Texte de l’homélie
Frères et sœurs, il m’est arrivé il y a quelques jours de me cogner la tête, cela doit vous arriver aussi. J’en ai encore une bosse. Mais, il est vrai que cela n’a eu aucun impact sur votre vie.
Par ailleurs, chaque jour, il nous arrive une multitude d’informations. La plupart sont vraies, je l’espère, mais elles aussi n’ont aucun impact direct sur notre vie.
En ce jour, nous fêtons le Christ Roi de l’Univers, et il n’y a rien de plus vrai ! cela avait été prophétisé par Daniel, puis par le témoignage de Saint Paul. Mais avant cela, Jésus Lui-même le confirme.
La question est de savoir si cette vérité est une simple information qui n’aurait aucun impact sur notre vie, ou est-ce au contraire une réalité qui va toucher le concret de notre vie…
En méditant l’évangile de ce jour, j’ai redécouvert avec étonnement une chose intéressante : Pilate, cet homme si intelligent, n’a pas su voir que la vérité, c’est quelqu’un de très concret avec un visage qui, à ce moment, se tenait sans défense, debout, devant lui.
Alors, ne faisons pas trop vite un procès à Pilate, car, avouons-le, dans notre vie, en surfant sur des vagues au détriment de la vérité, il nous arrive aussi de ressembler un petit peu à Pilate. La peur, la lâcheté, les mondanités, les bavardages ou la préservation de nos intérêts personnels, tout cela existe dans notre vie.
Frères et sœurs, ô combien la vérité ne cesse de souffrir à travers les siècles… et pourtant, nous le savons, personne ni rien ne pourra la faire mourir ! La fête du Christ Roi l’atteste particulièrement.
Alors, frères et sœurs, c’est le moment de dire que nous y croyons vraiment : le Christ est le Roi vainqueur et vous avez raison de vous être rassemblés en ce matin dans cette chapelle pour venir chanter et célébrer le Roi des Rois ! Voici la dimension prophétique que nous sommes appelés à vivre dans notre monde : vous attestez par votre présence et votre joie que vous annoncez ici et maintenant la victoire définitive du Christ-Roi sur le mal. Nous réactualisons cela tous les dimanches, d’ailleurs, car nous faisons partie de l’équipe des vainqueurs. Est-ce que vous y croyez ? oui, même dans ce monde aujourd’hui.
Je rencontre des Chrétiens à qui il arrive de douter en constatant que le mal semble dominer dans notre histoire, un peu comme une équipe sportive qui serait amenée à rencontrer une équipe réputée plus forte… La partie est souvent serrée, mais pas toujours.
Soyons-en convaincus, frères et sœurs, avec l’Église, nous sommes toujours gagnants, à tous les coups !
En ces temps de réouverture de cathédrale Notre-Dame de Paris, je me rappelle d’une petite histoire que certains connaissent et que l’on peut trouver dans certains manuels de management. Il s’agit de trois tailleurs de pierre qui devaient sculpter chacun une pierre identique, comme on l’a fait aussi sur notre chantier. En allant poser la même question à chacun d’entre eux : « Monsieur, que faites-vous de beau avec votre pierre ? », on pouvait obtenir des réponses différentes :
- « Je taille une pierre. », répond le premier
- « Je construis un mur… » dit le deuxième
- « Je bâtis une cathédrale ! » déclare enfin le troisième.
Nous découvrons là trois artisans qui réalisent la même chose mais qui ont une vision complètement différente de ce qu’ils font. Il est évident que tailler une pierre juste pour lui donner une forme est moins enthousiasmant que de bâtir une cathédrale.
Frères et sœurs, en ce jour de la fête du Christ Roi, le Seigneur nous rappelle que, malgré le contexte mondial inquiétant, malgré la beauté des astres qui disparaîtront, nous sommes avec Jésus l’équipe toujours gagnante. Nous participons déjà à une œuvre exceptionnelle - bien plus encore que la cathédrale de Paris, si majestueuse soit-elle – celle d’un royaume de bonheur qui demeurera pour toujours. C’est ce que nous fêtons à chaque Eucharistie. C’est énorme ! De quoi chanter, chers amis, ces magnifiques chants dédiés au Christ-Roi, aujourd’hui et tous les jours de notre vie, de quoi l’adorer vraiment, cela nous procure une joie inexprimable et durable…
Certes, au quotidien, nous avons du mal à percevoir ce royaume, même avec de bonnes lunettes… Et avec beaucoup de finesse, Saint Jean écrit dans son évangile :
« Nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas vraiment. Un jour, nous serons semblables au Christ, et ce jour là, nous Le verrons tel qu’Il est. »
Devenir semblables au Christ ! quelle beauté, quelle humilité du Christ Roi qui nous partage cette destinée d’être comme Lui.
Frères et sœurs, nous le savons, ne nous y trompons pas, le Royaume de Dieu n’a rien avec le faste qui entourait le Roi Soleil à Versailles… Le Royaume de Dieu est infiniment plus grand et nous invite à célébrer, à accueillir, à féconder les fruits de son Esprit Saint qui nous font tant défaut dans notre vie – moi le premier – et que Jésus nous donne à chaque instant, si nous avons confiance en Lui : la bienveillance, l’amour désintéressé, l’humilité, la vérité, la compassion, comme Saint Paul nous les décrit. Voici le règne du Christ qui traverse les siècles et que rien, absolument rien, ne peut détruire, où que vous soyez.
Frères et sœurs, pour terminer, ne cessons pas de faire ce travail de vérité, ça suppose d’être vrai devant Dieu, d’accepter que nous avons besoin de Lui, d’admettre qu’Il « a le droit » de nous gouverner. Il ne le fera jamais contre notre liberté, mais c’est tout de même Lui qui peut le faire car Il est notre unique Roi, Celui qui est, qui était et qui sera toujours, qui seul peut nous donner une joie qui ne s’explique pas parce qu’avec Lui, nous sommes déjà des rois et des reines. Nous le savons par notre baptême.
Le fait que le Christ soit roi change tout, car cela nous change ! Alors, à chacun de nous de Le laisser régner dans le concret de notre vie,
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre de Daniel 7,13-14.
- Psaume 93(92),1abc.1d-2.5.
- Livre de l’Apocalypse 1,5-8.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 18,33b-37 :
En ce temps-là, Pilate appela Jésus et lui dit :
— « Es-tu le roi des Juifs ? »
Jésus lui demanda :
— « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? »
Pilate répondit :
— « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? »
Jésus déclara :
— « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. »
Pilate lui dit :
— « Alors, tu es roi ? »
Jésus répondit :
— « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »