Texte de l’homélie
Les textes de la parole de ce jour sont une invitation, un appel à suivre le Christ humble et pauvre. Il est bien difficile de savoir comment vivre cette humilité et cette pauvreté. Et dans la première lecture du prophète Zacharie, il nous est montré l’exemple de ce roi qui vient monté sur un ânon, signe d’humilité et de pauvreté. Cette monture et bien différente d’un cheval. En lisant les psaume de la Bible, nous nous apercevons que Dieu n’aime pas la force des chevaux ni celle de guerriers. Ce qu’il recherche c’est la pauvreté, l’humilité et la faiblesse du petit.
L’esprit de puissance et de domination qui nous atteint tous. Dans nos relations les uns avec les autres, il y a souvent un rapport de force par lequel je veux dominer celui qui est en face de moi, de dominer le monde dans lequel je vis. On le voit bien, l’esprit de domination est la source des conflits et des guerres, de ce qui nous empêche de vivre les uns et les autres dans la paix.
Lorsque le Christ est venu dans le monde, ce que nous célébrons à Noël, nous acclamons le Prince de la paix, Celui qui vient au nom du Seigneur vient nous donner la paix de Dieu, cette paix qui est un accueil les uns des autres dans la pauvreté et la faiblesse de celui qui a réussi à faire taire en lui tout esprit de puissance et de domination.
Et dans le psaume que nous avons entendu en ce dimanche, il y a ces mots :
« Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour.
Sa bonté est pour tous, sa tendresse pour toutes ses œuvres. »
Voici le chemin que le Seigneur désire que nous suivions : que nous apprenions à ouvrir notre cœur et à laisser l’Esprit-Saint nous aider à devenir tendre, à avoir de la compassion pour notre prochain et à avoir le recul nécessaire pour ne pas nous mettre en colère. Cela peut paraître difficile en fonction de notre caractère car notre nature est telle qu’elle est, mais la grâce peut nous aider à devenir ce que le Seigneur attend de nous.
Mais, pourquoi sommes-nous ainsi ? Saint Paul nous explique dans son épître que c’est à cause du péché originel qui a provoqué en nous cette fragilité, cette blessure par laquelle nous sommes enclins à la force, à la recherche de puissance et de domination, à la colère et à tout ce qui finalement nous empêche de vivre dans cette paix que le Seigneur veut nous donner.
Saint Paul nous dit qu’en venant dans le monde, le Christ est venu nous donner cette grâce, cette capacité que nous pouvons accueillir pour devenir doux et humble de cœur comme Il l’est Lui-même. Il poursuit en disant que nous avons une dette envers le Christ et que cette dette n’est pas envers la chair.
Dans la bouche de Saint Paul, il faut comprendre le mot « chair » comme évoquant l’esprit du monde. L’esprit du monde est celui qui vit sans Dieu, qui ne recherche pas Sa présence. L’esprit que le Seigneur veut voir agir en nous c’est l’Esprit-Saint, cet esprit de douceur et de paix par lequel nous apprenons à discerner pour choisir de faire le bien et de rejeter le mal.
Apprendre à discerner c’est l’exercice quotidien que nous avons à faire pour répondre à l’amour de Dieu. A chaque fois que nous posons un acte, nous devons réfléchir à la finalité de cet acte : est-il orienté vers le bien ou autre contraire, en dévie-t-il ? Si nous sommes capables de voir que la finalité n’est pas bonne, nous ne devons pas poser cet acte.
C’est toute la difficulté à laquelle nous devons faire face les uns et les autres jour après jour, instant après instant. Par ce que si nous voulons répondre à la grâce de l’Esprit-Saint, nous devons réfléchir avec notre cœur pour poser tel ou tel acte.
C’est pour cela aussi que le Seigneur nous dit :
« Je suis lent à la colère… »
Lui, justement, Il prend Son temps lorsqu’il pose un jugement. Ce n’est pas notre temps, le temps des hommes. Nous, nous sommes souvent trop impatients de voir les choses se réaliser ou de punir. Lui au contraire, Il est lent à la colère.
Et cette grâce que l’Évangile nous révèle aujourd’hui, c’est que cette sagesse est cachée aux sages et aux savants. Mais pour quelle raison ? Si l’on voit l’intelligence comme une lumière, sachons que nous pouvons nous y complaire. Plus nous sommes intelligents, plus nous avons la conscience des choses, la lumière sur les actions, plus nous pouvons nous éloigner de la grâce de Dieu, car nous ne parvenons pas à percevoir la petitesse et l’amour de Dieu présents.
Le Seigneur l’a pourtant révélé aux tout petits. Ces tout petits sont ceux qui se tournent vers le Seigneur en Lui disant :
Ce sont les mots de celui qui se sait dépendant de la grâce de Dieu. Et c’est ce que le Seigneur attend de nous : que nous posions des actes d’humilité par lesquels nous sachions demander Son aide :
Et le Seigneur nous répond :
« Je suis doux et humble de cœur. »
Cette douceur et cette humilité du cœur sont le lieu dans lequel le Seigneur nous appelle à nous reposer, que nous venions nous blottir dans Son cœur.
Alors, Il prend l’exemple de cette pièce de bois, le joug, celle qui est faible pour atteler deux bœufs. Et si elle pèse sur notre épaule, elle représente le poids de la vie qui parfois nous accable. Mais cela signifie aussi qu’il ne faut pas rester seul, nous voir face au monde, mais se mettre en duo avec Lui.
Ainsi, ce n’est plus moi seul qui, avec le monde, tirons cette vie, mais c’est Jésus et moi qui portons la vie. Jésus allège le fardeau car Il est venu pour nous sauver. Il est venu pour nous aider, Il est venu pour nous donner la grâce et la lumière pour nous relever.
Toute la vie terrestre du Christ est justement un exemple par lequel Il nous montre le chemin du Ciel.
Le Seigneur a pris sur Lui le péché du monde. Et en échange, Il nous demande d’avoir l’humilité de Le prendre avec nous pour avancer en ce monde, en sachant qu’Il a déjà parcouru ce chemin sur cette Terre et qu’Il a subi la Passion pour nous racheter.
Ainsi, demandons au Seigneur cette grâce de venir nous aider à prendre conscience, à approfondir notre Foi, à poser les actes par lesquels je lui demande Son aide. Nous savons que nous pouvons avoir – pas seulement au Ciel mais dans notre vie – quelqu’un qui peut nous y aider. La Vierge-Marie a vécu cela avant nous.
Elle a vécu le poids du monde, Elle l’a porté en présence de Son fils, et Elle a accepté de L’accompagner jusqu’à la Croix.
Alors, si nous pensons que Marie est une vraie mère pour nous, si nous pensons qu’Elle est vraiment cette éducatrice à la vie spirituelle, Elle peut nous aider à avancer pas à pas et nous aider à poser les actes par lesquels nous deviendrons des vraies images de Son fils ressuscité,
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre de Zacharie 9,9-10.
- Psaume 145(144),1-2.8-9.10-11.13cd-14.
- Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 8,9.11-13.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 11,25-30 :
En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler.
Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme.
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »