Texte de l’homélie :
L’évangile à méditer pour notre première messe des jeunes, ici à Compiègne, est comme pour nous rappeler que chaque Eucharistie est d’abord l’invitation à une communion. Vous qui avez étudié l’Eucharistie au catéchisme et en avez approfondi le sens dans vos aumôneries et groupes respectifs, vous savez que le cœur même, le sommet de l’Eucharistie, est cette communion au corps et au sang du Seigneur.
C’est cette communion, ces noces, auxquelles nous sommes invités, auxquelles chacun d’entre nous avons part, parce que le Seigneur Lui-même a préparé le repas.
Il ne manque plus que les invités
C’est bien de se dire aussi que ceux pour qui ce repas a été préparé ne sont pas venus. N’est-ce pas une description de notre situation contemporaine ? sans doutes aviez-vous invité des amis – camarades de lycée, d’études, collègues de travail - qui ne sont pas venus à cette messe : « L’un alla à son champ (ou à ses révisions !), l’autre à ses différentes activités »…
Et l’on voit bien au fond, que par rapport à l’invitation que Dieu nous lance, le Monde nous propose d’autres priorités. Si nous sommes là ce soir, c’est que nous avons entendu l’appel du Seigneur à une communion, une communion qui prend la forme de noces.
Nous le savons, à chaque eucharistie, ce sont les noces de l’Agneau, l’amour de Dieu qui se manifeste de façon à renouveler l’alliance avec chacun.
C’est vrai que parfois, on peut se sentir découragé dans l’annonce de l’Évangile – même s’il ne faut pas l’être, nous restons très humains - parce que l’on voit que, même si l’on propose des célébrations et des rencontres de qualité dans nos différents groupes, force est de constater que les ouvriers sont peu nombreux, alors que l’on aimerait tant qu’il y en ait plus…
Il faut d’abord se rappeler que chacun est invité personnellement. Et nous sommes ici parce que nous avons répondu à un appel. Nous sommes ici parce que l’appel du Seigneur frappe à notre cœur, et que nous sommes venus pour être en communion avec Lui.
Si l’on continue la parabole, on voit que le roi se met en colère, qu’il fait périr tous les meurtriers, car ceux pour qui le repas était prêt ne sont pas venus. Sans doutes avez-vous expérimenté cela dans votre vie quotidienne : vous avez préparé une fête, vous comptez sur la présence de quelqu’un, vous réjouissant de sa venue, et finalement, cette personne n’est pas là au rendez-vous.
Prenez alors conscience que dans cette lecture, cette personne c’est nous. Ne nous mettons pas en dehors de cette réalité : nous ne sommes pas ici dans le carré des justes, et en dehors sont les pécheurs. Il est arrivé que le Seigneur nous lance des appels auxquels nous n’avons pas répondu.
Mais, le Seigneur voit plus large :
« Allez à croisée des chemins. Invitez largement ceux que vous rencontrerez, les bons comme les méchants. »
A travers cet évangile et cette invitation à la communion, on voit bien la largeur du cœur de Dieu : il demande que tous soient invités. Ce n’est pas d’abord une cohérence de vie, une perfection morale qui fait que nous sommes ici, parce que si on y regardait de plus près en terme de perfection morale, il n’en resterait pas pierre sur pierre.
Si nous sommes ici, c’est bien d’abord parce que Dieu nous appelle. Il nous appelle personnellement, mais aussi toutes celles et ceux que nous rencontrons dans notre quotidien.
Allez à la croisée des chemins…
Ensuite, lorsque la salle des noces est remplie, il y a un homme qui visiblement n’a pas le vêtement des noces. On peut alors se demander s’il n’y a pas une contradiction dans la parabole : inviter de façon très large d’un côté et s’étonner qu’une des personnes ne remplisse pas les conditions.
Et vous connaissez la fin : « Jetez-le dans les ténèbres, où il y aura des pleurs et des grincements de dents ».
Mais, quel est donc ce vêtement de noces ? pour comprendre la parabole, il faut se situer dans la mentalité de la Bible : le vêtement n’est pas une chemise, un T-shirt. Le vêtement dit la personne. Comme au début de la Genèse, le fait de ne pas avoir de vêtement signifie ce que la personne dit à l’intérieur. Ainsi, ne pas avoir le vêtement de noces signifie ne pas avoir le désir de communion. Il venait goûter aux noces, sans en avoir le profond désir dans son cœur. Il n’était pas vraiment au rendez-vous.
Une invitation à quelles noces ?
Ainsi, nous pouvons nous laisser interpeller, chacun d’entre-nous : « où en suis-je de mon désir d’alliance avec le Seigneur. Est-ce par habitude, par routine que nous participons à l’Eucharistie ou est-ce que dans notre cœur il y a quelque qui correspond profondément à cette invitation ? »
Oui, le Seigneur interpelle chacun d’entre-nous et nous demande si, dans notre cœur, il y a une correspondance entre ce don que Dieu fait de Lui-même sur l’autel et notre désir de le recevoir intérieurement : « As-tu le vêtement de noces ? T’es-tu revêtu du Christ ? ». On le voit bien dans cette belle partie du Baptême, avec la remise du vêtement blanc.
On demande ainsi au Seigneur de revêtir notre cœur pour qu’il soit apte à vivre en communion avec Lui. Et à chaque fois que nous allons nous confesser, nous pouvons dénoncer les moments où nous n’en étions pas dignes, où nous n’avions pas ce vrai désir de disposition du cœur ; on demande alors que ce vêtement ne soit pas simplement extérieur, mais traduise une réalité intérieure. Ainsi, chaque fois que l’on va se confesser, on va demander à nouveau au Seigneur cette aptitude à rentrer en communion avec Lui.
C’est une belle parabole qui nous est donnée pour commencer notre année, particulièrement avec cette messe des jeunes : à la fois l’invitation à aller, à inviter et à être missionnaire – attention, nous dit le pape François, de ne pas rester « entre soi », entre gens « bien pensants » tous la même chose. Cette messe n’a de sens que si elle invite plus largement.
Et il y a aussi cette invitation à la communion eucharistique pour qu’elle corresponde dans notre cœur à un profond désir d’union à Dieu, et de communion fraternelle avec tous ceux qui nous entourent.
Demandons-en la grâce au Seigneur et implorons la Très Sainte Vierge : qu’Elle puisse nous aider à être à la fois disposés et désireux de rencontrer le Seigneur au plus intime de nous-mêmes,
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre d’Isaïe 25,6-10a.
- Psaume 23(22),1-2ab.2c-3.4.5.6.
- Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 4,12-14.19-20.
- Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 22,1-14 :
Jésus disait en paraboles :
« Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils.
Il envoya ses serviteurs pour appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir.
Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités :’Voilà : mon repas est prêt, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez au repas de noce. ’
Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent.Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et brûla leur ville.
Alors il dit à ses serviteurs : ’Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les au repas de noce. ’Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils rencontrèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives.
Le roi entra pour voir les convives. Il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce, et lui dit : ’Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ? ’ L’autre garda le silence.
Alors le roi dit aux serviteurs : ’Jetez-le, pieds et poings liés, dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents. ’Certes, la multitude des hommes est appelée, mais les élus sont peu nombreux. »