Texte de l’homélie :
(Cette homélie a été donnée dans le cadre d’une retraite pour les 25-35 ans sur le thème du discernement « Des bonnes bases pour les bons choix de 2015 » )
La Sainte Famille est-elle vraiment catholique ?
On peut se poser la question comme je l’avais fait devant les AFC en présentant la manière d’accompagner les jeunes en couples.
— Est-ce que vous êtes sûr que vous voulez que vos enfants imitent le modèle de la
Sainte Famille ?
— Oui, bien sûr mon Père !
— Vous voulez que votre fille soit enceinte avant le mariage ? d’un Père mystérieux ? et que le mari ne soit pas le Père ? Vous voulez vraiment ça ?
Alors là, tout d’un coup, ils ont réalisé que cela n’était pas forcément leur souhait…
Et c’est intéressant de voir qu’entre le modèle bourgeois de famille - en grande partie hérité du XIXe siècle - et ce que nous dit la Sainte Famille - qui est vraiment sainte - et il n’y a aucun doute là-dessus, il y a comme un hiatus !!
Que se passe-t-il dans la Sainte Famille ? Si Joseph n’avait pas pris Marie chez lui suite à l’annonciation qu’il a reçue de la part de l’ange, eh bien tout simplement la Vierge Marie aurait été lapidée, et lapidée devant la porte de ses parents. Elle était déjà promise, et être enceinte avant d’être mariée, ce sont des choses qui ne se font pas. Voilà l’histoire de la Vierge Marie si Joseph n’avait pas dit oui à cette annonciation, à cet appel.
Je disais ce matin combien la vie des autres parfois dépend de la réponse que nous donnons à l’appel de Dieu. Là, c’est vraiment le cas à l’extrême.
Qu’est-ce qui fait que la Sainte Famille est Sainte Famille ? C’est le mystère de Dieu, c’est le mystère de chaque personne. Ce n’est pas une liste de codes moraux, de choses qui se font ou ne se font pas, un code de bienséance… Non. Ce qui fait que la Sainte Famille est un modèle, c’est qu’elle a accueilli Dieu et le mystère de Dieu manifesté dans chacune des personnes qui la composent. A commencer par la Très Sainte Vierge qui a accepté cette maternité divine, suivie par St Joseph. La Sainte Famille est sainte parce qu’elle a vécu de foi, d’abord. C’est la source de la sainteté. Et cela doit nous rappeler que la sanctification passe aussi par cette dimension de foi. Et lorsque je prépare des fiancés au mariage, je leur demande s’ils ont un regard de foi l’un par rapport à l’autre. Comment est-ce que vous reconnaissez l’autre ?
Est-ce que vous le voyez comme un don de Dieu, un don du Ciel, un cadeau de la vie ?
Chacun met des mots différents en fonction de son avancée spirituelle. Quel est le regard que vous portez sur l’autre ? Et ça c’est capital : ’avoir un regard de foi. C’est-à-dire un regard qui découvre le mystère de Dieu présent dans le cœur de l’autre. Reconnaître que Dieu agit dans son cœur et à travers sa vie.
Et pour nous, c’est très clair que la Sainte Famille représente cet accueil d’un nouveau regard qui permet une nouvelle fécondité. Ce qui est au cœur du mystère de la Très Sainte Vierge, -on l’apprend lorsqu’on fait un peu de théologie mariale- c’est le mystère de la maternité divine, elle est mère de Dieu. Et toutes les autres grâces qu’elle a reçues, de l’Immaculée Conception jusqu’à l’Assomption, sont autour de cette maternité divine, de cette fécondité mystérieuse qui ne vient pas de l’homme mais de Dieu. C’est autour de cette fécondité mystérieuse que s’organise toute la vie de Marie.
Alors pour nous, je pense qu’il en va de même. Même si nous n’avons pas encore formé de famille. En quoi puis-je vivre ce que nous dit la Collecte du jour :
Est-ce que déjà la contemplation de la Sainte Famille ne peut-elle pas vous aider à former votre cœur, à préparer votre cœur à un jour former une famille (pour ceux qui y sont appelés). Est-ce que ce n’est pas d’abord en vivant de foi aujourd’hui et maintenant ? En vivant de foi par rapport à ce vide laissé par le célibat, subi et non choisi pour bon nombre d’entre vous ? Est-ce que vous avez un regard de foi par rapport à ça ? Ou est-ce que vous vous morfondez, vous accusez Dieu, ou vous accusez vos "ex" ou autre…
Comment vivez-vous cela ? Est-ce qu’au fond le Seigneur ne vous demande pas aussi, comme à la Sainte Famille, de découvrir le mystère de Dieu qui se cache dans ce que vous vivez aujourd’hui et maintenant.
N’attendons pas demain pour porter du fruit, n’attendons pas demain pour être fécond. N’attendons pas pour donner cette fécondité qui vient de la foi, d’une vie spirituelle, d’une vie intérieure, et qui sera source d’une vie de charité, d’amour, d’amour envers les uns et les autres d’abord dans nos familles, mais aussi envers les plus démunis… Chacun a un appel particulier. Dans cet appel-là, si vous vivez de foi, il y a déjà une fécondité qui se réalise dans votre vie, à l’exemple de la Sainte Famille qui a vécu de foi. Et elle a vécu de foi tout au long de sa vie. Parce qu’une chose est d’avoir l’apparition d’un ange comme la Très Sainte Vierge a eue, autre chose est d’être au pied de la croix plus de trente ans après et vivre encore de foi ! Le Pape Jean-Paul II disait :
« Marie a enfanté par la foi. »
C’est vrai que cette confiance en Dieu que nous avons à vivre, mariés ou non mariés, avec un célibat choisi ou subi, cette confiance en Dieu est de tous les moments. C’est cette confiance en Dieu qui fait que je vais pouvoir porter du fruit, et un fruit qui demeure.
Alors oui, laissons-nous entraîner dans cette contemplation de la Sainte Famille. Essayons de découvrir notre fécondité là où nous en sommes sur le plan spirituel, quelques soient nos chemins spirituels souvent bien différents. Là où vous êtes, le Seigneur vous rejoint, Il veut pour vous une fécondité, il veut pour vous que vous portiez du fruit. Laissons-nous toucher par ce modèle de la Sainte Famille qui au-delà des convenances nous rappelle la primauté de l’amour de Dieu et sa grâce qui permet de nous tirer des ténèbres pour nous conduire à son admirable lumière.
Amen.
Références des lectures du jour :
- Livre de la Genèse 15,1-6.21,1-3.
- Psaume 105(104),1b-2.3-4.5-6.8-9.
- Lettre aux Hébreux 11,8.11-12.17-19.
- Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2,22-40 :
Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur.
Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui.
Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.
Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :
« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole.
Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui.
Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère :
« Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage, demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.
Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.