Homélie du 27e dimanche du Temps Ordinaire

7 octobre 2024

« À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair.
Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »

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Texte de l’homélie

« Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous. »

C’est vrai aussi pour le mariage : s’ils s’aiment l’un l’autre, Dieu demeure en eux.

« L’amour de Dieu atteint en nous sa perfection. »

Frères et sœurs, si vous avez bien écouté la Parole, les lectures de ce jour parlent nettement. C’est d’abord la bonne nouvelle du mariage, même si pour beaucoup d’entre nous, ce sujet est très délicat. Et malgré les souffrances qui sont liées au mariage – je pense à des séparations, à des situations conjugales compliqués, à la mort d’un conjoint ou au célibat non choisi – n’oublions pas que depuis l’origine, du temps d’Adam et Eve, le mariage a toujours été compliqué, attaqué, critiqué, dénaturé, foulé aux pieds, et c’est encore malheureusement vrai aujourd’hui. Et malgré tout, le mariage est une bonne nouvelle, selon la Bible, si nous avons la Foi.

Cela n’empêche pas les souffrances bien sûr, mais n’oublions pas la bonne nouvelle, car elle nous est donné à chacun, que nous soyons marié, divorcé, que nous célibataire ou prêtre.

En sommes-nous convaincus, frères et sœurs ? Ce n’est pas toujours facile, et nous pouvons nous interroger comment en le vivant ou en en parlant nous en sommes témoins. Comment encourageons-nous les jeunes d’aujourd’hui à se marier et comment essayons-nous, en tant que Chrétiens, de leur montrer en quoi c’est une bonne nouvelle, malgré tout ce qu’il y a de difficile et de compliqué aujourd’hui ?

Dans l’évangile de ce dimanche, au cœur d’une polémique sur le divorce, à une époque où la femme n’avait quasiment aucune place dans le couple car c’était une affaire d’homme, c’était déjà compliqué à l’époque.
Et Jésus n’entre pas dans cette discussion, Il ne juge personne, même pas Ses ennemis qui essayent de Le piéger. Quand à nous qui condamnons trop facilement ceux qui sont divorcés, et Jésus nous aide à ne pas le faire : Il revient à l’origine du magnifique projet de Dieu attestant que le mariage est une réalité d’amour, la plus belle qui puisse se vivre dans ce monde. Un homme et une femme qui s’aiment, c’est magnifique, surtout lorsqu’ils sont amoureux au départ.

C’est ce que Dieu a choisi en premier, et pour toujours, afin qu’ils soient un signe de Son alliance éternelle, indestructible, avec l’humanité. Quel courage… Et quelle humilité pour Dieu de choisir les couples sachant tout ce qu’il peut leur arriver par leur faiblesses. Mais ce n’est pas un souci car Dieu s’est engagé dans le couple par le sacrement de mariage.

Et étonnamment, par les textes que la liturgie nous donne, on voit que Jésus fait un lien entre les enfants et le mariage. Il y aurait beaucoup de choses à dire et c’est sans doutes d’abord et toujours pour que nous soyons émerveillés par les dons de Dieu, par le mystère du mariage avant de s’attarder sur ce qui ne va pas ou sur ce qui ne sais pas vivre, que je refuse de vivre parfois, dont je dois demander pardon…

Voyez, Jésus ne rentre pas dans les questions rigides comme cela nous arrive parfois, celles du permis et du défendu, car ça fait toujours mal. Tout ceci est loin de l’Évangile. La morale c’est important, mais ce n’est pas ce qu’il y a en premier. Et en bon Juif, Jésus ne répond même pas à la question, mais comme un petit enfant, Il va simplement rebondir par une autre question, en invitant à revenir à l’essentiel, à savoir d’abord accueillir le magnifique projet initial de Dieu sur le mariage, à entrer dans ce mystère d’une filiation divine.
Nous sommes d’abord et en premier appelés à être enfant comme on l’est dans les bras de sa mère. Les fils sont les fils du Père, et ils ont confiance en Lui au delà et à travers tout, et le mariage peut en être le signe.

C’est magnifique et c’est ce que nous célébrons à chaque messe : Jésus nous rappelle que la source de tout amour existe. C’est une alliance incassable, Dieu s’est engagé avec chacun de nous, avec toute l’humanité, dans le souci de le sauver.

Chaque mariage est célébré validement. Nous le savons, Dieu choisit de s’engager fidèlement. Il est avec eux non pas pour les juger, mais pour les aider à repartir tous les jours, à se re-choisir tous les jours, pauvrement, souvent très pauvrement. Il en fait un sacrement d’indissolubilité et nous sommes déroutés sur le plan moral, pensant même parfois que ce n’est pas possible.

Mais rappelons-nous que Dieu s’est engagé pour toujours, c’est indissoluble de Son côté, pour que le couple puisse s’appuyer sur cette indissolubilité pour avancer dans ce chemin de sainteté qui est possible. Jésus va même s’engager par la Croix à prendre sur Lui toutes nos infidélités et à provoquer à ce que nous entrions dans un chemin de réconciliation.

Dieu pousse tous les couples à vivre, à essayer de croire à ce grand mystère d’amour dont ils sont des signes.

Voyez, en union, en communion dans une prière de cœur à cœur avec Jésus, à travers les sacrements, au cœur de toutes nos difficultés les plus compliquées, l’amour de Dieu est toujours possible. L’amour est toujours possible avec Lui, il n’y a pas de chemin fermé, même pour les couples divorcés : Dieu ne les abandonne pas, et c’est une bonne nouvelle frère et sœurs !

Au commencement, Dieu a voulu que ce soit la femme créée après l’homme pour manifester à l’homme que c’est Lui qui est à l’origine de tout : c’est elle qui va le lui révéler dans un face à face d’amour. Avec elle, Dieu va venir au secours de leur amour, un amour que Dieu donne de façon inconditionnelle. Frères et sœur, il nous faut vraiment méditer sur cette parole qui est magnifique.

Il nous faut voir le mariage autrement que comme un problème, un de plus que nous avons à gérer dans notre vie : c’est d’abord une excellente nouvelle ! Il est mort et ressuscité pour ça, c’est un sacrement ! Il s’est engagé à nous donner à travers chaque personne et notamment dans le couple : Il donne Sa propre gloire ! Reprenez la deuxième lecture : Il est toujours là pour nous secourir là où nous en avons besoin. Ne nous laissons pas enfermer dans ce qui ne va pas.

Dans ce sens, méditez la deuxième lecture de ce jour qui est magnifique : elle est reprise dans cette merveilleuse catéchèse du Pape Jean-Paul II sur le mariage. Elle concerne même les personnes qui ne sont pas mariées, ne la laissons pas dans des tiroirs… Et Jésus invite toutes les personnes mariées, des plus jeunes aux plus anciens, à dire simplement, même si c’est peut-être plus facile à dire au début :

« Mon chéri, mon préféré, Dieu t’a confié à moi, tu es un don de Dieu, et je désire t’entraîner si tu le veux bien, avec mes pauvretés à mieux rencontrer Dieu, à la sainteté, à un bonheur qui ne s’explique pas, à avoir ce cœur d’enfant dont parle l’Évangile. »

Nous nous en éloignons si souvent, et nous avons besoin de nous entraîner mutuellement car Dieu nous le donne dans le mariage. Ce n’est pas simplement une complémentarité, c’est un don de Dieu pour que l’un et l’autre, dans la différence et dans la difficulté, s’entraînent à se tourner vers Dieu. Quelle chance !

Et si Jésus insiste sur l’accueil des petits enfants, ce n’est sans doutes pas parce qu’il n’aime qu’eux, mais c’est pour nous faire comprendre qu’il veut faire naître en nous le cœur d’enfant que nous avons souvent perdu. Redécouvrons le fils, la fille du Père qui est chacun de nous par le baptême et qui veut réveiller en nous, dans le couple, et dans toute vie chrétienne pour l’attirer à Lui, pour l’élever jusqu’à Lui à travers ce que nous avons à vivre chaque jour.

Pour les couples ici présents, je sais que ce n’est pas facile tous les jours, mais cet esprit d’enfance passe par des parole concrètes. D’une certaine manière, c’est aussi à vivre aussi en communauté…
Imaginons le mari qui dirait à sa femme :

« Tu es ma plus belle, celle que j’ai choisie et que j’essaie de choisir chaque jour…
Tu es ma préférée, mon amour pour toujours, parce que Dieu se manifeste à travers toi, aide-moi ! »

Pour en y faire allusion rapidement, il y a des gestes de tendresse qui peuvent confirmer ces paroles : prendre la main de son conjoint, se demander pardon en se prenant dans les bras, des échanges de regard doux et des câlins, si vous le faites au nom du Seigneur, c’est très bien. Impliquez Le dans tous ces gestes, car ça l’intéresse : c’est le signe que Dieu peut être aussi proche de nous dans la Foi.

Vous qui êtes pratiquants, de messe en messe, nous venons nous nourrir du corps et du sang du Seigneur, de cette alliance d’amour indestructible offerte à chaque messe. C’est vrai pour chacun d’entre nous mais spécialement pour les couples mariés : vous êtes appelés à devenir de messe en messe des icônes de la Miséricorde, et vous l’êtes déjà…

Alors frères et sœurs, avec Marie, n’hésitons pas à rendre grâce et à nous encourager les uns les autres à rester fidèles à Jésus, à accepter de Lui remettre vos infidélités en restant confiants en Sa miséricorde et croire que vous êtes capables, avec Son aide, d’être des témoins d’une bonne nouvelle, celle que Jésus est venu annoncer.

Je pense aussi à toutes celles et ceux qui ne sont pas mariés, qui sont divorcés, remariés civilement et à toutes ces situations compliquées : si vous avez bien écouté l’Évangile, il n’y a pas de jugement et la bonne nouvelle est que vous pouvez revenir à Jésus quelque soit votre situation. Mais il faut revenir, en Lui disant : « Je ne fais peut-être pas ce que Tu veux, je ne sais pas le faire, mais je m’appuie sur Ta fidélité et sur le témoignage des autres pour faire, moi aussi, peut-être de façon plus compliquée, un chemin de sainteté ».

Un chemin de bonheur est possible

Amen.


Références des lectures du jour :

  • Livre de la Genèse 2,18-24.
  • Psaume 128(127),1-2.3.4-5.6.
  • Lettre aux Hébreux 2,9-11.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 10,2-16 :

Des pharisiens l’abordèrent et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient :
— « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »
Jésus leur répondit : « Que vous a prescrit Moïse ? »
Ils lui dirent :
— « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. »
Jésus répliqua : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle. Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme.
À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair.
Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »

De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question.
Il leur déclara : « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle. Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère. »

Des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux ; mais les disciples les écartèrent vivement.
Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. »
Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.