Texte de l’homélie :
« Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais. » (Jn 14, 16)
Aujourd’hui, chers frères et sœurs, j’aimerais méditer avec vous sur un mot que nous avons dans l’évangile. Sa traduction a donné « défenseur », mais généralement, il est question de « Paraclet ». Cela vous évoque t-il quelque chose ?
Il n’est pas inutile de revenir à l’étymologie du mot « Paraclet » : le préfixe « para » dans « paraclet » n’a pas le même sens que dans parachute, parafoudre, parapluie, parasol, paratonnerre, paravent où « para » indique que cela nous protège de quelque chose. En effet, l’Esprit-Saint, ou Jésus Lui-même, ne sont pas là pour nous protéger des foudres et de la colère du Père
Le mot « Paraclet » vient d’un autre mot grec parakaleô qui signifie "après de", "pour défendre", d’où la traduction dans l’évangile de ce jour de « Paraclet » par "défenseur". Gardez plutôt à l’esprit l’idée de "quelqu’un appelé auprès-de pour défendre", "appelé à côté pour assister, pour consoler, pour conseiller". Sans doutes connaissez-vous le mot latin équivalent : ad-vocare qui a donné « avocat » : "appelé à côté".
Et pourquoi employer ce mot de « Paraclet » ? Saint Jean nous place dans le contexte d’un procès où il y a un accusateur - celui que l’on trouve avec un grand A dans l’Apocalypse par exemple, et que vous connaissez sous d’autres noms : le démon, Satan… Ce dernier nous incite non pas seulement à commettre le mal, à nous révolter contre Dieu, mais, une fois que nous l’avons commis, il nous pousse à la désespérance…
Mais, dans ce procès où nous avons un accusateur qui essaie de nous enfoncer, nous avons un avocat ! Et, comme le laisse entendre l’évangile d’aujourd’hui, le premier avocat c’est le Christ. Il nous donnera un autre défenseur, mais le premier qu’Il nous donne, c’est Jésus. Le Saint-Esprit, cet autre Paraclet, vient poursuivre la mission du Christ.
Dans cette méditation, je vous propose de mieux voir en quoi le Christ puis l’Esprit Saint sont nos « Paraclets ».
Jésus, le Paraclet
Tout d’abord, Jésus est notre premier avocat, car, par Son Incarnation, Il est venu auprès de nous. Jésus n’est pas loin de nous. Il est venu – non comme pour s’interposer entre nous et le Père en colère contre nous – spécialement pour se placer entre nous et notre péché, entre nous et Satan.
Très souvent dans l’Évangile – on le voit par exemple dans l’épisode de la femme adultère (Jn 8, 1-11) mais aussi dans de multiples passages – on voit que Jésus prend la partie des pauvres, des petits, de ceux qui étaient mal considérés, des publicains et des pécheurs.
Et Il ne vient pas seulement pour se mettre à côté des coupables pour les défendre de la peine qu’ils ont méritée, Jésus ne nous soustrait pas à la justice – Il ne va pas contre la justice (connaissez-vous un avocat qui ferait cela ?) – mais, habituellement, les avocats ne prennent pas la peine du condamné sur eux… Mais Jésus, Lui, est l’avocat qui vient auprès de nous et prend la peine sur lui. C’est Lui qui répare vraiment le tord causé par nos péchés.
Et encore maintenant, comme le dit Saint Jean dans sa première lettre (1 Jn 2, 1), Jésus est notre avocat auprès du Père, intercédant pour les pécheurs. Ainsi, c’est d’abord Jésus notre premier avocat, Celui qui vient s’interposer entre nous et notre péché pour nous en sauver, et nous donner accès à la Vie Éternelle.
L’Esprit-Saint, le Paraclet
Jusque là, Jésus était auprès de ses disciples, et l’évangile que nous entendons aujourd’hui fait partie du discours d’« À-Dieu » juste après la Cène et avant d’être arrêté et de mourir sur la Croix. Et dans ce contexte, Jésus promet un autre défenseur, un autre Paraclet. Et l’envoi de cet autre Paraclet est lié au départ de Jésus. Il nous dit un peu plus loin dans ce même discours d’« À-Dieu » :
« C’est votre intérêt que je parte ; car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous. » (Jn 16,7)
L’action de l’Esprit-Saint ressemble à celle de Jésus, elle en est le prolongement, en quelque sorte. Comme nous le dit Jésus à diverses reprises, l’Esprit-Saint nous assure de la vérité des paroles de Jésus. Il exerce sa mission d’avocat et de défenseur de trois manières différentes :
- L’Esprit Saint nous assure de la vérité des paroles de Jésus. Il nous aide à lutter contre Satan, le prince du mensonge, qui veut nous faire croire que l’Évangile que nous a laissé Jésus est invivable, à commencer par les Béatitudes qui seraient utopiques… Et l’Esprit-Saint – l’Esprit de Vérité - est là pour nous montrer que les paroles que Jésus a dites sont Esprit et vie !
