Texte de l’homélie :
Vous l’aurez compris, le thème de ce dimanche, avec la métaphore de la vigne ainsi que dans la deuxième lecture, et avec ce mot qui revient sans cesse : « Demeurez… »
Comment pouvons-nous demeurer en Dieu ?
Est-ce possible de demeurer en Lui ?
Dieu peut-Il faire en nous Sa Demeure ?
Il ne s’agit pas simplement d’appartenir à un parti, ou se ranger sous des ordres, c’est laisser passer la vie.
Ici, avec la parabole de la vigne, image prise maintes et maintes fois dans la Bible depuis Noé jusqu’à Jésus, on entend :
« C’est mon peuple ! C’est ma vigne, le plan de choix… »
Et parmi les huit plantes qu’il y a dans la Bible, la vigne est vraiment le plan de choix. Dans la loi, par exemple, s’il y a des dommages comme un agneau que l’on a écrasé par mégarde, il faudra donner la meilleur part de la vigne. C’est vraiment un signe et c’est pour cela qu’elle est choisie dans ce texte.
« Tu sera mon peuple et je serai ton dieu… »
C’est cette alliance, c’est cette même vie qui passe. Le Père est le vigneron, et l’image est quelque peu surprenante, car il est dit qu’il est à la fois la vigne et les sarments, alors que cela fait tout un pour nous. Cela signifie que c’est la même chair.
Et dans la première lecture, on va nous apprendre « comment ». Il n’est pas simplement question de partager des croyances ou de demeurer de manière affective, mais d’un conseil plus profond : « n’aimons ni de discours ni de mots ».
On connaît bien la capacité de l’homme, soulignée par Saint Paul : la difficulté de l’homme croyant est de dire et de ne pas faire, de rester dans les idées abstraites sur Dieu.
Alors, l’expérience qui nous est proposée par Saint Jean dans sa lettre est assez étonnante : Comment allons-nous reconnaître que nous demeurons ? Souvent, nous nous laissons illusionner à la lumière du monde, même lorsqu’il s’agit de porter du fruit : ce serait faire de grandes œuvres, de belles choses… Et l’on voit bien qu’avec Jésus, ce n’est pas dans cette dynamique que nous nous sommes appelés, et la preuve en est la fin de Sa vie, avec le mystère de la Croix.
Et c’est dans ce mystère que le grand fruit va être donné pour notre Père, cette vie Eternelle, cette vie plénière qui nous sera donnée ainsi.
Pour appartenir en vérité, la première chose qui nous est donnée c’est d’ouvrir notre cœur, de laisser notre cœur être apaisé. Non pas de recevoir la paix que le monde donne, mais de recevoir Sa paix, celle qui va apaiser notre cœur, nous sortir de cette inquiétude et nous permettre de vivre cette rencontre où Dieu va nous établir, ou comme disait l’oraison :
Et nous allons pouvoir passer de ce cœur qui nous accuse, qui accuse les autres et le monde, qui est toujours dans la plainte au sujet des difficultés, à cette assurance, parce que nous savons reconnaître l’œuvre de Dieu.
Et l’on voit que dans la lettre de Saint Jean ainsi que dans l’Évangile de ce dimanche, on retrouve les mêmes paroles :
« Demander tout ce que vous voulez et cela se réalisera pour vous. »
Tout ce que nous demandons, nous le recevons de Lui, Il prend nos demandes en compte. Qu’elle est grande cette connivence avec le Seigneur !…
C’est pour cela que nous avons à garder Ses commandements.
Quel est ce commandement à suivre ?
Pour garder ce lien avec le Seigneur, il nous faut mettre notre Foi en Lui et nous aimer les uns les autres, comme Lui il aime comme un père. Comme chaque créature est pour Dieu comme Son unique, Son trésor, ainsi que notre frère soit ce trésor pour nous… Que mon cœur ne soit pas indifférent à celui que je croise, au premier que je rencontre.
Quant à cette rencontre de la Foi, au choix de mettre sa foi dans le Seigneur, ce n’est pas simplement intellectuel : oui, je pense qu’il doit bien y a voir quelque chose, que le Seigneur est fort…
La Foi c’est un engagement : mettre nos pas dans Ses pas, nous laisser être touchés, bouleversés par Sa paroles.
Dans l’Évangile, on parle de l’émondage. Qu’est-ce que cela signifie ? Un synonyme pourrait être la purification : nous sommes purifiés par Sa parole.
Il nous faut apprendre à écouter la parole de Dieu, comme si nous ne l’avions jamais entendue, laisser cette parole toucher notre cœur et nous apprendre à mettre nos pas dans Ses pas.
Ce n’est pas très facile car les paroles de Jésus ne sont pas l’aune du monde et de nos attentes : elles nous ouvrent toutes sur l’impossible. Car la Foi c’est ce qui rend possible ce qui était impossible, c’est le champ de Dieu.
Nous sommes invités à laisser notre cœur être purifié.
Vous le voyez bien, dans l’Évangile, les apôtres vont de déception humaine en déception humaine avec Jésus. Mais, ils se laissent déplacer petit à petit. Jésus leur dit au chapitre 13, quand Il célèbre la Pâques :
« Vous êtes déjà purs… »
Puis ici, il y a encore la même chose. C’est cette parole que nous avons à recevoir de manière neuve. La difficulté pour nous Chrétiens et pour nous frères qui passons à l’office tous les jours des paroles de Dieu, c’est d’être touchés par le syndrome de la cinquième : « on connaît déjà ! l’évangile on connaît déjà… » et on ne va pas plus loin…
Nous risquons de nous habituer à cette parole qui est pourtant faite pour pénétrer nos cœurs.
Demeurez, cela signifie aussi laisser passer cette sève, laisser passer la vie de Dieu, aimer comme Dieu aime.
« Celui qui garde mes commandements, Dieu demeure en lui. »
Et voici comment nous reconnaissons qu’Il nous a donné part à Son esprit : ce n’est plus l’esprit du monde, ni l’esprit de cette victoire à la manière du monde, mais c’est ce regard de Dieu qui nous fait confiance, qui nous appelle à la vie, qui nous appelle à chaque instant à embrasser une vie plénière.
Que la nous portions pour nous, que nous la portions pour notre prochain. Que cette espérance nous guide cette semaine et tout au long de notre vie,
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre des Actes des Apôtres 9,26-31.
- Psaume 22(21),26b-27.28-29.31-32.
- Première lettre de saint Jean 3,18-24.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 15,1-8 :
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.
Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage. Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite.
Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent.
Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous.
Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. »