Texte de l’homélie :
Mes biens chers frères,
Chaque jour, et plusieurs fois par jour, nous nous adressons à notre Père des Cieux et nous demandons que Son règne arrive, qu’il s’établisse définitivement sur cette terre pour notre plus grand bonheur. Et depuis le jour de notre confirmation, nous avons reçu toutes les grâces nécessaires pour travailler à l’avènement de ce règne.
Le Christ a été établi par Dieu, pasteur éternel de nos âmes, chef et tête de toute l’humanité rachetée par Son sang. Il est notre berger, celui qui nous guide et nous accompagne jusqu’au Royaume de Dieu, jusqu’à cette maison où notre Père attend notre retour, jusqu’au banquet céleste où nous fêterons dans la joie des noces éternelles l’alliance de Dieu avec Son peuple.
Dieu règne : Il règne sur toute la création et sur la destinée de l’homme. Il règne sur les personnes comme sur les peuples et rien n’échappe à Sa puissance et à Son autorité. Il a créé toute chose avec ordre et mesure mais le drame du péché a détruit cette harmonie, cette beauté originelles.
Le Père a envoyé Son Fils unique rétablir cette souveraineté divine en révélant aux hommes ce royaume de Dieu, ce règne de la justice, de la vérité et de l’amour, ce règne qui commence dans le cœur d’un homme, Jésus-Christ.
Dans Son humanité, le Verbe incarné réalise toute la justice et reçoit toute la grâce dont est capable un cœur humain, un cœur de chair. C’est Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, qui a terrassé les forces du mal par Sa victoire sur la croix. Par Sa résurrection, Il a brisé les portes de l’enfer. Son ascension manifeste aux hommes de tous les temps qu’Il a été établi par Dieu comme le Médiateur qui intercède efficacement pour Ses frères les hommes. Il est désormais assis à la droite du Père.
Nous-mêmes, le baptême nous a fait entrer dans Son royaume, nous dit saint Paul. Le Christ règne dans le cœur des justes, de tous ceux qui cherchent à être fidèles à la grâce. Il règne dans Son Église qu’Il gouverne invisiblement et qu’il préserve de toute souillure et de tout péché, Il règne chaque fois que l’Esprit Saint remporte une victoire sur l’erreur, sur le péché et le mensonge, Il règne chaque fois que l’Évangile est accueilli, répandu et annoncé. Il règne et Il proclame Ses droits alors qu’Il semble humilié et qu’Il comparaît devant Pilate.
En effet, Il s’est acquis ce royaume par Sa passion très sainte, par le sang de Son sacrifice.
Jésus jugera toutes les nations parce que Dieu le Père L’a établi roi, juge et pasteur de toute la Création. Dieu a enfin trouvé en Lui un pasteur selon Son cœur, capable de prendre soin de tout le troupeau immense de l’Humanité. Le Christ ressuscité et glorieux est littéralement le lieutenant du Père, Son ambassadeur, Son vicaire, Son fondé de pouvoir.
C’est ce que Dieu a promis jadis par la bouche du prophète Ezéchiel :
« Je susciterai pour le mettre à la tête de mes brebis un pasteur qui les fera paître, mon serviteur David : c’est lui qui les fera paître et sera pour eux un pasteur.
Moi, Le Seigneur, je serai pour eux un Dieu, et mon serviteur David sera prince au milieu d’eux.
Je conclurai avec eux une alliance de paix. »
Jésus-Christ est ce Messie, le nouveau David, dont la mort a rassemblé en un seul troupeau la multitude des hommes que le péché avait dispersé.
Nous-mêmes sommes appelés à servir ce royaume par une vie sainte, par le souci du bien véritable de ceux qui nous entourent ou que nous rencontrons. À tous, nous voulons offrir la grâce du salut par notre amitié, notre cordialité, notre disponibilité, notre sens du vrai et du bien. Nous voulons que chaque homme ouvre son cœur à l’amour de Dieu, qu’il découvre dans le Cœur de Notre Seigneur la source jamais tarie de la grâce rédemptrice, qu’il se consacre entièrement à ce divin Cœur afin de parvenir plus sûrement au Ciel, afin, aussi, de coopérer plus efficacement au salut du monde.
Mais, chers frères, il est un point qui doit attirer spécialement notre attention. Comme vous le savez sans doute, chaque fête liturgique a son histoire et il est essentiel de s’y référer pour pouvoir en tirer tout le fruit spirituel.
Or la fête liturgique du Christ Roi a été instituée en 1925 par le pape Pie XI en clôture de l’année sainte, ceci pour rappeler aux fidèles et au monde entier la suprématie du Christ, la réalité de son autorité y compris dans le domaine temporel.
Certes l’Église reconnaît et a toujours reconnu l’existence de réalités créées qui obéissent à leur propre loi de développement et de croissance. En ce sens, le christianisme n’a jamais été une théocratie où le pouvoir religieux devrait tout régir, tout ordonner et tout absorber. Non, l’Église a une mission qui est toute surnaturelle, celle de sauver les hommes en leur faisant connaître la personne et le message de Jésus-Christ. Pour le reste, elle ne peut donner que des principes généraux, rappelant que tout dans la société doit être ordonné au bien véritable de l’homme, à son développement intégral.
Cependant qui dit distinction ne dit pas séparation voire ignorance ou opposition.
Déjà les papes du XIXe siècle avaient condamné très fermement le laïcisme libéral qui consiste à ordonner la société selon des principes immanentistes en oubliant la finalité et l’orientation surnaturelle de tout homme.
Notre vingtième siècle a montré à quelles extrémités pouvait aboutir l’oubli des droits de Dieu et de l’homme. Face à la montée de la barbarie totalitaire, le pape Pie XI institua donc cette fête du Christ-Roi pour rappeler que le Christ règne non seulement sur les individus mais aussi sur les sociétés, les états et les communautés politiques.
Cette doctrine, qui appartient à la Révélation, a été encore rappelée par le Catéchisme de l’Église catholique.
Voilà, chers frères, ce que vient nous rappeler la fête du Christ-Roi.
Prenons donc la résolution de laisser la grâce du Christ régner sur toute notre vie,
Amen !
Références des lectures du jour :
- Lecture du livre de Daniel 7,13-14
- Psaume 93(92),1abc.1d-2.5
- Lecture de l’Apocalypse 1,5-8
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 18,33b-37 :
En ce temps-là, Pilate appela Jésus et lui dit :
— « Es-tu le roi des Juifs ? »
Jésus lui demanda :
— « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? »
Pilate répondit :
— « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? »
Jésus déclara :
— « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. »
Pilate lui dit :
— « Alors, tu es roi ? »
Jésus répondit :
— « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité.
Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »