Texte de l’homélie :
Au temps pascal, les catholiques orientaux se saluent en disant :
— « Christ est ressuscité ! ».
À ce salut on répond :
— « Il est vraiment ressuscité ! »
Un jour, au début de la révolution bolchevique, un débat fut organisé sur la résurrection du Christ. Ce fut d’abord l’athée qui parla longuement, sûr, en redescendant du podium d’avoir démoli à jamais la croyance en la résurrection ;
Ce fut ensuite le pope qui y monta pour parler en faveur de celle-ci. Il dit simplement :
— « Christ est ressuscité ! » et tous, avant même de réfléchir, de répondre en chœur, d’une seule voix :
— « Il est vraiment ressuscité ! » et le pope redescendit en silence.
De même, notre foi en la résurrection s’exprime à travers divers symboles qui nous sont très familiers. Mais il nous arrive quelquefois d’en oublier un peu le sens. C’est pourquoi j’aimerais m’arrêter avec vous sur 3 symboles que nous trouvons dans cette veillée pascale : la lumière, l’eau et l’alléluia.
La lumière
Cette célébration a commencé par la bénédiction du feu pascal auquel nous avons allumé le cierge pascal, symbole du Christ ressuscité. Puis, de proche en proche, chacun de nous a allumé son cierge au cierge pascal.
A travers ce geste, nous disons que Jésus ressuscité est une lumière. Ce n’est pas par hasard que la première encyclique de notre pape François s’appelle « lumen fidei », la lumière de la foi. Croire en Jésus nous donne une lumière pour notre vie.
En quoi le Seigneur ressuscité est-il notre lumière ? Le vendredi saint nous éclaire sur la grandeur de l’amour du Christ pour nous :
La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs. (Rm 5, 8)
Jésus n’avait rien à y gagner.
La résurrection que nous célébrons nous dit que Jésus n’était pas seulement sincère dans son amour pour nous mais qu’en plus c’était vrai. Le Père nous a donné une garantie sur Jésus en le ressuscitant d’entre les morts (cf. Ac 17, 31).
En tant que ressuscité, le Christ est témoin fiable, digne de foi (cf. Ap 1, 5 ; He 2, 17), appui solide pour notre foi. (…)
Il est capable d’illuminer également les ténèbres de la mort. (Lumen fidei n° 17).
Le Christ ressuscité nous dit que la souffrance, le péché, le mal, la mort n’ont pas le dernier mot. C’est l’amour de notre Dieu tout-puissant qui a le dernier mot.
Tout à l’heure, nous nous sommes entraidés pour allumer nos cierges (et peut-être même de les rallumer s’ils s’étaient éteints par un courant d’air). Au-delà de la flamme de ce cierge matériel, c’est aussi ce à quoi nous sommes invités : rendre compte de l’espérance qui nous habite et que nous donne le Christ ressuscité. Comme le dit le pape François dans son exhortation sur l’évangélisation :
Ce qui t’aide à vivre et te donne une espérance, c’est cela que tu dois communiquer aux autres. (n° 121)
L’eau
Après cette homélie sera bénie l’eau qui servira pour les baptêmes. L’eau est le deuxième grand symbole de cette veillée. Elle est symbole de mort pour tous les ennemis de notre âme et symbole de vie pour ceux qui accueillent la grâce de Dieu. Elle exprime bien le double aspect du Mystère pascal :
Par sa mort Jésus nous libère du péché, par sa Résurrection il nous ouvre l’accès à une nouvelle vie. (CEC 654)
La 3e lecture de cette veillée nous rapporte le récit de la traversée des eaux de la mer rouge. Grâce aux eaux de la mer, les égyptiens trouvent la mort ; en revanche les hébreux sont désormais libres et vivants. Cette traversée de la mer est comme une annonce du baptême où sont donnés à la fois le pardon des péchés et la vie de Dieu.
Par sa résurrection, le Christ veut nous faire passer de la mort à la vie. Le premier fruit de la résurrection est le pardon des péchés.
Quand Jésus apparaît à ses apôtres le soir de Pâques, il leur confie le pouvoir de pardonner les péchés.
Tout homme qui croit en lui reçoit par lui le pardon de ses péchés. (Ac 10, 43)
La résurrection ouvre la porte d’un monde de paix où le mal et le péché n’ont pas le dernier mot.
L’eau symbole de vie jaillit du cœur transpercé de Jésus (cf. Jn 19, 34) et répand la vie là où elle coule. C’est pourquoi, dans l’Église primitive, le baptême devait être administré avec de l’eau de source vive.
Jésus nous ouvre à une vie nouvelle, la vie dans l’Esprit. C’est la vie vécue dans la bienveillance, l’humilité, la douceur, la patience, le pardon mutuel… (cf. Col 3, 12-13) qui sont comme des avant goût du ciel.
Ce jour est le jour par excellence où nous sommes appelés à nous replonger dans la grâce de notre baptême.
L’alléluia
Le troisième grand symbole de cette veillée consiste à entonner le chant nouveau - l’alléluia. Après tout le carême, où ce chant était absent de la liturgie, nous le retrouvons pour le chanter de façon renouvelée.
Savez-vous quand, pour la première fois dans la Bible, nous voyons des hommes chanter ? Après le passage de la Mer Rouge. Les hébreux sont enfin libérés de ceux qui les maintenaient en esclavage. Ils ont été témoins de l’intervention merveilleuse de Dieu. Et c’est alors qu’ils ont entonné le chant que nous avons pris après la 3e lecture.
Quand quelqu’un fait l’expérience d’une grande joie, il ne peut pas la garder pour lui. Il doit l’exprimer, la communiquer. Parler ne suffit pas, il faut chanter !
La reconnaissance du peuple hébreu est en proportion du danger qu’ils ont couru face aux chars de pharaon qui les poursuivaient. Il en va aussi de même pour les chrétiens dans la mesure où ils prennent conscience de ce dont le Christ les a sauvés. Grâce au Christ en effet, le pardon nous est offert.
Nous ne sommes pas enfermés dans les actes mauvais que nous avons pu commettre. Notre horizon, c’est bien mieux que sombrer dans le néant au terme de notre vie terrestre, c’est être accueilli dans le cœur de Dieu pour un bonheur éternel.
Plus nous avons conscience d’avoir été sauvés, plus nous pouvons chanter fort. L’alléluia, c’est le débordement du cœur quand on voit que Dieu a dépassé nos attentes (comme le disait Thérèse de Lisieux).
Dieu m’a donné infiniment plus que ce que je pouvais imaginer. (cf. Ep 3, 17-20)
L’amour tout-puissant de Dieu dépasse ce que je pensais. Alléluia !
En conclusion
Il n’y a pas si longtemps, un monsieur de 75 ans m’a raconté ce qu’il avait fait à la sortie de la vigile pascale. Il était si heureux de revivre la résurrection de Jésus qu’il trouvait trop triste d’aller se coucher dès la fin de la vigile. Il est donc allé dans les rues et sur les plages proclamer la bonne nouvelle de la résurrection de Jésus.
Je vous concède que ce n’était pas en Picardie, cependant, je vous propose, peut-être pas ce soir, mais dans les jours à venir de savoir dire à des personnes que vous rencontrez ce qui vous aide à vivre et vous donne une espérance. Il y a tant de personnes sans espérance, tant de personnes pour qui la découverte de l’amour victorieux de Dieu changerait la vie.
Que Marie nous aide à prendre toujours plus conscience de la grâce qui vous est offerte. Que vous sachiez en témoigner autour de vous.
Amen. Alléluia !
Références des lectures du jour :
- Livre de l’Exode 14,15-31.15,1a.
- Livre de l’Exode 15,1b.2.3-4.5-6.17-18.
- Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 6,3b-11.
- Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 28,1-10 :
Après le sabbat, à l’heure où commençait à poindre le premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l’autre Marie vinrent pour regarder le sépulcre.
Et voilà qu’il y eut un grand tremblement de terre ; l’ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s’assit dessus.
Il avait l’aspect de l’éclair, et son vêtement était blanc comme neige.
Les gardes, dans la crainte qu’ils éprouvèrent, se mirent à trembler et devinrent comme morts.
L’ange prit la parole et dit aux femmes :
« Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié.
Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait.
Puis, vite, allez dire à ses disciples : “Il est ressuscité d’entre les morts, et voici qu’il vous précède en Galilée ; là, vous le verrez.” Voilà ce que j’avais à vous dire. »
Vite, elles quittèrent le tombeau, remplies à la fois de crainte et d’une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle à ses disciples.
Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. »
Elles s’approchèrent, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui.
Alors Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. »