Texte de l’homélie
Nous fêtons la solennité de l’Épiphanie. « Épiphanie » signifie « manifestation », c’est à dire que Dieu se manifeste. Il se manifeste aux nations, car - d’une certaine manière - les rois mages qui viennent adorer l’Enfant Jésus représentent les nations.
C’est un moment important dans la révélation et l’histoire du Salut. Dans un premier temps, ce mystère du Salut étant adressé aux Juifs qui attendaient le Messie. Et les anges ont annoncé aux bergers que le Messie était né, cette bonne nouvelle que le Christ était arrivé dans ce monde.
Les Mages, quand à eux, sont guidés par une étoile qui les précède et leur montre le chemin. Le mystère de notre Dieu est un mystère de lumière. Nous appelés à être illuminés dans la Foi par la présence de Dieu par la révélation du Dieu Tout Puissant. Ce mystère de lumière vient justement pour éclairer nos ténèbres, toutes nos zones d’ombre, tout ce qui fait que nous avons l’impression d’être perdus parce que le péché nous a obscurcis, nous a séparés, nous a coupés de la lumière, la lumière véritable qu’est le Christ.
Souvenez-vous dans le prologue de Saint Jean, il nous est dit justement :
« La lumière est venue dans le monde, elle est venue éclairer les ténèbres. Mais le monde ne l’a pas accueillie. »
Et aujourd’hui précisément, cette lumière se manifeste aux nations, c’est à dire à chacun d’entre nous.
Saint Paul nous explique ce mystère d’une manière tout à fait simple dans son épître aux Éphésiens. Il le dit ainsi :
« Toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile. »
Tout le mystère de l’Épiphanie qui est résumé dans ce verset. Les nations, c’est nous, et nous faisons partie du même héritage qui a été promis à Abraham et à sa descendance, qui a été promis au peuple Hébreux et à tous ceux qui auront foi en Jésus Christ, Foi en Celui qui vient pour nous éclairer, pour nous sauver. Et nous partageons justement la même promesse dans la Christ Jésus : la vie éternelle est pour chacun de nous.
Les uns et les autres, nous sommes appelés à vivre pour l’éternité dans la lumière de Dieu. C’est le cœur même de notre Foi : voir cette lumière et cette espérance qui nous donnent la certitude que l’amour de Dieu peut nous sauver et qu’il nous sauvera.
Le Christ est venu dans le monde pour nous sauver et pour faire la volonté du Père. droite
Et, comme Saint Paul l’ajoute, cela se fait par l’annonce de l’Évangile, parce que nous avons besoin de savoir à quoi nous engage notre Foi. L’Évangile est là pour nous rappeler le chemin qui mène au Père. N’oublions jamais que le Christ est venu dans le monde pour nous sauver et, par obéissance au Père, Il est venu pour faire la volonté du Père. Et il en va de même pour nous : si nous voulons aller à Dieu, nous devons mettre nos pas dans les pas de Jésus.
Cela n’est pas quelque chose dont nous pouvons nous passer. Et si nous venons justement à la messe le dimanche, c’est pour écouter la Parole de Dieu, et aussi pour la comprendre, nous laisser éclairer par Elle, la mettre en œuvre. C’est cela qui nous est important. Et dans le psaume nous avons entendu que la Parole de Dieu, l’Évangile, est faite pour ceux qui ont un cœur de pauvre. Car, si nous sommes riches de nous-mêmes, si nous pensons que nous pouvons nous passer de Dieu, notre cœur est fermé à la lumière. Avoir un cœur de pauvre, c’est accepter d’accueillir la présence de Dieu dans notre vie, de dépendre de quelqu’un qui et plus grand que nous, pour pouvoir entendre :
C’est la question que le Seigneur pose à chacun d’entre nous. Et pour cela, il nous faut avoir un cœur de pauvre. Le pauvre est celui qui attend tout de celui qui est plus haut que lui.
Et c’est pour cela que, dans l’Évangile, Jésus nous montre en exemple les pauvres qui dépendent des autres. Nous mêmes, nous devons apprendre à devenir des pauvres.
Et si nous sommes des pauvres, le Seigneur nous délivrera du péché, de tout ce qui est une entrave entre moi et Lui.
Oui, cette fête de l’Épiphanie nous montre les Mages qui viennent adorer le Seigneur et aussi pour déposer des présents. Nous connaissons bien ces cadeaux : c’est de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
- L’or est le symbole de la puissance, de la richesse et de la royauté.
- L’encens a une place importante dans la liturgie : lorsque le prêtre impose l’encens sur les charbons et qu’il monte, il symbolise les prières qui montent vers le Seigneur. On le voit dans l’Apocalypse, avec cet encens et ces prières de ceux qui sont devant le trône du Seigneur et qui louent Dieu. L’encens symbolise notre prière et notre louange.
- La myrrhe est cet élément qui sert à embaumer les corps. En cela, elle annonce la mort de Jésus mais aussi Sa rédemption et notre rédemption, puisque, comme je le disais, la fête de l’Épiphanie est la fête des nations : le Christ vient Se révéler à chacun d’entre nous.
Nous pouvons nous aussi être ces mages qui viennent et nous sommes appelés nous aussi à faire cette démarche d’aller à la rencontre de notre Seigneur. Nous avons reçu la grâce de la Foi, cette lumière, cette étoile de la Foi, qui dans nos cœurs, nous apprend à connaître Dieu.
Lorsque nous passons devant la crèche, celle que vous avez fait chez vous, nous pouvons nous demander ce que nous, pauvre et pécheur, avons à offrir à Dieu.
Chacun, nous avons de l’or à offrir à notre Seigneur, de l’encens et de la myrrhe.
L’or que nous pouvons offrir à l’Enfant Jésus, c’est notre volonté et notre obéissance. Cette volonté est éminemment personnelle, et elle nous permet de poser un acte de Foi et nous pousse à dire :
L’or que nous pouvons offrir est cette obéissance à la volonté de Dieu, celle qui nous est signifiée dans les sacrements, dans les évangiles. Ce n’est pas une obéissance servile, mais une obéissance d’amour : « si je le fais, c’est parce que je veux aimer Dieu, et que je sais que je suis aimé par Lui. »
Comme le disent certains saints :
« C’est amour pour amour ! »
Ce n’est pas se forcer, c’est laisser aimer et regarder par Dieu. Alors, n’hésitons pas à poser cet acte de Foi dans cet amour de Dieu.
L’encens que nous pouvons offrir, ce sont nos prières et notre louange. A travers cette prière et cette louange, nous manifestons à Dieu que nous l’aimons et que nous désirons profondément nous laisser aimer par Lui. C’est avoir un cœur qui se laisse regarder par l’amour de Dieu. Notre prière est véritablement l’expression de notre Foi par rapport à Dieu.
Alors, laissons-nous aller à cette prière, à cette louange.
La myrrhe que nous pouvons offrir à notre Seigneur, à Son Enfant Jésus qui vient à notre rencontre, c’est offrir nos larmes devant notre péché, d’offrir notre contrition pour notre Salut.
Demander pardon au Seigneur pour tout ce qui nous empêche d’être véritablement à Lui. Parce que nous le savons, dans le Ciel, dans l’intimité du Père, du Fils et du Saint Esprit, il n’y a que de l’amour, et seul l’amour pourra entrer au Ciel. Ceci est essentiel dans notre Foi, dans notre manière d’être : demandons au Seigneur le conversion de notre cœur.
Que nous ayons une conversion en profondeur, car sans cela, nous pourrions être séparés de Dieu.
Frères et sœurs, devant la crèche, devant l’Enfant Jésus, devant l’Enfant Dieu, ayons un cœur humble et pauvre. Et, ensemble, dans notre cœur, reprenons le cantique d’action de grâces de Marie, Son Magnificat qui est l’expression même de Sa profonde humilité, de Sa profonde relation avec Dieu.
Qu’il en soit de même pour chacun d’entre nous,
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre d’Isaïe 60,1-6.
- Psaume 72(71),1-2.7-8.10-11.12-13.
- Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens 3,2-3a.5-6.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 2,1-12 :
Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ.
Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète :
‘Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël.’ »
Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant.
Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie.
Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.