Homélie du 3e dimanche du Temps Ordinaire

28 janvier 2020

Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs.
Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.

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Texte de l’homélie :

Vous le savez, nous sommes le troisième dimanche du Temps Ordinaire, et le Pape François a souhaité que ce dimanche soit appelé le Dimanche de la Parole, afin qu’elle soit mise en avant et proclamée.
Nous sommes également à la fin de la semaine de l’unité des Chrétiens, et cela a à voir avec cette démarche de l’œcuménisme.
Il est cependant bon de se rappeler que nous ne sommes pas une religion du livre. Il arrive que l’on parle des « religions du livre » et que l’on inclue le Christianisme dedans, mais c’est pourtant une erreur. Nous sommes la religion de la Parole, et c’est bien plus fort. Nous croyons que Dieu agit dans Sa Parole :

« Au commencement était le Verbe et le Verbe était Dieu…. »

Dieu donne la vie par Sa parole

Ainsi, nous croyons en cette parole qui s’est fait chair. C’est pourquoi la Parole a une importance considérable dans notre Foi. Et nous croyons que la Parole effectue ce qu’elle dit, notamment dans les sacrements : quand le prêtre dit « Ceci est mon corps, ceci est mon sang », ou « Je te pardonne tous tes péchés », c’est la parole de Dieu. Elle agit à travers la parole du prêtre qui fait que les offrandes se transforment ou que les péchés de la personne qui se repend sont pardonnés.

Ainsi, il est important de redire que nous croyons en une parole car, au fond, tout commence par une parole : « Et Dieu dit », et cela fut… La manière dont Dieu manifeste Son amour, c’est d’abord par Sa parole.

« Et le verbe s’est fait chair, et Il a habité parmi nous. »

C’est la manière d’aimer, la Parole de Dieu qui a pris notre nature humaine et qui est venu habiter notre humanité, et qui le fait encore par le Saint-Esprit et par les Chrétiens qui sont baptisés et insérés dans cette parole.

La parole nous met en mouvement

Il est intéressant de voir que la parole nous met en mouvement. C’est quelque chose de fort, à tel point que – pour un certain nombre d’entre-vous qui se sont donné le sacrement de mariage - c’est par cette parole qui a été donnée il y a 5, 10 ou 30 ans qui a engagé toute une vie.
Dans cette culture de l’image, il est bon de rappeler que la parole - en particulier cette de Dieu – est un acte créateur.

La parole de Dieu, elle est performative, c’est à dire qu’elle accomplit ce qu’elle dit, comme on en donnait l’exemple précédemment : « Ceci est mon corps ; Ceci est mon sang… »

Lors de l’appel des disciples, on voit bien que c’est par Sa parole que Jésus appelle. Vous savez que Jésus n’a écrit aucun livre, pas même une phrase… Il n’a jamais pris un parchemin ni un papier… le seul moment où l’on sait qu’Il écrit, c’est dans le passage de la femme adultère où Il trace des choses sur le sable. Il n’y a pas d’autre passage qui fasse référence à ce que Jésus aurait écrit. Ce sont les évangélistes qui ont écrit. Et c’est un signe à prendre au sérieux : seule Sa parole compte, d’où l’importance de la prédication.

Dans l’appel des premiers disciples, la soudaineté de l’action est surprenante :

« Venez à ma suite, et je ferai des vous des pécheurs d’hommes. »
Et aussitôt ils le suivirent… »

Nul homme n’a parlé comme cet homme ! Et on le voit dans d’autres passage de l’Evangile, on peut en être étonné : la Parole de Jésus vient toucher le cœur. Et nous mêmes, quand nous écoutons la parole de Dieu, nous savons combien cette Parole est vivante, et combien elle agit, et que selon les étapes de notre vie, elle éclaire notre vie. Et c’est en cela qu’il est utile de relire un certain nombre de textes de l’Evangile, car ils viennent donner un éclairage différent selon ce que nous avions perçu ou lu précédemment. Et avec ce cycle de trois année, on peut constater des différences.
C’est pour cela qu’il est important qu’elle soit proclamée, que nous puissions la lire à haute voix, car elle est plus qu’un livre.

On voit que Jésus appelle uniquement par Sa parole. Et l’on peut se demander ce qui a fait que ces hommes aient répondu à Son appel. C’est tout de même particulier : essayons donc de faire de même et d’appeler des inconnus dans la rue à nous suivre pour leur proposer d’être pécheurs d’hommes… ce n’est pas qu’une question de Foi ! Ce succès retentissant du Seigneur est remarquable car Sa parole réveille le désir.

Une parole qui réveille le désir

C’est ça qui est particulier : Il est Dieu, Il connaît le cœur humain - « Lui qui sonde le cœur et les reins » - et Sa parole vient réveiller en nous le désir, celui de répondre à un appel. Comment expliquer cette réponse subite des disciples, si ce n’est que parce qu’il y avait déjà un appel dans leur cœur.
Et, par Sa parole qui agit, le Seigneur a pu toucher, réveiller cette attente. Et on le voit à chaque rencontre, notamment avec Zachée. Rappelons-nous de l’histoire de ce collecteur d’impôts, ce « collabo » à qui Jésus déclare :

« Aujourd’hui, le Salut est entré dans cette maison…. »

Cette parole réveille le désir et pousse Zachée à dire :

« Je rendrai quatre fois ce que j’ai volé ! »

C’est bien parce que cette parole est efficace !

Prenons donc le temps de nous demander à nous-même quelle est la parole de Jésus qui nous touche. Nous aurions à garder l’une ou l’autre de Ses paroles, laquelle serait-ce ? Dites-moi quelle est la parole du Christ qui vous habite, qui vous parle intérieurement ? Cette parole que vous aimez vous redire car elle vous aide ?
Cela peut être une parole de Jésus, mais aussi une parole de psaume :

« Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurai-je crainte ? »

Cette parole que nous venons de chanter magnifiquement peut aussi être une source de vie…

Prenons conscience que chaque fois que l’on se répète une parole, qu’on la « rumine », il y a quelque chose de Dieu qui vient nous habiter. Ce n’est pas juste une parole de sagesse, des mots apaisants, un livre, un roman – si excellent soit-il – c’est Dieu Lui-même qui nous parle. Et parce que c’est Dieu Lui-même qui nous parle, Il agit selon ce qu’Il dit.

Ainsi, nous pouvons demander au Seigneur de nous laisser toucher par les appels qu’Il nous fait, parce que c’est bien d’appels dont il s’agit aujourd’hui. Laissons-nous toucher par les appels, ils sont nombreux dans notre vie. Il y a les grands appels de vie, ceux qui concernent les états de vie – la vie consacrée, la vie matrimoniale – mais aussi les appels concernant la vie professionnelle, dans la vie amicale et familiale, paroissiale…
Il y a des appels, des paroles qui nous sont adressés… Soyons attentifs, laissons-nous déplacer par cette parole, parce que c’est en elle que la vie de Dieu se donne.
Si cela nous touche, c’est parce qu’il y a déjà une « pierre d’attente » en nous-mêmes et ces quelque mots qui viennent d’être dits, que j’ai entendus, correspondent à ce que je porte. C’est ainsi que je comprends ce passage-là de l’Évangile : il y a une correspondance entre ce que portaient les quatre premiers disciples et cette parole adressée par Jésus.

Demandons alors au Seigneur d’être plus attentifs à cela, alors que nous sommes dans cette culture de l’image, de prendre conscience qu’il faut valoriser la parole au moins autant que l’image, et que nous donnions plus d’importance à la parole donnée.
Que nous donnions aussi une plus grande place à la Parole qui nous a été donnée, selon ce que le Saint-Père nous dit. Que nous y voyions une source de vie et que nous puissions commencer tout simplement par nous répéter cette parole du psaume :

« Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurai-je crainte…. »

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 8,23b.9,1-3.
  • Psaume 27(26),1.4abcd.13-14.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 1,10-13.17.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 4,12-23 :

Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée.
Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali.
C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : ‘Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations !
Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée.’

À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »
Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs.
Jésus leur dit :
— « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.

De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela.
Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent.

Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.