Texte de l’homélie :
« Chrétien, qui es-tu ? »
Chers frères et sœurs, permettez-moi de détourner légèrement la lettre de Saint Paul aux Éphésiens que nous avons lue pour la deuxième lecture en une image tout à fait naïve et quelque peu caricaturale.
Chrétien, qui es-tu ?
Nous avons souvent cette image du Chrétien rempli d’humilité, de douceur, de patience, qui sait supporter ses frères et garder l’unité dans la communauté, qui garantit la paix entre les hommes. La question que je me pose c’est : faut-il coller à cette image qui paraît « gentille ». Être chrétien, serait-ce ne pas souffrir de nos soucis, être « au dessus de la mêlée » comme « celui qui a une solution à tout » et que rien ne dérange, un peu comme l’eau qui coule sur la plume du canard, parce qu’il est sûr de son chemin.
Le Chrétien serait-il irréprochable, généreux, serviable, « bon à l’école » et plus tard, « bon au boulot » ?
Si c’est vraiment cela être chrétien, alors, j’ai envie de dire qu’il faudrait peut-être revoir notre pratique, revoir notre réponse, parce que nous serions en train de perdre notre temps. Des livres de sagesse et de philosophie asiatique pourraient suffire à notre quête tiède.
Non. Ce n’est pas seulement cela, être chrétien.
Être chrétien en profondeur
Être chrétien, c’est vivre par Lui
Être chrétien c’est d’abord mettre le Christ au centre de sa vie. Le Christ est le squelette de mon édifice, c’est la vie de mon être, c’est le moteur de mes désirs. Le Christ est Celui qui me donne la force de vivre quand la souffrance et la lâcheté, la maladie et la mort semblent avoir pris le dessus. Si vous êtes là aujourd’hui, si nous sommes là, c’est pour célébrer le Christ. Notre Seigneur Jésus vient nous nourrir de Son Eucharistie.
Vous, les jeunes, vous l’avez adoré hier dans son Saint Sacrement posé sur l’autel. Hier, vous lui avez demandé de vous pardonner. Hier encore, vous lui avez demandé de se pencher sur votre misère pour qu’Il vous renouvelle, pour qu’Il vous redonne la vie, pour qu’Il vous ressuscite avec Lui. Aujourd’hui, si votre cœur est prêt, vous pourrez le recevoir par sa Sainte Communion. Non pas parce que vous le méritez, bien sûr, mais bel et bien parce que vous en avez besoin, parce que vous avez faim et soif du Dieu vrai et bon.
Si nous célébrons aujourd’hui l’Ascension, c’est à dire l’absence sensible de Jésus, c’est parce qu’Il est monté au Ciel et qu’Il a disparu aux yeux des apôtres. Cette fête nous rappelle que notre vie est bâtie avant tout sur le Christ, et tout spécialement sur l’Espérance que nous avons en Lui.
Être chrétien, c’est L’annoncer
Car, Il est monté au Ciel, certes, mais Il va revenir, et nous l’attendons de pied ferme ! Cette assurance nous est comme un devoir. Elle est le sens de notre vie. Nous devons donc en vivre, et nous devons aussi l’annoncer contre vents et marées. C’est cela être chrétien. C’est l’annoncer à tout l’univers par l’offrande de nos vies. C’est pour cela que nous, les frères, nous avons donné notre vie comme religieux. C’est pour cela que nous sommes heureux d’avoir répondu à l’appel du Seigneur pour vivre avec Lui, tout en attendant Son retour. C’est un lieu de joie, c’est un lieu de croissance. C’est parfois difficile, mais, c’est la vie vraie et véritable.
C’est dans ce sens-là aussi que nous avons beaucoup d’admiration pour les familles qui donnent généreusement la vie et embellissent l’Église. Cette Église dont nous faisons tous partie, et dont nous sommes le corps, comme nous l’a redit Saint-Paul – « Et le Christ en est la tête ». Cette Église qui est le visage même de Dieu sur la Terre. Si les gens disent que Dieu n’existe pas, qu’Il n’est pas bon, à nous de nous poser la question.
Alors, permettez moi de vous rappeler trois évènements :
- Noël dernier, par la fête la Nativité, le Christ, nous a montré le prix de notre vie. Dieu nous a ainsi manifesté la dignité de l’homme. Cet événement a bouleversé l’univers tout entier. Dieu si grand et si puissant a pris la peine de s’abaisser jusqu’à se rendre présent dans notre pauvre corps. Cela nous montre combien notre corps à du prix au yeux de Dieu.
- La fête de Pâques, que nous avons fêté il y a 40 jours, nous a donné la joie. En effet, le Christ a souffert de nos souffrances, mais surtout Il est mort et ressuscité. Pas seulement pour nous sauver, il y a 2000 ans, mais pour nous assumer lors de notre propre baptême. Nous sommes passés par son propre corps. Sa mort nous sauve de la mort. Sa vie nous donne la victoire de la vie sur la mort.
- Aujourd’hui, nous fêtons l’Ascension, nous donne l’espérance. Jésus quitte ses disciples selon le mode de présence sensible qu’Il avait accepté de maintenir lors de nombreuses apparitions pendant ces 40 jours de temps. Le mystère d’absence, que semble annoncer l’Ascension, est en fait un temps de joie et de présence bien plus profonde du Fils dans le monde, par l’Esprit Saint qui doit étendre au cœur de tout homme, le salut procuré par la croix. Dans ce départ, Jésus demande à son Église de poursuivre son œuvre de Fils bien-aimé, voyant en tout homme habité par l’Esprit, un ami. Connaissant tous les désirs, tous ses secrets, cet ami peut pleinement agir en Son Nom. Dieu a besoin des hommes et remet à son Église tout pouvoir, lui promettant sa présence personnelle jusqu’à la fin des temps. A la Pentecôte, nous fêterons l’assistance continuelle de l’Esprit Saint qu’Il nous a donné. Dès cet instant, l’Église est invitée à vivre, en chacun de ses membres, de ce retour du Christ vers le Père et étendre au monde entier le feu d’amour qui n’a cessé de consumé le cœur de Jésus.
À propos du retour du Christ…
L’Ascension se terminera par ce que l’on appelle la parousie, c’est à dire le retour du Christ dans sa gloire, qui viendra pour mettre un terme à l’histoire des hommes. Il a promis d’être avec nous, tout les jours jusqu’à la fin du monde. C’est le temps que nous vivons, temps de présence invisible de Jésus qui se manifeste par la réalité de l’Église, par ses sacrements, par ma prière quotidienne. Par la réalité de l’Église que vous êtes.
En regard de la misère et de la violence du monde, certains sont tentés de croire que Dieu nous a abandonnés. J’ai la certitude qu’Il n’en est pas ainsi. Dieu est avec nous, Il est tout près de nous, mais nous a laissés à notre liberté et nos responsabilité. Un peu comme le fit Dieu avec Adam, après lui avoir confié la direction de toute sa création. Il est de notre responsabilité de lui permettre d’être présent pour changer le monde. Dieu à besoin de nous pour répandre la Paix.
Aujourd’hui, même si nous nous sentons seuls, nous sommes dans le lieu de la joie, de la vie et de la confiance que Lui : Il fait de nous ses ambassadeurs dans un monde qui a tant besoin de Lui…
Pour cela il nous manque encore la force et le courage pour nous lancer. Il faudra attendre la Pentecôte. Mais une certitude ravive notre espérance. C’est que le Christ, vrai Dieu et vrai homme, est retourné auprès de son Père d’où Il était descendu. Il nous ouvre un chemin et nous prépare une place pour un bonheur éternelle.
Qu’est-ce qu’un catholique ?
Une Vie : est catholique celui qui sait que sa vie a du prix, et que par son baptême, il possède en lui la vie même de Dieu. Il peut en profiter dès maintenant, mais il se prépare aussi pour un bonheur a venir.
Une Joie : est catholique celui qui place sa joie au dessus des plaisirs faciles que propose la société. Cette joie est de se savoir sauvé, racheté par le Christ. Par sa mort et sa résurrection, il nous donne de vivre de Lui, par l’Eucharistie et la Confession. S’endormir le soir sans Lui présenter sa journée pour voir les signes de Sa présence. Serait aussi insensé que de demander à notre cœur de s’arrêter de battre, pour se reposer un peu !
Une Espérance : est catholique celui dont le regard ne s’arrête pas aux évènements du monde, aux échecs et aux humiliations. Il est celui qui porte un regard plus loin, comme au delà du simple espoir que cela se passera bien ou mal. Cette certitude est l’assurance ferme que le Christ est au milieu de nous. C’est la certitude qu’Il habite en nous, et que par moi, Il veut habiter le monde. Dieu a besoin de moi, pour apporter la vie, la joie et l’Espérance au monde d’aujourd’hui, à mes contemporains.
« Alors malheur à moi si je n’annonce pas la vie, la joie et l’espérance. Malheur à moi, si je ne laisse pas brûler ce feu en moi. »
Alors et alors seulement, je peut reprendre les mots de Saint Paul :
« Ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, ayez à cœur de garder l’unité dans l’Esprit de Dieu par le lien de la paix. »
Une seule femme a su faire ainsi l’unité dans sa vie. Avoir une telle cohérence entre ce qu’Elle portait en Elle et ce qu’Elle à offert à ses voisins et au monde entier. C’est la Vierge Marie. Offrons lui notre vie. Mettons nous sous son assistance pour que le monde jouisse de la vie, de la joie et de l’espérance.
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre des Actes des Apôtres 1,1-11.
- Psaume 47(46),2-3.6-7.8-9.
- Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens 1,17-23.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 16,15-20 :
Jésus ressuscité dit aux onze Apôtres : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné.
Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils chasseront les esprits mauvais ; ils parleront un langage nouveau ; ils prendront des serpents dans leurs mains, et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. »Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu.
Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout la Bonne Nouvelle. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.