Texte de l’homélie :
« Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là ! »
Quelques chapitres auparavant, on a entendu la femme de Samarie dire :
« Donne-moi toujours de cette eau que je n’aie plus à venir puiser… »
Sur le même sujet, Jésus dit :
« Je suis le pain de vie : qui mange de ce pain n’aura plus jamais faim. »
Les lectures d’aujourd’hui nous font aborder le don du « pain vivant », de l’Eucharistie, le don Jésus Lui-même par le mystère de la messe d’une lumière inhabituelle pour les prédications, et qui pourtant est au cœur de toutes les célébrations. Ce pain de vie représente une mise à l’épreuve : notre rencontre avec le Christ va-t-elle réduire le pain vivant donné par Dieu à notre mesure, comme lorsque Jésus dit :
« Vous me cherchez non pas parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez rassasiés de ce pain. »
De l’autre côté, c’est la plainte des Hébreux : « Il nous a fait sortir d’Égypte pour nous faire mourir dans le désert, là où il n’y a rien à manger » regrettant les marmites de viandes et les moments où ils mangeaient à satiété.
Voilà notre cœur qui est mis à l’épreuve à la rencontre du Seigneur et spécialement dans ce don de Jésus dans l’Eucharistie : qu’y a t-il dans notre cœur ?
Réduisons-nous le Seigneur à nous-même ou nous ouvrons-nous à Son mystère ? Voilà ce qui est donné de méditer, en écho dans la deuxième lecture : « Ne vous laissez pas guider par le néant de vos pensées, par les choses vaines », ce qui est traduit dans le psaume 118(119) à la 5e strophe par les idoles.
« Que cherchez-vous ? »
Qu’est-ce que nous cherchons, quel est notre moteur ?
Dans sa prédication des audiences générales, le Pape François parlait mercredi dernier du premier commandement : « Tu adoreras Dieu seul ». Il disait que c’est important que nous puissions découvrir nos idoles, ce après quoi nous courons, ce qui est notre moteur.
Et lorsque nous commençons à les discerner et que nous sommes capables de les jeter par la fenêtre que commence la vie de la grâce…
Nous avons tous des idoles : ce sont des projections des choses, des projets, ce qui pour nous devient notre absolu, notre moteur et qui passe avant la réalité, avant la charité et les relations avec les autres. Tout peut devenir une idole, même les choses les plus saintes – et le Pape nous prévient de cette réalité – et nous sommes appelés à revenir à ce message du Seigneur, à nous laisser transformer, accueillir comme la Samaritaine, même avec les difficultés que cela suppose, comme on le voit avec les apôtres à la fin du discours du pain de vie, quand tout le monde veut partir car Ses paroles sont trop fortes. Jésus les interroge, et Pierre a ce sursaut :
« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la Vie éternelle !… »
Il prouve ainsi son attachement à Jésus. L’épître aux Éphésiens le montre aussi : qu’est-ce qui devient pour nous si absolu, si important.
Et il nous invite : nous sommes comme les Hébreux au désert, à Capharnaüm, nous cherchons l’objet de notre convoitise, qui nous entraîne dans l’erreur, comme dit Saint Paul.
Lors de la rencontre avec Jésus à l’Eucharistie, avec Son corps et Son sang, avec Sa Parole, demandons d’être vraiment renouvelés, transformés, pour laisser notre pensée du cœur profond – l’esprit d’intelligence comme dit Saint Paul – son fond, son ressort, qu’il soit habité par l’esprit du Seigneur, les paroles de Jésus, le souffle de Jésus, pour que ce soit Sa charité qui nous fasse vivre.
« Revêtez l’homme nouveau ! »
Cette comparaison avec un vêtement est pour nous inviter à nous débarrasser du vieil homme. Regardons nos idoles sans penser trop vite que ce sont les autres qui en ont – ou encore les gens d’autrefois qui faisaient des petites statues…
Je vous invite à relire le récit de l’audience du Saint Père qui montre très bien que cela naît de notre intelligence : on se prosterne devant des idées, des visions, des désirs qui nous tiennent.
Demandons au Seigneur de nous visiter, de nous permettre de nous laisser interroger, de Le rencontrer pour qu’Il purifie notre cœur. Quittons cette impression que ces idoles nous donnent la vie, ou du moins la sauvegarder….
Mais la vie ne se prend pas, Dieu nous l’offre sans cesse.
Il nous offre notre vie, les dons qu’Il a mis dans notre cœur.
Pour les faire fructifier, confions-nous au Seigneur et demandons-Lui de pouvoir Le rencontrer en vérité,
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre de l’Exode 16,2-4.12-15.
- Psaume 78(77),3.4ac.23-24.25.52a.54a.
- Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens 4,17.20-24.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 6,24-35. :
En ce temps-là, quand la foule vit que Jésus n’était pas là, ni ses disciples, les gens montèrent dans les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus.
L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent :
— « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? »
Jésus leur répondit :
— « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés.
Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. »
Ils lui dirent alors :
— « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? »
Jésus leur répondit :
— « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »
Ils lui dirent alors :
— « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ? Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l’Écriture : ‘Il leur a donné à manger le pain venu du ciel.’ »
Jésus leur répondit :
— « Amen, amen, je vous le dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel.
Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »
Ils lui dirent alors :
— « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. »
Jésus leur répondit :
— « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. »