Solennité de l’Epiphanie du Seigneur

10 janvier 2012

« Les nations marcheront vers Ta lumière, et les rois vers la clarté de Ton aurore. »

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Texte de l’homélie

Les nations marcheront vers Ta lumière, et les rois vers la clarté de Ton aurore.

Oui, frères et sœurs, nous célébrons aujourd’hui l’Épiphanie de notre Seigneur, une fête à laquelle sont attachées quelques traditions populaires comme la Galette des Rois, avec sa fève, sa couronne. Tradition dont le charme ne doit pas toutefois nous faire perdre la réalité profonde de cette solennité.
Déjà , l’étymologie du mot Épiphanie nous dit beaucoup. En grec, elle signifie faire briller, rendre visible, porter à la connaissance. Une épiphanie consiste à manifester ou faire connaître quelque chose qui était auparavant caché, scellé. En fait, l’Épiphanie, qu’est-ce donc sinon une révélation, et, quelle révélation ! c’est ce que nous sommes invités à redécouvrir ensemble.

Une révélation bouleversante

L’évangile et les textes nous disent que cette révélation est celle d’un merveilleux dessein de Dieu sur Sa Création. Tous les hommes, même ceux qui ne le connaissent pas encore sont destinés à se rassembler autour d’un petit enfant dont on dit que c’est un roi, et dont la présence est précieuse pour le monde. Voilà ce que nous apprennent ces personnes que Matthieu nomme mages, et dont il nous dit, ni qu’ils sont rois, ni qu’ils sont trois, mais qu’ils sont venus d’Orient à Bethléem en passant par Jérusalem. Sans doutes habitués à scruter le ciel, ces hommes ont reconnu dans une étoile un signe. Il sont vu, ils ont cru, et se sont mis en route. Arrivés à Jérusalem, ils interrogent :

« Où donc est le roi qui vient de naître ? nous sommes venus l’adorer ».

Mais, à Jérusalem, on s’inquiète au sujet de cette naissance. Alors que la Création elle-même manifeste le Messie Sauveur, que les mages reconnaissent Son signe et se mettent en quête de Lui, voilà que le monde se divise à son sujet, prêt à faire couler le sang.

La question de ces païens en recherche à Hérode ne comblera guère celui-ci de joie ; une bonne réponse, certes, selon les écritures, mais qui immobilisera t-elle, cependant ? et nous savons combien ce conflit sera mortel. 2000 ans plus tard, cette terre, pourtant si sainte, n’aura pas trouvé la Paix. Jérusalem n’a pas reconnu la gloire du Seigneur se lever sur elle, elle n’a pas accueilli sa lumière, elle n’a même pas levé les yeux sur ses fils venus d’au-delà des mers avec des richesses des nations. Elle ne s’est pas réjouit avec les gens de sabbat, avec eux , elle ne s’est pas prosternée.
Mais l’Étoile conduira jusqu’à la porte du Royaume ceux qui cherchent avec droiture. Et Matthieu nous le confirme, ces chercheurs païens incirconcis, venus d’au-delà des frontières même d’Israël, iront reconnaître et adorer celui que les croyants privilégiés n’ont pas jugé conforme à l’idée qu’ils s’en faisaient. Et voici que déjà, ils entrent, ces chercheurs.

« Ils voient l’Enfant avec Marie, sa mère.
Ils tombent à genoux et se prosternent, ils ouvrent leurs coffrets et offrent leurs présents : de l’or, de l’encens, de la myrrhe. »

Une scène très simple, sans aucune parole, et pourtant un mystère immense. Un bébé dans une mangeoire qui attire à lui, devant qui le monde entier se prosterne avec les mages, un lieu tout petit et bien pauvre, une étable qui, soudain, rassemble la Terre entière à qui l’Eglise présente, par les mains de Marie, le nouveau-né comme son trésor.

Tout se résume en deux mots qui disent deux attitudes : Adoration et Offrande.
Expression de la reconnaissance du mystère auquel nous sommes nous aussi conviés pour y découvrir à travers les regards et les gestes de Joseph et de Marie un amour indicible, reflétant l’infini de l’Amour Trinitaire.
Voilà, frères et sœurs, ce que nous révèle l’Épiphanie.*

Celui à qui sont offerts les trésors des nations païennes, celui qui brille, comme une lumière dans les ténèbres, ce bébé emmailloté, tout frêle et si fragile, n’est autre que le Messie, le Christ, Vrai Dieu et Vrai Homme, recevant l’or en tant que roi messianique, l’encens en tant qu’Il est Dieu, et la myrrhe en tant que mortel , selon la réalité de ce que l’on appelle l’Incarnation.

