Texte de l’homélie
Dans la prière que nous avons écoutée au tout début de cette célébration, il est fait mention de l’humilité du Christ qui a pris notre chair humaine et s’est livré pour nous. Il est fait mention du fait d’accueillir la force que le Christ a dans la souffrance.
Humilité ne veut pas dire dépréciation de soi-même. Quand il médite sur l’humilité, Saint Thomas d’Aquin rappelle qu’elle est différente de la pusillanimité. Ce terme, peu employé de nos jours, désigne l’attitude de se faire oublier de peur des conflits et de se voir confier des responsabilités. La personne qui fait preuve de pusillanimité n’est pas humble pour autant.
Saint Thomas d’Aquin nous fait découvrir que l’humilité est synonyme de magnanimité, c’est à dire de grandeur d’âme qui pousse à désirer le Bien, le Beau et le Vrai.
Et l’on voit Jésus qui s’approche volontairement de Sa Passion. Nous l’avons entendu à plusieurs reprises lors de la bénédiction des Rameaux, cette passion volontaire, on l’entend dans les chants et les prières, et nous faisons ainsi mémoire de la grandeur d’âme de Jésus qui s’avance avec courage, sans traîner des pieds. Il s’avance avec puissance et avec force, Il va jusqu’au bout du don.
Courage
On ne parle pas assez du courage. On ne peut pourtant pas dire qu’il ne soit pas présent dans notre société : nombre de personnes qui doivent faire face à des adversités terribles comme ceux qui sont malades ou déplacés loin de leur famille, à celles et ceux qui vivent des situations sociales difficiles, et qui veulent donner le meilleur à leur famille contre vents et marées… Mais l’on peut constater que ce n’est pas une vertu qui est mise en avant dans notre société.
Au contraire, Jésus nous donne l’exemple à travers Sa Passion, Lui qui s’avance volontairement. Vous le savez, aimer c’est vouloir et vouloir c’est aimer, c’est à dire que c’est avec la puissance de l’amour qu’Il s’avance vers Sa Passion. Il nous donne du courage à nous aussi dans nos adversités de santé, de travail, dans nos liens familiaux parfois complexes, dans nos rapports au sein de notre société. Il nous donne le courage qui vient de la force de l’amour. Nous nous appuyons sur le Christ, et le Christ Lui, s’appuie uniquement sur l’amour du Père. Il n’avait que l’amour du Père, voilà pourquoi Sa prière s’adresse au Père :
« Père, que Ta volonté soit faite, non pas ce que je veux mais ce que tu veux. »
Cette volonté d’amour unie au Père Lui donne la force d’avancer volontairement, librement vers Sa Passion pour S’offrir pour nous.
Sacrifice
Sacrifice n’est pas un gros mot. Il n’est pas à la mode pour autant dans notre société où le confort et la recherche du bien-être sont devenus pratiquement des idoles. S’offrir en sacrifice, se donner, donner sa vie pour l’autre ne sont pas des attitudes si habituelles…
Dans des situations dramatiques comme des guerres, des attentats ou des situations de conflit, on voit parfois des personnes qui surgissent de l’inconnu. C’est le cas de Simon de Cyrène qui s’offre pour porter la croix avec Jésus et qui se donne en sacrifice, qui s’offre.
Voilà un geste qui met au large notre cœur, qui encourage notre capacité d’aimer. Dans notre société, soyons attentifs à ce qui agit comme une anesthésie générale du cœur, de la grandeur d’âme, de l’offrande, du courage et de la confiance. Car, au fond, il s’agit bien de cela.
Frères et sœurs bien-aimés, chers jeunes – nous vous accueillons avec tant de joie - qui êtes venus en nombre fêter les Rameaux avec nous dans cette abbaye, prenons conscience que c’est par le courage, et donc comme un acte d’humilité, qu’une vie se construit, qu’elle se donne car elle est ordonnée à plus grand qu’elle-même.
Frères et sœurs bien-aimés, c’est quelque chose que nous contemplerons pendant toute cette grande semaine sainte : Jésus qui s’approche, qui lave les pieds des disciples. Jeudi Saint, nous allons encore relire la Passion, nous allons vénérer la Croix le vendredi lors de l’office des ténèbres. C’est ainsi que l’on peut remettre son cœur face à l’offrande de Jésus, puis lors que samedi Saint…
Prenons conscience que, par Sa puissance d’amour, Il descend jusque dans le séjour des morts, dans les Enfers, puis ressuscite par l’amour du Père.
Sensibilité
Sans doutes ne prenons-nous pas assez conscience de la perfection de l’humanité du Christ. Prêtons attention à la sensibilité du Christ. Dans ce que nous venons de lire, il en est fait mention d’angoisse et de tristesse. Et dans Saint Luc, il est dit que cette angoisse Lui provoque une sueur de sang. Il y a une perfection dans la sensibilité du Christ, parce que Son humanité est si parfaitement unie à Sa divinité qu’elle est déployée bien plus que nous ne pourrions l’imaginer.
Et ainsi, dans Son corps si parfait, la souffrance est vécue de façon bien plus importante que pour n’importe qui d’entre nous.
Il en est de même pour Sa sensibilité, notamment quand il rappelle ce rejet de l’amour et de Sa parole donnée :
« Chaque jour, dans le Temple, j’étais assis en train d’enseigner, et vous ne m’avez pas arrêté. »
Cette perfection de l’humanité du Christ a aussi à voir avec Sa capacité d’offrande : c’est le fait qu’Il n’a pas peur même s’Il sait exactement ce qui l’attend. Il n’a pas peur, Il avance avec courage et avec force vers la coupe que le Père Lui tend.
Si vous relisez la Passion selon Saint Jean, vous percevrez la puissance d’amour de Jésus qui avance, et les gardiens qui viennent L’arrêter tombent par terre.
« Si donc c’est moi que vous cherchez, laissez ceux-là s’en aller. »
Puis, il y a ces faux témoignages, que Lui-même confond les faux témoins. Et Il avance par la puissance de l’amour. Et devant Lui s’effondre le monde des ténèbres. C’est notre Foi, et c’est beau !
C’est très beau de voir le Christ comme le berger, comme Celui qui s’avance au devant Ses brebis, comme celui aussi qui s’avance et s’expose pour que les autres soient sauvés.
Gardons cela dans notre cœur. Réveillons notre capacité de courage, notre capacité de don. Même si nous ne pouvons pas prétendre arriver au sommet que le Christ a atteint dans l’offrande de Lui-même, dans la souffrance subie dans Son corps et dans Sa sensibilité, mais bien des occasions de sortir de nous-mêmes nous sont données.
Quoi qu’il en coûte, acceptons de nous déplacer intérieurement, de sortir de notre zone de confort. Nous pouvons agir avec courage dans bien des situations comme lorsque nous faisons face à des injustices. Cela peut aussi mettre en jeu notre réputation et être au détriment de notre carrière professionnelle. Dans notre pays, bien des occasions nous sont données de nous opposer à celui qui écrase le faible et à se mettre du côté du petit pour rappeler la puissance de l’amour…
Laissons-nous toucher, émouvoir, laissons-nous saisir par la puissance d’amour qui se déploie et qui avance. Soyons les témoins d’un Dieu qui nous appelle des ténèbres à Son admirable lumière,
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre d’Isaïe 50,4-7.
- Psaume 22(21),8-9.17-18a.19-20.22c-24a.
- Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 2,6-11.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 26,14-75.27,1-66 :
En ce temps-là, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui remirent trente pièces d’argent.
Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer.Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus :
— « Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs pour manger la Pâque ? »
Il leur dit :
— « Allez à la ville, chez un tel, et dites-lui : “Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.” »
Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque.Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas, il déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. »
Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, chacun son tour : « Serait-ce moi, Seigneur ? »
Prenant la parole, il dit : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! »
Judas, celui qui le livrait, prit la parole :
— « Rabbi, serait-ce moi ? »
Jésus lui répond :
— « C’est toi-même qui l’as dit ! »
Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit et, le donnant aux disciples, il dit : « Prenez, mangez : ceci est mon corps. »
Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, en disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude en rémission des péchés.
Je vous le dis : désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, avec vous dans le royaume de mon Père. »Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.
Alors Jésus leur dit : « Cette nuit, je serai pour vous tous une occasion de chute ; car il est écrit : ‘Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées.’ Mais, une fois ressuscité, je vous précéderai en Galilée. »
Prenant la parole, Pierre lui dit :
— « Si tous viennent à tomber à cause de toi, moi, je ne tomberai jamais. »
Jésus lui répondit :
— « Amen, je te le dis : cette nuit même, avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. »
Pierre lui dit :
— « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. »
Et tous les disciples dirent de même. Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani et leur dit : « Asseyez-vous ici, pendant que je vais là-bas pour prier. »
Il emmena Pierre, ainsi que Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée, et il commença à ressentir tristesse et angoisse.
Il leur dit alors : « Mon âme est triste à en mourir. Restez ici et veillez avec moi. »
Allant un peu plus loin, il tomba face contre terre en priant, et il disait : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. »
Puis il revient vers ses disciples et les trouve endormis ; il dit à Pierre : « Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller seulement une heure avec moi ?
Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. »
De nouveau, il s’éloigna et pria, pour la deuxième fois ; il disait : « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! »
Revenu près des disciples, de nouveau il les trouva endormis, car leurs yeux étaient lourds de sommeil.
Les laissant, de nouveau il s’éloigna et pria pour la troisième fois, en répétant les mêmes paroles.
Alors il revient vers les disciples et leur dit : « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer. Voici qu’elle est proche, l’heure où le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs.
Levez-vous ! Allons ! Voici qu’il est proche, celui qui me livre. »
Jésus parlait encore, lorsque Judas, l’un des Douze, arriva, et avec lui une grande foule armée d’épées et de bâtons, envoyée par les grands prêtres et les anciens du peuple.
Celui qui le livrait leur avait donné un signe : « Celui que j’embrasserai, c’est lui : arrêtez-le. »
Aussitôt, s’approchant de Jésus, il lui dit : « Salut, Rabbi ! » Et il l’embrassa.
Jésus lui dit : « Mon ami, ce que tu es venu faire, fais-le ! »
Alors ils s’approchèrent, mirent la main sur Jésus et l’arrêtèrent. L’un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à son épée, la tira, frappa le serviteur du grand prêtre, et lui trancha l’oreille.
Alors Jésus lui dit : « Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée. Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père ? Il mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d’anges. Mais alors, comment s’accompliraient les Écritures selon lesquelles il faut qu’il en soit ainsi ? »
À ce moment-là, Jésus dit aux foules : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus vous saisir de moi, avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, dans le Temple, j’étais assis en train d’enseigner, et vous ne m’avez pas arrêté. »
Mais tout cela est arrivé pour que s’accomplissent les écrits des prophètes. Alors tous les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent.Ceux qui avaient arrêté Jésus l’amenèrent devant Caïphe, le grand prêtre, chez qui s’étaient réunis les scribes et les anciens. Quant à Pierre, il le suivait à distance, jusqu’au palais du grand prêtre ; il entra dans la cour et s’assit avec les serviteurs pour voir comment cela finirait.
Les grands prêtres et tout le Conseil suprême cherchaient un faux témoignage contre Jésus pour le faire mettre à mort. Ils n’en trouvèrent pas ; pourtant beaucoup de faux témoins s’étaient présentés.
Finalement il s’en présenta deux, qui déclarèrent : « Celui-là a dit : “Je peux détruire le Sanctuaire de Dieu et, en trois jours, le rebâtir.” »
Alors le grand prêtre se leva et lui dit : « Tu ne réponds rien ? Que dis-tu des témoignages qu’ils portent contre toi ? »
Mais Jésus gardait le silence. Le grand prêtre lui dit :
— « Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si c’est toi qui es le Christ, le Fils de Dieu. »
Jésus lui répond :
— « C’est toi-même qui l’as dit ! En tout cas, je vous le déclare : désormais vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel. »
Alors le grand prêtre déchira ses vêtements, en disant :
— « Il a blasphémé ! Pourquoi nous faut-il encore des témoins ? Vous venez d’entendre le blasphème ! Quel est votre avis ? » Ils répondirent : « Il mérite la mort. »
Alors ils lui crachèrent au visage et le giflèrent ; d’autres le rouèrent de coups en disant : « Fais-nous le prophète, ô Christ ! Qui t’a frappé ? »Cependant Pierre était assis dehors dans la cour. Une jeune servante s’approcha de lui et lui dit : « Toi aussi, tu étais avec Jésus, le Galiléen ! »
Mais il le nia devant tout le monde et dit : « Je ne sais pas de quoi tu parles. »
Une autre servante le vit sortir en direction du portail et elle dit à ceux qui étaient là : « Celui-ci était avec Jésus, le Nazaréen. »
De nouveau, Pierre le nia en faisant ce serment : « Je ne connais pas cet homme. »
Peu après, ceux qui se tenaient là s’approchèrent et dirent à Pierre : « Sûrement, toi aussi, tu es l’un d’entre eux ! D’ailleurs, ta façon de parler te trahit. »
Alors, il se mit à protester violemment et à jurer : « Je ne connais pas cet homme. » Et aussitôt un coq chanta.
Alors Pierre se souvint de la parole que Jésus lui avait dite : « Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. » Il sortit et, dehors, pleura amèrement.Le matin venu, tous les grands prêtres et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus pour le faire mettre à mort. Après l’avoir ligoté, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate, le gouverneur.
Alors, en voyant que Jésus était condamné, Judas, qui l’avait livré, fut pris de remords ; il rendit les trente pièces d’argent aux grands prêtres et aux anciens.
Il leur dit : « J’ai péché en livrant à la mort un innocent. » Ils répliquèrent : « Que nous importe ? Cela te regarde ! »
Jetant alors les pièces d’argent dans le Temple, il se retira et alla se pendre.
Les grands prêtres ramassèrent l’argent et dirent : « Il n’est pas permis de le verser dans le trésor, puisque c’est le prix du sang. »
Après avoir tenu conseil, ils achetèrent avec cette somme le champ du potier pour y enterrer les étrangers. Voilà pourquoi ce champ est appelé jusqu’à ce jour le Champ-du-Sang. Alors fut accomplie la parole prononcée par le prophète Jérémie : ‘Ils ramassèrent les trente pièces d’argent, le prix de celui qui fut mis à prix, le prix fixé par les fils d’Israël, et ils les donnèrent pour le champ du potier, comme le Seigneur me l’avait ordonné.’On fit comparaître Jésus devant Pilate, le gouverneur, qui l’interrogea :
— « Es-tu le roi des Juifs ? »
Jésus déclara :
— « C’est toi-même qui le dis. »
Mais, tandis que les grands prêtres et les anciens l’accusaient, il ne répondit rien. Alors Pilate lui dit :
— « Tu n’entends pas tous les témoignages portés contre toi ? »
Mais Jésus ne lui répondit plus un mot, si bien que le gouverneur fut très étonné. Or, à chaque fête, celui-ci avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule demandait. Il y avait alors un prisonnier bien connu, nommé Barabbas.
Les foules s’étant donc rassemblées, Pilate leur dit :
— « Qui voulez-vous que je vous relâche : Barabbas ? ou Jésus, appelé le Christ ? »
Il savait en effet que c’était par jalousie qu’on avait livré Jésus.
Tandis qu’il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire : « Ne te mêle pas de l’affaire de ce juste, car aujourd’hui j’ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. »
Les grands prêtres et les anciens poussèrent les foules à réclamer Barabbas et à faire périr Jésus.
Le gouverneur reprit : « Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? »
Ils répondirent : « Barabbas ! »
Pilate leur dit : « Que ferai-je donc de Jésus appelé le Christ ? »
Ils répondirent tous : « Qu’il soit crucifié ! »
Pilate demanda : « Quel mal a-t-il donc fait ? »
Ils criaient encore plus fort : « Qu’il soit crucifié ! »
Pilate, voyant que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le tumulte, prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, en disant : « Je suis innocent du sang de cet homme : cela vous regarde ! »
Tout le peuple répondit : « Son sang, qu’il soit sur nous et sur nos enfants ! »
Alors, il leur relâcha Barabbas ; quant à Jésus, il le fit flageller, et il le livra pour qu’il soit crucifié.Alors les soldats du gouverneur emmenèrent Jésus dans la salle du Prétoire et rassemblèrent autour de lui toute la garde. Ils lui enlevèrent ses vêtements et le couvrirent d’un manteau rouge.
Puis, avec des épines, ils tressèrent une couronne, et la posèrent sur sa tête ; ils lui mirent un roseau dans la main droite et, pour se moquer de lui, ils s’agenouillaient devant lui en disant : « Salut, roi des Juifs ! »
Et, après avoir craché sur lui, ils prirent le roseau, et ils le frappaient à la tête. Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l’emmenèrent pour le crucifier.En sortant, ils trouvèrent un nommé Simon, originaire de Cyrène, et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix de Jésus.
Arrivés en un lieu dit Golgotha, c’est-à-dire : Lieu-du-Crâne (ou Calvaire), ils donnèrent à boire à Jésus du vin mêlé de fiel ; il en goûta, mais ne voulut pas boire.
Après l’avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort ; et ils restaient là, assis, à le garder.
Au-dessus de sa tête ils placèrent une inscription indiquant le motif de sa condamnation : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. »
Alors on crucifia avec lui deux bandits, l’un à droite et l’autre à gauche.
Les passants l’injuriaient en hochant la tête ; ils disaient : « Toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu, et descends de la croix ! »De même, les grands prêtres se moquaient de lui avec les scribes et les anciens, en disant :
« Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! Il est roi d’Israël : qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui !
Il a mis sa confiance en Dieu. Que Dieu le délivre maintenant, s’il l’aime ! Car il a dit : “Je suis Fils de Dieu.” »Les bandits crucifiés avec lui l’insultaient de la même manière.
À partir de la sixième heure (c’est-à-dire : midi), l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure.
Vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : « Éli, Éli, lema sabactani ? », ce qui veut dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
L’ayant entendu, quelques-uns de ceux qui étaient là disaient : « Le voilà qui appelle le prophète Élie ! »
Aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il trempa dans une boisson vinaigrée ; il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire.
Les autres disaient : « Attends ! Nous verrons bien si Élie vient le sauver. »
Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit.Et voici que le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas ; la terre trembla et les rochers se fendirent. Les tombeaux s’ouvrirent ; les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent, et, sortant des tombeaux après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la Ville sainte, et se montrèrent à un grand nombre de gens.
À la vue du tremblement de terre et de ces événements, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, furent saisis d’une grande crainte et dirent : « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! »Il y avait là de nombreuses femmes qui observaient de loin. Elles avaient suivi Jésus depuis la Galilée pour le servir. Parmi elles se trouvaient Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée.
Comme il se faisait tard, arriva un homme riche, originaire d’Arimathie, qui s’appelait Joseph, et qui était devenu, lui aussi, disciple de Jésus. Il alla trouver Pilate pour demander le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna qu’on le lui remette.
Prenant le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul immaculé, et le déposa dans le tombeau neuf qu’il s’était fait creuser dans le roc. Puis il roula une grande pierre à l’entrée du tombeau et s’en alla.
Or Marie Madeleine et l’autre Marie étaient là, assises en face du sépulcre.Le lendemain, après le jour de la Préparation, les grands prêtres et les pharisiens s’assemblèrent chez Pilate, en disant : « Seigneur, nous nous sommes rappelé que cet imposteur a dit, de son vivant : “Trois jours après, je ressusciterai.” Alors, donne l’ordre que le sépulcre soit surveillé jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent voler le corps et ne disent au peuple : “Il est ressuscité d’entre les morts.” Cette dernière imposture serait pire que la première. »
Pilate leur déclara : « Vous avez une garde. Allez, organisez la surveillance comme vous l’entendez ! »
Ils partirent donc et assurèrent la surveillance du sépulcre en mettant les scellés sur la pierre et en y plaçant la garde.