Homélie du dimanche de la Miséricorde

20 avril 2020

« Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »

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Texte de l’homélie :

Comme nous y invite la prière d’ouverture :

« Que le Dieu d’infinie miséricorde ranime notre foi dans cette célébration de la mort et de la résurrection de Jésus.

Qu’Il nous aide – avec Thomas - à cesser d’être incrédules et dubitatifs, mais qu’Il nous rende croyants pour que nous ayons la vie en Son nom, cette vie en plénitude qu’Il n’a cessé de nous annoncer.

Terrassés par l’épreuve de la mort de Jésus, les disciples sont enfermés dans la peur, sous le joug du mal et du péché qui semblent avoir tout ravagé, englouti toute espérance. Les apôtres sont dans la peur des Juifs, mais aussi liés, accablés par leur péché, par le mal qui les a atteints, par leurs fausses espérances sur Jésus, qui les a menés jusqu’à l’abandon, jusqu’à la trahison, jusqu’au reniement.
Quelques années plus tard, alors que l’Eglise est affligée par toutes sortes d’épreuves, Saint Pierre dit aux croyants que la vie des disciples de Jésus risque d’être toujours perçue sous le joug du mal et du péché. Et pourtant, il a cette expérience fondamentale du soir de Pâques et du dimanche suivant, cette actualité dans la Foi avec les paroles de Jésus :

« Je suis toujours avec vous jusqu’à la fin des temps. »

Soudain, le Christ Jésus se tient au milieu d’eux, toutes portes fermées. Il leur apporte la Paix. Non des reproches, mais la Paix, signe d’une infinie tendresse, don qu’Il réitère avec Thomas et tous les autres apôtres le dimanche suivant en leur montrant Ses plaies.

Saint Pierre insiste pour dire que les épreuves nous accompagnent tout au long de la vie de l’Église, tout au long de notre vie. Comme nous l’avons chanté dans la nuit de Pâques :

« O certe necessarium Adae peccatum… (version latine de l‘Exultet. »

Voici comme est incontournable, voire nécessaire, le péché d’Adam qui nous valut un tel rédempteur. Mais comme Jésus, nous garderons jusque dans notre corps de gloire les traces de nos épreuves présente, mais transformées en plies glorieuses, ruisselantes de l’éternelle et infinie miséricorde. Aussi, profondément marqués par cela, la prière de Saint Pierre se fait bénédiction pour l’œuvre de miséricorde qui est adressée à chacun d’entre nous et à toute l’Église.
Par Sa mort et Sa résurrection, Jésus fait renaître ceux qu’Il a choisis sous l’action de l’Esprit-Saint pour Se manifester à ceux qui veulent bien s’ouvrir à cette grâce de traverser la mort et toute force de mort qui habite notre monde mais pour renaître d’une vie en plénitude.

A entendre Pierre, l’épreuve est une composante nécessaire de la vie de Foi, inévitable et vue comme les douleurs de l’enfantement, toute orientée vers un monde nouveau en attendant qu’Il vienne dans la gloire.
Cette renaissance est faite de la miséricorde divine. Elle est la définition de la vie chrétienne, la définition du baptême – « Entrer dans le Royaume, c’est naître de nouveau », comme le Jésus à disait Nicodème. Et Saint Pierre nous montre dans son texte comme trois conséquences de cette renaissance.

« Il nous a fait renaître pour une vivante espérance… »

Cette renaissance n’est ni un souhait ni un commandement, mais c’est l’assurance d’un fait. Cette espérance est une puissante force de vie, comme cette ancre qui nous enracine dans ce mystère de Jésus mort et ressuscité pour nous donner la vie.

« Il nous a fait renaître pour un héritage qui ne connaîtra ni corruption, ni souillure, ni flétrissure. »

Cet héritage nous est réservé dans les Cieux, mais est déjà vivant dans notre cœur. On retrouve cela dans toute la Bible avec cette notion de possession de la terre. Comme le dit Jésus :

« Heureux les doux, ils posséderont la terre… »

C’est cette possession du Royaume de Jésus, sagesse mystérieuse demeurée cachée, mais que Dieu nous avait destiné, qu’Il nous avait réservé dans la Foi, comme le dit Saint Paul.
Ce « naître de nouveau » est pour un salut. Bien sûr, nous sommes sauvés. C’est en espérance, comme dans l’épître aux Romains, mais le jour du salut est maintenant.
Et nous sommes en train d’être sauvés. C’est tout le travail de notre vie chrétienne que ce déploiement de la grâce que le Seigneur nous fait.

Comment cela va-t-il se faire ? Comment cela peut-il prendre racine dans notre vie ?
Jésus nous le montre dans Son apparition aux disciples. Après leur avoir manifesté Sa paix, Sa miséricorde et Son infinie tendresse pour les pécheurs et l’humanité, Il vient donner trois clefs pour que nous vivions dans cette grâce.

D’abord, il y a l’envoi en mission :

« De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. »

Pour que la vie chrétienne se développe, il faut que nous sachions que le Seigneur nous a donné la vie non pas pour nous-mêmes, mais pour que nous puissions servir cette vie à Son image. Elle doit être vécue comme le prolongement de Sa vie, comme instrument de Sa vie, comme incarnation de ce royaume qui se déploie dans le monde.
Il nous a aimés et Il S’est livré pour nous, et notre vie est vécue comme un service rendu aux hommes.

Deuxièmement, c’est cette Pentecôte. Jésus souffle sur eux et envoie Son Esprit-Saint. L’allusion faite au Dieu créateur est claire, comme lorsque le Seigneur vient souffler sur Adam pour lui donner vie. Ici, il s’agit d’une recréation pour apprendre à vivre sous le souffle de l’Esprit-Saint, sous le souffle vivant du Seigneur qui inspire, qui anime, sous cet esprit d’amour que le Seigneur a donné.
Le pape François insiste souvent sur la vie chrétienne qui n’est pas seulement de l’ordre de la connaissance - un savoir gnostique – mais qui est cette vie dans le courant de l’Esprit Saint en apprenant à se laisser animer et mouvoir à chaque instant par Lui.

Enfin, le pardon :

« Remettez le péchés. À qui vous remettez, ils seront remis. À qui vous les maintiendrez, ils seront maintenus. »

C’est cette miséricorde qui est transmise, ce « deviens toi-même miséricorde ». Dans le développement de l’Église, ce sont les prêtres qui sont les ministres appelés à donner ce pardon. Il y a aussi tout le peuple, chaque Chrétien qui est appelé à vivre de cet amour des pauvres et des pécheurs, de ce regard qui relève et qui espère, qui voit au delà du mal pour restaurer, pour appeler à la vie l’enfant de Dieu perdu mais appelé à être retrouvé en chaque homme.

C’est cette mission de pardon à laquelle chacun d’entre nous, sommes appelés à vivre, où que nous soyons.

Si Thomas revient huit jours plus tard, c’est aussi pour nous enseigner que cette vie de foi. Car même si nous n’avons pas vu Jésus ressuscité – Saint Pierre dit à toute l’Église : « Sans le voir, nous croyons » - c’est une grâce de croire qui est offerte à chacun d’entre nous, qui est donnée à toute la vie de l’Église.

Demandons au Seigneur de vivre cette miséricorde, de la recevoir, d’être transformés, et d’être nous-mêmes miséricorde pour tout homme,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre des Actes des Apôtres 2,42-47.
  • Psaume 118(117),2-4.13-15ab.22-24.
  • Première lettre de saint Pierre Apôtre 1,3-9.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 20,19-31 :

C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! »
Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas :
— « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Alors Thomas lui dit :
— « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit :
— « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.