Homélie de la solennité de l’Assomption de la Vierge Marie

16 août 2012

« Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

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Texte de l’homélie :

« Tu es bénie entre toutes les femmes
et Le Fruit de Tes entrailles est béni ! »

Ainsi est la salutation Élisabeth à sa cousine Marie. Et nous faisons de même les uns et les autres lorsque nous prions le « Je vous salue Marie ». Comme Élisabeth, nous sommes dans la joie. Heureuse celle qui a cru en l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur.

En cet instant, frères et sœurs, Élisabeth perçoit le mystère de la Foi qui s’accomplit, qui s’est accompli en Marie : l’Incarnation du Verbe – le Verbe s’est fait chair en Marie – sa Foi qui s’exprime par son Oui. Son Fiat trouve ici sa plénitude d’expression dans son Assomption au Ciel, fêtée aujourd’hui.

Qu’est-ce que l’Assomption ?

Que veut dire pour nous aujourd’hui l’Assomption au Ciel de la Vierge Marie ? si nous prenons la définition du dictionnaire Larousse, c’est l’élévation et la présence corporelle de la Vierge Marie au Ciel après Sa mort. Cette définition est bien juste ! l’Église en a d’ailleurs fait un dogme qui a été proclamé par Pie X le 1er novembre 1950.

Nous fêtons le fait que Marie s’est endormie dans la mort et réveillée au Ciel. Les Orthodoxes parlent, eux, de dormition de la Vierge. Dans un extrait de la liturgie byzantine, voilà ce qui nous est dit :

« Dans Ton enfantement Tu as gardé Ta virginité,
dans Ta dormition, Tu as quitté le Monde,
Ô Mère de Dieu.

Tu as rejoint la source de la Vie,
Toi qui conçût le Dieu Vivant,
et qui, par Tes prières, délivreras nos âmes de la mort. »

Par quel miracle l’Assomption a t-elle pu s’opérer ?

Oui, frères et sœurs, Marie s’est endormie dans la mort, mais Elle n’a pas connu cette angoisse de la mort, comme nous-même nous pourrons la connaître, parce que Son passage s’est fait dans une continuité. C’est par une grâce particulière que Marie a connu cette élévation. Et nous pouvons remarquer que l’on parle pour la Vierge Marie d’élévation, d’Assomption, ce qui nécessite une intervention de quelqu’un. Pour le Christ, on parle d’Ascension : le Christ est monté vers Son Père, vers Notre Père. Mais l’action vient de Lui et non d’un tiers. Marie est « assomptée » par grâce, il lui faut un médiateur, et Jésus est cet unique médiateur. Dans le catéchisme de l’Église, comme dans le Concile Vatican II, le dogme de l’Assomption de ma Vierge Marie est repris. Je cite :

La Vierge Immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de Sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du Ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’Univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à Son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux du péché et de la mort.

L’Assomption de la Sainte Vierge est la participation singulière à la Résurrection de Son Fils, et une anticipation de la résurrection des autres Chrétiens.

Pourquoi la Vierge Marie a t-elle bénéficié de ce privilège ?

Dans cette définition, tout est dit de manière concise et précise. Marie est préservée du péché originel par grâce, en vue de la mission à laquelle Dieu la destine. La Foi de Marie, s’appuyant sur Sa confiance en Dieu Lui permet d’accomplir Sa mission. Cela veut dire aussi que la volonté de la Vierge Marie épouse la volonté de Dieu, sans faille, tout au long de Sa vie terrestre.
Et au soir de Sa vie, Elle se voit élevée par grâce, au Ciel, corps et âme.

Frères et sœurs, ce triomphe de la Vierge Marie est le seul véritable triomphe qui durera pour l’Éternité. Contrairement au triomphes éphémères que peuvent vivre certains personnages publics ou sportifs, qui sont des personnages importants de notre société. Pourquoi ? car l’Assomption de la Vierge Marie est le signe définitif de la victoire de Dieu sur le péché et la mort. À plus forte raison, en Marie par Son Fils, le Christ, c’est tout le genre humain qui est appelé à la Gloire du Ciel.

En quoi l’Assomption nous concerne t-elle ?

Aujourd’hui, nous fêtons la Vierge Marie, mais c’est notre fête à tous par anticipation. Les enseignements de cette fête sont immenses pour notre Foi. Marie est la première des rachetés. Elle nous montre le chemin de la victoire qui prend naissance dans l’acte de Foi que nous avons à poser.

La Foi doit prendre assise sur la confiance. Dieu est fidèle en ses promesses. Si l’homme n’est pas fidèle, Dieu, Lui, le restera. Sans cesse, Il reviendra vers nous, parce que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés. Si Abraham, frères et sœurs, est notre père dans la Foi, c’est parce qu’il a cru en l’accomplissement des promesse. Et par son obéissance, il s’est soumis à la Parole de Dieu. La Vierge Marie est la réalisation la plus parfaite de cette obéissance par la Foi. Lorsque Son Fils Jésus est mort le Vendredi Saint sur la Croix, que les disciples furent dispersés par la peur, l’incompréhension, le sentiment de l’échec, seule demeurait la Foi de Marie. Cette Foi récapitulait en elle toute la Foi de l’Ancien Testament, et la Foi de l’Église à venir.
Et Elle a cru avec une confiance inébranlable, malgré l’échec apparent, que Dieu pouvait ressusciter son Fils.

Comment la Vierge Marie agit-elle dans notre vie d’aujourd’hui ?

Tout acte de Foi de notre part prend naissance dans la Foi de Marie. Si une personne peut nous aider à faire grandir et fortifier notre Foi, c’est bien Elle ! Le catéchisme nous dit :

À partir du consentement qu’elle apporta par sa Foi au jour de l’Annonciation, et qu’Elle maintient dans sa fermeté sous la Croix, cette maternité de Marie dans l’économie de la Grâce se continue sans interruption, jusqu’à la consommation définitive de tous les élus.

Cela veut dire, frères et sœurs, que nous avons au Ciel une avocate. Bien qu’Elle soit montée au Ciel, elle continue à guider et à intercéder pour nous. Sa sollicitude pour nous est immense. Et comme le disait le Père Lamy, notre fondateur :

« Si la Terre volait en éclat à cause du démon et du péché des hommes, Elle en rapporterait les morceaux à Dieu pour qu’Il fasse Miséricorde. »

L’image de cette compassion et de cet amour pour les hommes, nous l’avons dans une représentation de l’imagerie populaire : je veux parler des Pieta, ces statues que nous trouvons dans nos églises, dans toutes les régions de France. Expression d’une dévotion qui en dit long sur l’âme d’un peuple qui a pris la Vierge Marie comme patronne principale.

Aimer et compatir, souffrir et aimer, faire silence et contempler, voir au delà des apparences pour entrer dans le mystère de Dieu… Marie monte au Ciel, c’est un triomphe, et c’est aussi toute l’Humanité rachetée qui monte au Ciel avec Elle.

En ce jour béni, demandons-Lui de nous faire entrer dans le Ciel de sa Foi pour participer avec Elle à la plénitude de la vision de Dieu,

Amen


Références des lectures du jour :

  • Livre de l’Apocalypse 11,19a.12,1-6a.10ab.
  • Psaume 45(44),11-12a.12b-13.14-15a.15b-16.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 15,20-26.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 1,39-56 :

En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.

Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte :
« Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi.

Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

Marie rendit grâce au Seigneur en disant :
« Mon âme exalte le Seigneur,
mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur.
Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !
Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères,
en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. »

Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.