Homélie du deuxième dimanche de Pâques - Dimanche la miséricorde

17 avril 2023

Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

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Texte de l’homélie

Chers frères et sœurs,

En ce deuxième dimanche de Pâques, nous retrouvons l’incontournable Saint Thomas, le saint patron des incrédules. C’est l’étiquette qu’on lui a collée il y a deux mille ans : c’est celui qui a douté. A-t-il eu raison ou pas de ne pas croire trop vite et de demander des preuves ? Jésus ne répond pas à cette question, mais ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas son genre de se laisser séduire par n’importe quel discours et c’est une qualité.

Voyez-vous, frères et sœurs, la croyance de façon générale n’est-elle pas parfois plus proche d’une forme de naïveté que d’une forme d’intelligence. Et puis, il nous arrive à tous de douter. N’est-ce pas plus proche de la Foi que ne l’est l’incroyance ?

En ce sens, Saint Thomas avait raison d’être incrédule. Cependant, il s’est lui aussi trompé, car il avait cherché Dieu du côté du savoir et des preuves tangibles, en laissant de côté l’espace du croire et de la Foi. En cela, nous lui ressemblons beaucoup voire parfaitement, et notre monde aussi.

En cela aussi, nous l’expérimentons tous : voire pour croire. Car la Foi n’est pas si facile que cela. Voyez-vous, au temps de Jésus, vous l’avez entendu pendant le récit de la Passion, il y avait ceux qui voyaient Jésus avec leur cœur de chair, et pourtant, ils ne croyaient pas en Lui. C’est l’exemple, les grands prêtres du temple et de beaucoup à Jérusalem.

Il y avait aussi ceux qui le voyaient et qui commençaient à croire : c’était le cas de Thomas, des Apôtres et des saintes femmes.

Et depuis la mort de Jésus, depuis Son ascension, il y a ceux qui ne voient pas Jésus et qui ne croient pas non plus en Lui. Ce sont la plupart des personnes depuis deux mille ans.
Enfin, il y a ceux qui ne le voient pas avec les yeux de chair, mais qui croient en Jésus. Ce sont tous les bienheureux, frères et sœurs, j’espère que nous en sommes, nous les frères, et vous aussi les fidèles, et Blanche qui va communier pour la première fois, ainsi que vous, les scouts ici présent. C’est nous tous que Jésus proclame cette magnifique béatitude en ce matin, si étonnante qu’elle soit :

« Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! »

Pour nous y entraîner, frères et sœurs, il y a une très belle icône de Pâques qui nous est offerte à travers les différentes lectures : il s’agit de Saint Jean, le disciple bien-aimé de Jésus. Rappelez-vous à Pâques, devant le tombeau vide :

« Il vit et il crut. »

Mais qu’a-t-il vu ? pas grand chose, si ce n’est un signe « en creux ». Il est évident frères et sœurs, que la qualité de Jean, c’est qu’il était le disciple qui est allé le plus loin dans l’expérience d’amour, d’intimité et d’amitié avec Jésus. Rappelez-vous que c’est lui qui a posé sa tête sur le cœur de Jésus, c’est lui qui a accompagné Jésus jusqu’au calvaire, c’est aussi lui qui a pris Marie chez lui pour mère. C’est vraiment lui le champion du cœur et de l’amour. Et en jouant sur les mots, on pourrait dire que chez Jean, la logique du voir et du croire s’est comme inversée : ce n’est plus voir pour croire, c’est plutôt croire d’abord pour voir. Il met en premier la confiance en Jésus.

Il met en premier un amour vrai pour Jésus, peut-être pauvre, mais sincère. Et c’est à ce moment-là que les yeux de son âme se sont ouverts, c’est là que son cœur s’est dilaté et qu’il pu discerner progressivement et aimer ce qui ne se voit pas avec nos yeux de chair.

Vous avez entendu la première lecture qui nous décrit cette belle icône des premiers Chrétiens auxquels Saint Pierre s’adresse dans sa première lettre : sans avoir vu Jésus, vous l’aimez ! Vous ne Le voyez pas encore, mais en croyant, vous tressaillez d’une joie inexprimable et pleine de gloire !

Autrefois, ce deuxième dimanche de Pâques était appelé le « Dimanche de Thomas », mettant l’accent sur notre difficulté à croire en la Résurrection de Jésus. Il est important de reconnaître que la Foi n’est pas évidente. Nous avons tous à demander à Jésus de grandir dans la Foi et nous le demandons à chaque messe.
Mais, depuis peu, sous l’impulsion de Saint Jean-Paul II, nous savons que ce dimanche est aussi celui de la Divine Miséricorde. Cette proclamation plus récente souligne cette autre difficulté dans la Foi : croire que Dieu aime chacun de nous d’un amour inconditionnel avec ce que nous sommes. Cet amour n’est pas conditionné par nos péchés, total et sans retour, plein de miséricorde, comme aimait le souligne toujours le pape François.

Frères et sœurs, croire en la Miséricorde n’est pas gagné d’avance ! Nous pouvons nous interroger quelle est notre Foi en Jésus ressuscité, et, suivant les sondages, on sait qu’il y a encore un tiers des Catholiques pratiquants qui ne croient pas encore vraiment à Jésus Ressuscité. Reconnaissons qu’il y a encore du chemin à faire…

Croire en la miséricorde de Jésus, accepter d’être aimé chacun à ce point, que Dieu aie donné Sa vie pour moi peut sembler encore plus difficile à croire.

On raconte qu’un jour, Mère Thérésa rencontra un lépreux vraiment repoussant. Et pendant qu’elle le soignait, il lui demanda pourquoi elle faisait cela pour lui. Elle lui répondit :

« Parce que je vous aime ! »

On imagine bien que ce lépreux a du avoir du mal à le croire, lui qui était si rejeté. Et pourtant, frères et sœurs, comme lui, comme Jean et comme chacun de nous, il est donné ce matin de faire cette nouvelle expérience de cet amour de Dieu que rien ne peut arrêter depuis Sa mort suivie de Sa résurrection. C’est qu’Il vient au-delà et au travers de nos limites, de nos absences et nos misères.

Comprenons bien frères et sœurs que la Foi ne consiste pas à cocher des cases à la fin de chaque article du credo. C’est déjà très bien d’adhérer, mais ce sont des actes de Foi et de volonté au dessein de Dieu qu’il faut poser, en mettant nos tripes dans les raisons du Bon Dieu qui répond à cette question que nous pouvons nous poser : « Seigneur, pourquoi fais-tu cela pour moi ? », à quoi le Seigneur répond :

« Parce que tu as du prix à mes yeux, et parce que je t’aime ! »

Voilà, frères et sœurs, avec Blanche, nous allons refaire comme une première communion. Même si les anciens ont peut-être communié plus de mille fois. Tout à l’heure, nous pourrons peut-être redire à Jésus avec tout notre cœur :

« Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre des Actes des Apôtres 2,42-47.
  • Psaume 118(117),2-4.13-15ab.22-24.
  • Première lettre de saint Pierre Apôtre 1,3-9.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 20,19-31 :

C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit :
« Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! »
Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas :
— « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Alors Thomas lui dit :
— « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit :
— « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.