Ainsi, la venue des mages éclaire le mystère du Christ dont parle Saint Paul aux Ephésiens dans notre deuxième lecture, mystère que Dieu n’avait pas encore fait connaître, et par son initiative bienveillante, Il vient maintenant de révéler. Et combien ce roi du peuple saint nous reste encore aujourd’hui, toujours et sans cesse à découvrir. Son étoile messagère tantôt fait signe et disparaît, revient et s’arrête pour éclairer notre nuit et nous conduire au berceau de Celui vers lequel tout converge.

Les mages auraient-ils compris la densité et la profondeur du geste qu’ils ont fait ? Sans doutes, cependant, frères et sœurs, l’Épiphanie ne s’arrête pas là, car voici que les mages sont avertis en songe de repartir par un autre chemin.

Nous sommes appelés à devenir « Épiphanie »

Cette précision notée par Saint Matthieu n’est peut-être pas anodine : celui qui a vraiment rencontré Dieu dans sa vie peut-il encore continuer exactement la même route ? sa voie n’est-elle pas soudain changée, sa vie renouvelée, peut-être reprend-il ses activités habituelles dans son pays…
Cependant, ne serait-ce pas autrement ? car, une fois que nous nous sommes prosternés, que nous avons rencontré la lumière, comment pourrions-nous encore laisser nos frères dans les ténèbres ? Tandis-que tous sont associés au même héritage, nous dit Saint Paul, au même corps, au partage de la même promesse dans le Christ-Jésus, il semble finalement, frères et sœurs, que l’Épiphanie nous rappelle un aspect fondamental de notre être et mission de baptisé. Ne serait-ce pas là un message catholique, c’est à dire universel qu’en ce jour, l’Église et chacun reçoit de Dieu ?

Oui, c’est certainement aussi cela, l’Épiphanie : un rappel à l’Église qu’elle est cette communauté qui, continuellement au cours de son histoire, doit rendre manifeste le mystère de cet enfant qui rassemble aujourd’hui nos regards, ce Jésus Créateur et Roi du monde, Christ Sauveur et Lumière des Nations, qui seul peut ouvrir aux hommes la porte de leur vrai bonheur. C’est pourquoi l’Église tout entière doit être Épiphanie. Et il est bon de se le rappeler en cette année où l’Église, à travers le Pape, nous invite à la mission.

Dès lors, que souhaiter en ce début d’année d’un nouveau millénaire ? que les chrétiens soient une foule d’étoiles qui se lève de par le monde afin que les hommes, aussi nombreux que possible, issus de toutes langues, races et cultures, rencontrent le Christ et reconnaissent en lui le Chef, sans qu’il ait un pouvoir menaçant, qui les conduira sur le chemin de la Vie.

Conclusion

C’est une aventure passionnante, mais c’est aussi, frères et sœurs, une tâche énorme. Mais elle n’en demeure pas moins une aventure vécue et annoncée par l’Adoration des mages, une aventure qui doit se poursuivre dans l’activité ordinaire de chacune de nos existences quotidiennes et donc, par la transparence de nos vies au Dieu Trinité.
Alors, aujourd’hui comme hier, oui, Dieu continue de se révéler, et pour cela, Il a besoin de chacun. Mais, gardons-nous d’oublier le Mystère de Noël. C’est celui de l’Emmanuel, Dieu avec nous. Autrement dit, dans cette aventure passionnante et redoutable, nous ne sommes pas seuls, même si aujourd’hui, le signe qui nous est offert est fragile comme un nourrisson…

Frères, laissons chaque jour guider par l’Étoile, vénérons notre Roi, notre Dieu, prosternons-nous devant Celui qui est venu effacer nos offenses, vénérons l’Agneau qui sera vainqueur de la Mort. Oui, frères, chaque jour, faisons silence, regardons : la Vierge Marie t’offre un petit enfant. C’est ton Dieu, venu te donner la Vie,

Amen


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 60,1-6.
  • Psaume 72(71),2.7-8.10-11.12-13.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens 3,2-3a.5-6.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 2,1-12 :

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent :
« A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple. »

Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Sur ces paroles du roi, ils partirent. Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant.

Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie.
En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.