Texte de l’homélie :
Mes biens chers frères,
Au moment où nous avons repris le cours ordinaire de nos activités, voici que l’Église, par sa liturgie, nous replace au centre de notre foi chrétienne : Dieu donne sa vie pour nous afin que notre existence soit déjà un signe de la vie éternelle.
Il est d’usage de prendre au début d’année de bonnes résolutions… Nous pourrions prendre celle-ci qui nous est suggérée par la prière d’ouverture - ou collecte - de cette messe : garder les commandements du Seigneur, accueillir sa parole afin de parvenir à la vie éternelle.
Accueillir comme un enfant, avec confiance et abandon, la volonté de Dieu sur notre vie, coopérer à Son plan de salut sur nous et sur nos proches. Voilà quel devrait être notre prière, une prière qui est sûre d’être exaucée puisqu’elle consiste à demander que la volonté de Dieu se fasse en nos vies comme elle s’est faite dans la vie du Christ, de la Vierge Marie et de tous les saints.
En ce dimanche, donc, Jésus annonce à ses apôtres Sa passion, et, nous dit l’évangéliste saint Marc :
« Les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger… »
Effectivement, nous n’aurons jamais fini d’entrer dans le mystère de l’amour de Dieu pour nous. Il nous a envoyé Son propre Fils, l’objet de toutes ses complaisances, pour nous sauver. Et Jésus, le Fils de Dieu, a donné Sa vie pour nous.
Notre Dieu a choisi le chemin le plus dur pour nous manifester son amour de Père et le Fils n’a rien épargné de Sa propre existence pour nous octroyer le don du Saint-Esprit qui fait de nous réellement et véritablement des fils de Dieu.
Lorsque l’homme aime, il est capable de faire des choses bien difficiles. Il se surpasse littéralement. Mais lorsque c’est Dieu qui aime, Il met toute sa puissance créatrice au service du bien de Ses enfants. Il ne leur demande en échange qu’un peu d’abandon, de confiance et de courage.
Nous comprenons bien que les disciples soient dans un premier temps un peu dérouté par les paroles du Sauveur. Et pourtant l’Ancien Testament donne bien des exemples de prophètes et de justes envoyés par Dieu et qui connurent la contradiction et la persécution. Jésus est le premier des justes, Il est le premier des prophètes et Sa parole, Sa vie, toute Sa personne ont rencontré le refus et l’opposition. Dans son prologue, saint Jean l’Évangéliste nous dit :
« Il est venu parmi les siens et les siens ne l’ont pas accueilli. »
Et les paroles du livre de la Sagesse que nous venons d’entendre décrivent ce qu’a été Jésus et les raisonnements de ceux qui se sont opposés à Sa parole et à Sa personne : Il nous contrarie, Il s’oppose à notre conduite, Il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu et nous accuse d’abandonner nos traditions.
Bref, le Messie est quelqu’un de désagréable parce que Sa parole veut nous arracher à la mesquinerie du péché et à l’étroitesse de nos calculs humains.
De même aujourd’hui la prédication de l’Église rencontre les mêmes difficultés et les mêmes oppositions lorsqu’elles rappellent que les désordres, la violence et la haine ont leur source dans le cœur même de l’homme. Tous nous savons déployer des trésors d’ingéniosité pour justifier nos infidélités, petites ou grandes, aux promesses de notre baptême. Notre intelligence est comme obscurcie par le doute, notre volonté est paralysée par notre paresse et nos découragements et notre liberté reste trop souvent captive.
Cependant, le Christ, par Sa grâce, vient encore une fois nous délivrer. En accueillant tout évènement comme un don de Sa providence, en rendant humblement service, c’est-à-dire en nous préoccupant réellement du salut de nos frères, en cherchant à vivre tous les jours en présence de Dieu, comme un enfant qui ne vit que par et dans le regard de sa mère, nous faisons à Dieu une demeure en ce monde.
Oui, mes biens chers frères, vous l’aurez compris, la vie chrétienne est d’abord et avant tout un mystère d’accueil. Au jour de notre baptême, nous avons accueilli la vie de Dieu. Chaque fois que nous nous sommes révoltés, chaque fois que nous nous sommes éloignés de la maison paternelle - comme le fils prodigue - la tendresse de Dieu nous a incités à accueillir son pardon dans le sacrement de la Pénitence, pardon qui nous relève et qui nous rend notre dignité.
Nous avons accueilli la plénitude du Saint-Esprit dans le grand sacrement de la Confirmation.
Dans quelques instants nous allons accueillir le Christ qui vient en nous, selon une belle formule du Père de Condren : "pour vivre en nous dans l’esprit de Sa sainteté, dans la plénitude de Sa force, dans la perfection de Ses voies, dans la vérité de Ses vertus, dans la communion de ses mystères.
Apprenons de Marie à accueillir la Parole de Dieu, à accueillir le salut qui vient à nous chaque fois que nous voulons être fidèle, accueillons le mystère de notre vocation, accueillons tous les événements de notre vie comme autant de visitations de Dieu en nos existences, comme autant de missions qu’Il nous confie.
Voilà le secret de l’authentique sainteté chrétienne. Accueillir tous les jours et plusieurs fois par jour Celui qui veut faire UN avec nous, qui nous rend capables d’aimer, de pardonner, de prier vraiment et de faire de nos vies une offrande sainte.
Alors lorsque nous accueillerons notre sœur la mort dans la paix et sans crainte, nous serons pleins de courage et de confiance, nous appuyant non sur nos propres mérites mais sur la grâce de Dieu et sur l’honneur d’appartenir au Christ, confiants dans Sa parole puisqu’Il nous a promis au jour de notre baptême de nous accueillir dans Son Royaume, là où il n’y aura plus ni haine, ni jalousies, ni violence, là où nous espérons tous nous retrouver.
Amen !
Références des lectures du jour :
- Lecture du Livre de la Sagesse 2,12.17-20
- Psaume 54(53),3-4.5.6.8
- Lecture de la Lettre de saint Jacques 3,16-18.4,1-3
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 9,30-37 :
En ce temps-là, Jésus traversait la Galilée avec ses disciples, et il ne voulait pas qu’on le sache, car il enseignait ses disciples en leur disant : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. »
Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger.Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? »
Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand.
S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »
Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit :
« Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »