Homélie du 27e dimanche du Temps Ordinaire

9 octobre 2012

« À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu’un.
Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »

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Texte de l’homélie :

Frères et sœurs,

Je voudrais attirer votre attention, votre prière et l’engagement de votre vie, sur des événements importants que l’Église va vivre ce mois te ces temps qui arrivent : aujourd’hui s’ouvre à Rome l’assemblée synodale pour la nouvelle évangélisation. Elle rassemble 260 évêques qui vont réfléchir avec le saint père sur ce sujet déjà entamé depuis 20 ans : la nécessité de l’évangélisation. La nécessité de laisser rayonner le Christ à travers tout ce que nous sommes : dans nos actes, dans nos paroles, dans le témoignage de notre vie.

Une nouvelle évangélisation qui vient du cœur

Si on parle de nouvelle évangélisation, ce n’est pas qu’il s’agit d’un nouvel évangile, ni de changer celui que nous avons. Souvenez-vous de Saint Paul qui insiste : « Vous avez reçu l’Évangile tel que je vous l’ai transmis », et dans l’Église, cette transmission a toujours été très importante. Ce n’est pas que l’Évangile ait changé, mais c’est que notre monde a changé : il ne faut pas que nous soyons en reste pour nous adresser nous adresser aux autres et approfondir notre Foi. Pouvoir dire d’une manière vivante et dynamique notre foi et descendre au fond de notre cœur, être fiers de notre Seigneur Jésus-Christ, de pouvoir le faire aimer et lever de grands disciples. Cette responsabilité concerne chacun et on en a conscience plus que jamais dans l’Église qu’il ne s’agit pas seulement de quelques uns.

Il est difficile d’évangéliser, il est difficile de parler de Dieu car ce n’est pas un sujet parmi d’autres. Non, il s’agit du témoignage de notre vie. Lorsque nous professons notre Foi, il s’agit pour nous de descendre au fond de notre cœur, et de ne pas simplement remuer et transmettre des mots. Pour cela, il faut vraiment demander la grâce de les comprendre, de les vivre, de les faire rayonner autour de nous.

Des docteurs de l’Église pour nous guider

En même temps en ce jour, le Saint-Père va élever au grade de docteur de l’Église deux Saints, et il est important d’y faire attention.

Saint Jean d’Avila

Il s’agit d’un prêtre diocésain espagnol : Saint Jean d’Avila qui a beaucoup écrit dans un temps troublé, qui a approfondi la doctrine spirituelle, insistant sur la manière d’apprendre à se connaître soi-même pour connaître le Seigneur. Il a été une source de vie pour beaucoup qui, dans son temps, se questionnaient, avaient soif de Dieu, mais ne savaient pas très bien comment avancer, et n’avaient pas beaucoup de soutien de toutes part. Il s’agit notamment de Saint Jean de Dieu, homme à la vie psychique troublée au départ, mais qui s’et vraiment converti vers le Seigneur et qui ensuite a ouvert des hôpitaux : Les frères de Saint Jean de Dieu, accueillant justement les personnes en difficulté psychique – entre autres.
Il y eu ensuite Saint Jean-François Borgia, et surtout Sainte Thérèse d’Avila, plus connue, la grande réformatrice du carmel, âme de grand feu, âme, qui se sent avide de miséricorde pour elle-même. Elle inquiétait même Saint Jean qui a su la guider de manière sûre.
Le Saint-Père nous le désigne pour emmener les fidèles, les religieux, les religieuses dans les voies de la vie intérieure, une vie personnelle avec Jésus. Car notre vie chrétienne n’est pas simplement l’accomplissement de quelques rites, ou de quelques fonction symboliques de notre vie, mais elle en est vraiment le cœur, elle en est vraiment le centre et le « moteur ».

Sainte Hildegarde von Bingen

A côté de Saint Jean d’Avila, vous avez cette femme étonnante de vie : Sainte Hildegarde von Bingen, un peu connue pour ses recette culinaires et médicinales, connue aussi pour ses chants – on en connaît encore 67 écrits de sa part, mais aussi pour sa doctrine spirituelle et sa vision du mystère de Dieu. En notre temps, c’est marquant de renouveler la vie spirituelle par une femme théologienne. Elle a une vision plénière de l’homme avec cette attention au corps, cette attention à la sensibilité et à l’intelligence, et aborde le mystère de Dieu d’une manière entière et globale.

Les lectures de ce dimanche répondent aux grands anniversaires de cette semaine

Dans le milieu de la semaine, avec jeudi 11 octobre, le cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile ainsi que le vingtième anniversaire de la publication du catéchisme de l’Église catholique. C’est à travers tout cela que le pape nous invite à approfondir notre foi tout au long de cette année. Que ce ne soit pas simplement des mots, ni quelques gestes, quelques moments dans notre vie, mais que ce soit vraiment ce cœur de notre vie, et que ce cœur puisse rayonner.

Vous vous souvenez de la phrase du prophète Isaïe :

« Si vous ne croyez pas, vous ne tiendrez pas. »

Il le dit dans un moment de grande détresse, de catastrophe politique, économique, et à la fois culturelle de son pays. Et il nous redit cela : nous avons besoin de nous réapproprier notre foi. Et le Saint-Père nous engage justement à réétudier, à regarder, à relire, à prendre connaissance, à se nourrir des textes du Concile, ainsi que de ceux de notre catéchisme pour que cette foi soit vivante et qu’elle puisse rayonner.

Vous le savez bien, cela se chuchote, cela se dit, avec des points de suspension, mais il en va de notre existence comme chrétien. Si nous nous laissons porter, si nous prenons simplement quelques petits éléments, nous en tiendrons pas. Il faut qu’à plein cœur nous rentrions dans cette vie, dans une vie spirituelle, dans une vie intérieure, dans une vie de relation avec le Seigneur, parce que nous sommes se disciples et que nous sommes appelés à garder ses commandements et à les laisser rayonner dans notre vie pour qu’ils fassent du bien à tous.

Dans les lectures d’aujourd’hui, je voudrais prendre l’épître aux Hébreux. Dans ce thème de notre foi à approfondir, le petit passage que nous avons lu est de manière étonnante comme un résumé de notre foi. Premièrement, il nous montre Jésus vrai dieu et vrai homme. Ce n’est pas dit dans ce mots là, mais dans toute la réalité quand l’auteur – un disciple proche de Saint Paul - nous dit :

« Jésus qui sanctifie et les hommes qui sont sanctifiés sont de la même race. »

C’est vraiment ce regard sur Jésus vrai dieu-vrai homme. Il n’y a que Dieu qui sanctifie. Si Jésus sanctifie, c’est qu’Il est Dieu. L’homme par lui-même, par ses propres forces, ne peut pas se sanctifier. Mais en même temps, les hommes qui sont sanctifiés, qui reçoivent cette grâce, savent qu’Il est de la mêle race. C’est vraiment Dieu qui vient nous visiter. Il est vraiment ce verbe, cette parole essentielle et unique, effigie de la substance de Dieu qui vient nous communiquer la parole du Seigneur.

Ce Jésus, Il est aussi le Messie, Celui que nous attendons. C’est Lui seul qui peut nous apporter le salut, qui peut nous mettre dans notre vocation et nous donner cette vie que Jésus appelle « éternelle », qu’Il nous invite déjà de commencer. Et si on l’a par cette citation du psaume 8 qui nous est donnée ici : Jésus, un peu moindre qu’un dieu, abaissé un peu au dessous des anges et maintenant, nous le voyons couronné de Gloire. Il est ce messie qui nous est donné, Il est ce sauveur. Il est Celui qui va venir nous racheter et nous donner cette dimension à notre foi. Il faut que nous puissions le regarder vrai dieu-vrai homme, et aussi comme Celui qui vient nous apporter le salut.

Dans cette lecture, nous avons aussi cet accomplissement du salut qui se fait par la Croix. Il se fait par la Croix et la résurrection de Jésus, par cette offrande de Jésus à Son Père de tout ce qu’Il est, de tout ce que nous sommes pour les rejoindre jusqu’aux lieux les plus éloignés, le lieu dans lequel on pensait que Dieu ne pouvait pas venir, dans la souffrance, dans la mort. Mais, Il va transfigurer notre vie, Il va lui redonner tout son sens. Nous avons à l’apprendre, nous avons à le découvrir, nous même, nous qui raisonnons bien souvent avec les éléments simplement que nous donnent la culture, la société de notre temps. Si elles ont choisi de s’éloigner de l’Amour du Seigneur, nous avons à réintégrer ces notions-là pour les comprendre. Et ce n’est pas facile. Vous savez comme moi que cela est paradoxal, notamment dans cet évangile : « Heureux les pauvres… Heureux ceux qui pleurent… ». Comment le comprendre, comment le vivre ? Mais, il y a urgence.

Et dans ce troisième point de cette souffrance, de cet amour de Jésus sur la Croix, dans la souffrance, de cet Amour de Dieu qui n’est pas interrompu mais qui est encore là et qu’Il nous invite à vivre, nous avons vraiment à le comprendre : « Comment cela se peut-il ? Comment Jésus peut-il nous sauver ? par quelle autorité ? le Messie ne devait-il pas être roi ? on pensait aussi que le Messie devrait être prêtre pour pouvoir agir efficacement. Mais Jésus se présente comme un laïc qu’Il est.

Si vous regardez bien dans le texte, voici une petite expression qui peut nous sembler tout à fait étonnante : « Il était normal qu’Il mène à sa perfection, par sa souffrance, Celui qui est à l’origine du salut de tous. ». L’expression « qu’Il mène à sa perfection » ne vous semble t-elle pas étrange ? car Jésus, vrai homme-vrai dieu, est déjà parfait. Alors, qu’est-ce que cela veut dire ?

En réalité, c’est une expression technique qui était justement réservée aux grands prêtres, pour leur intronisation. Et c’est ce que signifie l’auteur de la lettre aux Hébreux : par Sa croix, et Sa résurrection, Jésus est intronisé comme grand prêtre, c’est à dire comme intermédiaire valable, efficace, qui nous met en relation avec Dieu, qui nous met vraiment en relation avec Lui. Non pas en relation avec des succédanés de sagesse et de religion, mais d’une manière plénière, efficace, qui correspond à notre cœur, et qui veut à chaque instant nous apprendre à nous relever et à vivre de cette plénitude de la vie que le Seigneur nous donne.

Voyez, on pourrait dire que ces événement sont un peu lointains et qu’ils regardent l’Eglise seulement. Non, c’est vraiment une grâce qui nous est donnée, qui est répandue en ces jours sur toute l’Église et pour laquelle il nous faut rentrer en travail, pour laquelle il nous faut vraiment entrer avec le cœur et nous approprier ce message de Jésus à nous rapprocher de Lui et à entre dans Sa compagnie pour que beaucoup, pour que les multitudes puissent avoir la vie,

Amen


Références des lectures du jour :

  • Livre de la Genèse 2,18-24.
  • Psaume 128(127),1-2.3.4-5c.6a.
  • Lettre aux Hébreux 2,9-11.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 10,2-16 :

Un jour, des pharisiens abordèrent Jésus et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient :
— « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »
Jésus dit :
— « Que vous a prescrit Moïse ? »
Ils lui répondirent :
— « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. »
Jésus répliqua :
— « C’est en raison de votre endurcissement qu’il a formulé cette loi. Mais, au commencement de la création, il les fit homme et femme.
À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu’un.
Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »

De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question.
Il leur répond :
— « Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre est coupable d’adultère envers elle. Si une femme a renvoyé son mari et en épouse un autre, elle est coupable d’adultère. »

On présentait à Jésus des enfants pour les lui faire toucher ; mais les disciples les écartèrent vivement.
Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit :
— « Laissez les enfants venir à moi. Ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. »

Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.