Homélie du 6e dimanche du Temps Ordinaire

17 février 2020

« Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. »

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie :

Nous avons entendu un très bel évangile, mais il faut avouer qu’il n’est pas facile.
En le méditant, je repensais à cette parole de Saint Jacques :

« La parole de Dieu est comme un miroir, une image… »

La parole reflète-t-elle le lecteur ? Est-ce l’image du Seigneur - puisque nous l’avons revêtu au jour de notre baptême – ou bien n’est-ce pas une caricature de certains moments de notre vie ?
Vous le savez, le Seigneur qui nous appelle, qui nous attire, n’est pas toujours facile à suivre, pour diverse raisons.

Aujourd’hui, nous avons aussi des lectures qui nous plein d’espérance, et j’aime beaucoup l’oraison de cette messe que je vous relis :

« Dieu, toi qui veux habiter les cœurs droits et sincères, donne-nous de vivre selon Ta grâce. Alors, Tu pourras venir en nous pour y faire Ta demeure. »

C’est une prière de confiance, d’abandon, d’espérance, de Foi. Elle ne peut porter du fruit que si elle est animée par l’amour même de Dieu.
L’Évangile n’est pas seulement une morale, mais c’est un signe de l’identité de Dieu que Saint Jean répète à satiété : « Dieu est amour. »

« Si tu veux, tu peux observer les commandements.
Il dépend de ton choix de rester fidèle. »

Telle est la parole que nous avons puisée dans les livres de Ben Sirac. Et avant de chanter l’Évangile, nous avons chanté :

« Tu es béni Père du Ciel et de la Terre ! Tu as révélé aux tout petits les mystères du Royaume. »

Peut-être que les habitués de cette chapelle et de ce monastère sont un peu surpris de voir ces hommes et ces femmes en noir : ce sont des chevaliers et dames d’un ordre militaire et hospitalier fondé il y a 900 ans et notamment pour accueillir les pèlerins qui se rendaient en Terre Sainte, à Jérusalem. Et sur leur coule – leur vêtement - vous pourrez voir une croix avec huit pointes qui est le symbole, le signe des Béatitudes. Ces paroles de feu exprimées par Jésus et qui se concluent au chapitre suivant par ces affirmations de Jésus :

« Vous êtes la lumière du monde, vous êtes le sel de la terre… »

Il y a une phrase – et je me réfère encore aux chevaliers de Malte – que je médite de façon particulière depuis plusieurs années :

« Si votre justice ne dépasse pas celle des scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. »

Dans le chœur, près du prieur, il y a un chevalier habillé à peu près comme les autres, mais qui porte un manipule. C’est un chevalier de justice, c’est à dire un religieux qui a prononcé les vœux de pauvreté, d’obéissance et de chasteté. La conversion des mœurs, si chère au Seigneur, les conseils évangéliques. Nous allons prier pour ces chevaliers de justice qui sont peu nombreux dans le monde, mais qui sont la pierre sur laquelle repose l’ordre de Malte. Il y a d’autres chevaliers, mais les chevaliers de justice sont la pierre à partir de laquelle peut rayonner cette spiritualité des Béatitudes.

Chers frères, depuis que je suis dans vos murs je pense à votre titre, votre appellation, votre nom. Et cela me fait référer à cette parole de Jésus lorsqu’on Lui dit un jour : « Ta mère et tes frères sont là et ils t’attendent et veulent Te voir. »

Et Jésus de répondre :

« Qui sont ma mère, qui sont mes frères, qui sont mes sœurs… »

Vous vous appelez Serviteurs de Jésus et de Marie, et c’est pour nous un enseignement de vous rencontrer, et de pouvoir prier avec des hommes qui ont fait le choix de s’abandonner totalement au Seigneur. Et en priant et en pensant à votre famille religieuse, cela peut donner aussi un très grand relief à cette parole de Jésus, qui est d’ailleurs la devise qu’un évêque français a choisie :

« Que votre parole soit « oui » si c’est « oui », « non » si c’est « non ».
Tout ce qui est en plus vient du mauvais. »

Si c’est « oui », c’est « oui », si c’est « non », c’est « non ». Tout ce qui est en plus est mauvais.

Ce n’est pas facile d’être fidèle au « oui » donné. Ce n’est pas facile d’oser dire « non » à une réalité qui ne convient pas, et qui ne porte pas au Seigneur.
Alors, cette abondante nourriture que nous venons d’entendre par la Parole de Dieu, qu’elle s’imprime profondément en nous. Elle portera du fruit.
Écoutons-la, mémorisons-la avec amour.

C’est le vouloir du Seigneur que nous demeurions avec Lui.

C’est vraiment là que nous pouvons percevoir notre vocation : vivre selon le cœur de Dieu, pour entrer dans Son intimité,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de l’Ecclésiastique 15,15-20.
  • Psaume 119(118),1-2.4-5.17-18.33-34.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 2,6-10.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 5,17-37 :

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.
Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise.
Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux.
Je vous le dis en effet : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.

Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : ‘Tu ne commettras pas de meurtre’, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement.
Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu.
Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande.
Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison. Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou.

Vous avez appris qu’il a été dit : ‘Tu ne commettras pas d’adultère.’
Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.
Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne.
Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne.

Il a été dit également : ‘Si quelqu’un renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation’.
Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, la pousse à l’adultère ; et si quelqu’un épouse une femme renvoyée, il est adultère.

Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : ‘Tu ne manqueras pas à tes serments, mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur.’
Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu, ni par la terre, car elle est son marchepied, ni par Jérusalem, car elle est la Ville du grand Roi.
Et ne jure pas non plus sur ta tête, parce que tu ne peux pas rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir.

Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. »