient.Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »