Homélie du 26e dimanche du Temps Ordinaire

29 septembre 2020

« Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit :
“Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.”
Celui-ci répondit : “Je ne veux pas.” Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. »

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Texte de l’homélie :

Jésus parle aux anciens, aux docteurs de la loi, aux Pharisiens. Ce n’est pas une petite histoire qu’il raconte, mais c’est l’objet de la dispute profonde entre Jésus et ceux qui l’écoutent.
On est juste avant Sa Passion, Il a chassé les vendeurs du Temple, Il a maudit le figuier stérile – c’est finalement la stérilité du Temple. Il est contesté dans Son autorité, et après ce passage, il y aura encore celui des vignerons homicides qui n’acceptent pas l’Envoyé, c’est un moment très dramatique.

Mais, que Jésus veut-il nous dire ? C’est finalement ce qu’Il avait enseigné avant :

« Ce n’est pas celui qui dit : « Seigneur, Seigneur ! » qui fait la volonté du Père, mais c’est celui qui met Sa parole en pratique… »

Les Pharisiens défendaient une société plus vertueuse, quitte à écraser et exclure les pauvres. Les disciples voient dans Jésus Celui qui va renverser le pouvoir, qui va libérer le peuple du joug romain, du dirigeant actuel, pour établir un royaume messianique, selon la conception du Messie selon David. Mais, ils s’imaginent, ils projettent sur Lui leur désir, celui de Judas et Simon les Zélotes, les fils de Zébédée eux-mêmes, jaloux de leur intimité avec Jésus, et ils veulent de bonnes places ! Quand Jésus sera au pouvoir, qu’ils puissent régner avec Lui dans les plus beaux postes. Ceux qui ont mangé avec Lui après avoir reçu le pain multiplié veulent le faire roi, pour leur bien-être.

Mais, comme le rappelle le texte d’Ézéchiel :

« Votre façon d’agir n’est pas selon le cœur de Dieu. »

Ce verset que nous avons entendu dans Ézéchiel vient éclairer notre évangile pour nous donner ce thème de Jésus : notre conversion. Il fait partie d’un long texte au chapitre 18, qui nous parle de la nécessité de conversion, et de la responsabilité de chacun. La conversion est une affaire personnelle ; alors, il prend l’exemple d’un homme juste : s’il fait le bien, il vivra. Il prend l’exemple de son fils qui fait le mal – et l’on prend pratiquement les dix commandements – alors il mourra certainement. En troisième, si un fils a un père qui fait le mal, c’est le père qui mourra. Cela montre que chacun est responsable, et cela signifie aussi pour les Pharisiens que ce n’est pas en faisant partie d’un certain milieu, d’un parti que nous sommes sauvés. Ainsi, ce n’est pas juste en portant le titre de Chrétien car nous sommes en devenir sans cesse…

Dans un autre passage, Il veut nous enseigner comment découvrir cette manière correcte de vivre avec le Seigneur. Et je continue le texte qui fait suite à celui-ci :

« C’est pourquoi je vous jugerai chacun selon vos chemins, maison d’Israël.
Revenez, détournez-vous de vos rébellions, et l’obstacle qui vous fait pêcher n’existera plus.
Rejetez le poids de toutes vos rébellions, faites-vous un cœur neuf et un esprit neuf.
Pourquoi devriez-vous mourir, maison d’Israël ? Je ne prends pas plaisir à la mort de celui qui meurt, mais revenez donc et vivez. »

Il est vrai que nous avons besoin d’acquérir, de recevoir un cœur neuf, un esprit neuf. Non pas avec la mentalité des disciples et des Pharisiens qui ont tellement de mal à comprendre Jésus, de la Résurrection à la Pentecôte, jusqu’à rentrer dans cette attitude de conversion.
A propos du méchant, je disais : « Certainement, il mourra ! ». Cela nous rappelle aussi ce péché d’Adam et Eve, dans le jardin d’Éden :

« Si vous mangez de cet arbre, vous mourrez certainement. »

Non pas que Dieu donne la mort, mais le processus qui les mène à prendre le fruit de cet arbre alors qu’ils avaient tous les arbres du jardin pour eux, montre qu’ils veulent juste celui qui était interdit qui a pris toute l’importance, parce qu’ils veulent prendre, posséder, conquérir le tout et ne pas accepter la limite, la pauvreté, la difficulté, le fait de ne pas avoir tout, de ne pas être tout…
Et ici, Jésus vient nous apprendre à vivre dans une autre disposition que celle d’être tantôt bastion, tantôt larron, tantôt défendre nos intérêts, d’autre fois de nous emparer des choses quelque en soit le prix. Il nous apprend à donner et à recevoir.

La grande guérison que nous avons à recevoir, que la Bible nous invite à recevoir, c’est de ne plus être dans la convoitise et dans la domination – comme il est dit au début de la Genèse – mais d’être dans l’accueil du don de Dieu.
Chacun a reçu un don merveilleux, un don différent du Seigneur, et c’est en le recevant, en étant dans cette gratitude, que nous pourrons acquérir, accueillir l’Esprit-Saint.

C’est exactement le mouvement qui nous est présenté dans la deuxième lecture au sujet de Jésus :

« Il n’a pas retenu jalousement le rang qui l’égalait à Dieu… »

Jésus n’avait rien à défendre, Il avait seulement à donner, et Il l’a montré jusqu’à la mort, et la mort de la Croix. Or, notre conversion, c’est de demander et d’accueillir ce don de Dieu pour que circulent en nous les mêmes sentiments que ceux qui dans le Christ Jésus.

La vraie gloire, le vrai bonheur, la vraie joie vient de ce que nous pouvons donner à notre tout le don que le Seigneur nous a fait. Et c’est bien plus grand, c’est comme la multiplication des pains, quand ils ont cinq pains et deux poissons, et Jésus leur dit :

« Donnez-leur vous-même à manger. »

Et nous pourrons donner bien plus que ce que nous pensons, simplement si nous sommes dans cette attitude à bien écouter ces sentiments que nous avons à revêtir :

« Recherchez l’unité, ne faites rien par rivalité, rien par gloriole, mais avec humilité.
Considérez les autres comme supérieurs à vous.
Que chacun ne regarde pas à soi seulement, mais aussi aux autres.
Comportez-vous ainsi comme on le fait en Jésus le Christ. »

Nous voyons bien que nous sommes toujours dans cette concurrence : quand le voisin a quelque chose, il faut aussi que je l’aie ! De cette rivalité viennent les difficultés entre nous. Et Jésus nous appelle à nous convertir, à accueillir pour laisser le Feu de l’Esprit Saint passer en nous et que nous puissions être alors instruments de miséricorde.

Que le Seigneur nous aide sur ce chemin pour vivre, car être Chrétien, ce n’est pas simplement défendre des valeurs, mais c’est vivre sous ce souffle de l’Esprit-Saint, accueillir le don de Dieu et le faire fructifier,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre Livre d’Ézéchiel 18,25-28.
  • Psaume 25(24),4-5ab.6-7.8-9.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 2,1-11..
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 21,28-32 :

En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Quel est votre avis ?
Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit :
“Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.”
Celui-ci répondit : “Je ne veux pas.” Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla.
Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière.
Celui-ci répondit : “Oui, Seigneur !” et il n’y alla pas.
Lequel des deux a fait la volonté du père ? »
Ils lui répondent : « Le premier. »
Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu.
Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole. »