- L’Esprit Saint nous assure que nous sommes déjà sauvés. Nous devons bien sûr correspondre à cette grâce acquise par le Christ, mais déjà, le prince des ténèbres est vaincu par la mort et la résurrection de Jésus. Il est ainsi notre défenseur en fortifiant notre espérance : « Ne te considères pas déjà comme vaincu par le mal ! non, même dans le mal, tu as la possibilité de vaincre… »
- L’Esprit Saint nous assiste dans notre témoignage. A plusieurs reprises, on le voit dans l’Évangile, chez Saint Matthieu ou Saint Luc :
« Lorsqu’on vous livrera, ne cherchez pas avec inquiétude comment parler ou que dire, car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. » (Mt 10, 17-20)
« Le Saint Esprit vous enseignera à cette heure même ce qu’il faut dire… » (Mc 13, 11) ; (Lc 12, 12).
« Moi je vous donnerai un langage et une sagesse, à quoi nul de vos adversaires ne pourra résister ni contredire. » (Lc 21, 15).
Et on le voit à l’œuvre dans le martyre de Saint Étienne, au sujet duquel l’auteur des Actes des apôtres écrit qu’il était « rempli de l’Esprit Saint » (Ac 6, 5), si bien que les adversaires « n’étaient pas de force à tenir tête à la sagesse et à l’Esprit qui le faisaient parler » (Ac 6, 10).
Ainsi, Jésus est notre premier Paraclet, Celui qui est vraiment notre avocat. L’Esprit Saint, cet autre Paraclet qui nous est donné, ne nous consolera pas de l’extérieur, qui ne reste pas loin de nous : Il nous parle bien de l’intérieur, comme “le doux hôte de nos âmes”, comme le dit une hymne.
« Cet autre défenseur sera pour toujours avec vous.
Il demeurera auprès de vous et sera en vous. » (Jn 14, 17)
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Voulez-vous recevoir l’aide de cet avocat ?
Il n’est pas loin de nous, et si vous voulez bénéficier de cette aide précieuse de ce Paraclet, il y a deux conditions :
- Il faut la désirer : si vous cherchez votre consolation avant tout dans les plaisirs de la chair ou les distractions, vous ne serez pas très accessible à la présence de l’Esprit-Saint.
- Il faut aussi marcher « dans le même sens » : si vous vivez de façon critique, accusatrice à l’égard de ceux qui vous entourent, vous ferez fuir l’Esprit Saint, vous contristez l’Esprit-Saint. Et dans la mesure où vous désirez être des relais du Paraclet auprès des autres, alors, Il accourt vers vous pour être aussi votre propre Paraclet.
Pour cela, nous pouvons aussi nous tourner vers Marie pour nous aider. Il y a une co-naturalité entre Marie et l’Esprit-Saint, et c’est pourquoi, dans le Salve Regina, on mentionne Marie comme notre avocate. Notre fondateur, le Père Lamy, disait qu’elle savait diminuer nos faiblesses.
C’est une chiffonnière divinement habile ! Elle sait retirer de là où on ne voit rien des chiffons. Elle trouve toujours quelques petites choses, et Elle les dore. »
Alors, durant cette quinzaine de jours qui nous séparent de la Pentecôte, demandons à Marie de nous aider à nous préparer à accueillir ce Paraclet en vivant déjà nous-mêmes comme des Paraclets à l’égard de nos frères et sœurs,
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre des Actes des Apôtres 8,5-8.14-17.
- Psaume 66(65),1-3a.4-5.6-7a.16.20.
- Première lettre de saint Pierre Apôtre 3,15-18.
- Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 14,15-21 :
À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples :
« Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements.
Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité. Le monde est incapable de le recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous, et qu’il est en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous.
Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »