Homélie du cinquième dimanche de Pâques

11 mai 2020

« Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. »

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Texte de l’homélie :

Chers frères et sœurs, les textes de ce jour nous sont donnés pour nous inviter à faire un choix, celui de fonder notre vie non pas sur une pierre morte, mais une pierre vivante. Cette pierre va nous appeler à changer, à nous laisser transformer, nous laisser édifier par le Seigneur afin de construire Sa maison, de constituer cette communauté sainte, cette assemblée royale et sacerdotale.
Cette assemblée nous amène au fleuron de ce qui fait notre humanité et celle de Jésus tout au long de Sa vie mais plus particulièrement au moment de Sa passion et qui va jusqu’à Son offrande totale.

Vous savez que toute la morale chrétienne rappelée dans l’Épître aux Romains, au début du chapitre 12 peut être résumée ainsi :

« Je vous exhorte au nom de la miséricorde à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant saint et agréable à Dieu : ce sera votre culte spirituel…. »

Notre acte religieux par excellence c’est nous offrir. C’est ce qui nous accompagne, ce qui nous éduque, ce qui nous tire vers l’avant avec cette offrande de Jésus dans l’eucharistie, pour que nous fassions cette communauté. C’est ce culte spirituel qui va nous rassembler : apprendre à s’offrir comme la perfection de notre vie. Nous ne vivons pas pour nous-mêmes, mais nous vivons pour le Seigneur, pour être ce temple spirituel du Seigneur, pour qu’Il demeure dans le cœur de chacun.

Que signifie s’offrir ? finalement, c’est oser penser, c’est oser agir en sachant que ma vie est un cadeau, que ma vie est offerte aux autres, mes dons, mon être… Non pas parce que cela viendrait d’un orgueil démesuré, mais plutôt à cause de cette contemplation de la miséricorde.
Voici une illustration avec Sainte Thérèse de Lisieux qui commence sa vie dans cette lumière lorsqu’elle écrit à sa sœur prieure qui lui a demandé de faire le récit de sa vie :

« Je viens écrire l’histoire de mon âme. Il me semblait que cela dissiperait mon cœur en l’occupant de lui même, mais Jésus m’a fait sentir qu’en obéissant, je Lui serai agréable. D’ailleurs, je vais ne faire qu’une seule chose : commencer à chanter ce que je dois redire éternellement, les miséricordes du Seigneur. »

Voilà pourquoi chaque être peut vraiment vivre dans cette offrande. Ce n’est pas suivant la grandeur des cadeaux, mais devant la plénitude de l’acte. On le sait, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus se présentera comme elle le dit dans sa prière d’offrande à l’amour de Dieu miséricordieux : les mains vides. C’est une expérience ô combien douloureuse pour quelqu’un qui avait un si grand désir de servir le Seigneur, d’être une sainte. Les mains vides, mais ce "rien" qu’elle est est transfiguré par la grâce, par l’œuvre du Seigneur.

Pierre rejetée par les bâtisseurs de ce monde – selon les intrigues que l’on voit dans le texte d’Isaïe 28 - mais choisie, précieuse devant Dieu, pierre d’angle, pierre fondatrice.
Nous avons à bâtir nous-mêmes cette demeure. Nous avons à le faire en voyant dans chaque personne - quelque soit la blessure, la défiguration qu’elle porte – l’œuvre de Dieu en l’enveloppant de Son amour miséricordieux.

Comme les apôtres au seuil de la passion appelés à contempler dans Sa sainte humanité humiliée, bafouée, rejetée, Jésus qui va souffrir Son agonie, Sa passion, mais c’est Lui qui nous révèle le Père dans Son humanité toute simple. Nous découvrons ainsi Sa présence discrète et intime : « Je suis dans le Père et que le Père est en moi »,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre des Actes des Apôtres 6,1-7
  • Psaume 33(32),1-2.4-5.18-19.
  • Première lettre de saint Pierre Apôtre 2,4-9.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 14,1-12 :

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ?
Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi.
Pour aller où je vais, vous savez le chemin. »
Thomas lui dit :
— « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? »
Jésus lui répond :
— « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. »
Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. »
Philippe lui dit :
— « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »
Jésus lui répond :
— « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ?
Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres.
Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes.
Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père. »