Texte de l’homélie :
Soyez dans la Joie et rendez grâce en toute circonstance
Depuis le début de cette Eucharistie, nous ne cessons d’entendre cette parole. Exhortation de Saint Paul, qui pourrait peut-être nous faire penser spontanément d’abord à tous ceux qui « ont la vie belle » - il y en a sûrement – ou à tous ceux qui n’ont pas de fins de mois difficiles… On pourrait ainsi penser Miss France qui est dans la joie, ou à une équipe de football qui gagne une coupe. Et ainsi, on pourrait se dire : « ce n’est pas forcément pour moi », « ce n’est pas forcément pour nous ». Pourtant, même si nous ne faisons pas partie de ceux-là, peut-être, il est important que je vous rappelle que des joies humaines et des joies sensibles, nous en avons au moins un petit peu, un minimum, chacun, chacune, dans notre vie, et je parle bien des joies sensibles.
Une joie à portée de mains ?
Je vous propose donc de vous poser une première question : puisque le Christ est incarné, qu’il rejoint notre humanité dans sa sensibilité, savons-nous toujours reconnaître, frères et sœurs, apprécier toutes ces joies, toutes nos joies humaines à leur juste mesure ?
Je vous invite, nous en avons tous besoin durant ce temps de l’Avent, à nous y arrêter dans la prière, peut-être, pour célébrer, faire mémoire, comme Marie dans son Magnificat, de tous les mystères joyeux de nos vies. Des mystères joyeux qui passent d’abord par des joies sensibles, qu’elles soient personnelles, qu’elles soient en couple, en famille ou en communauté, sous le regard de Marie de Nazareth.
C’est très important de s’y arrêter pendant ce temps de l’Avent, car, nous sommes souvent pollués par ce qui ne va pas, par des formes de tristesse, par la crise, par tout ce que l’on peut entendre à la télévision, qui pollue notre vie et empêche même de voir, tout proche autour de nous ou dans notre cœur, des joies très simples, très humaines.
Dieu nous propose plus encore
Mais voilà que la Parole de Dieu nous invite à aller beaucoup plus loin encore.
Il y a Jean-Baptiste qui ne paraît pas si joyeux, pas comme un champion qui vient de gagner une coupe, en tous les cas ; il est au désert, et la seule chose qu’il fait, c’est d’indiquer un Messie qu’il a rencontré au désert, la lumière qui éclaire sa route, tout proche de lui.
Il y a Saint Paul, qui, en prison, écrit au Tessaloniciens. Il est en train de vivre une grande épreuve. Pourtant, au moins dix fois dans son épître, il ne cesse de proclamer sa joie, au cœur du moment le plus difficile.
Eux aussi sont tout simplement joyeux.
Alors, frères et sœurs, Saint Paul nous le rappelle : « Vous aussi, soyez dans la joie ». C’est un appel de la part de Jésus, qui est clair pour nous les chrétiens, comme un commandement. Ce n’est pas simplement un conseil : c’est un ordre ! « je vous le demande, soyez joyeux ! »
C’est comme si Jésus nous disait lui même qu’il est impossible, et tous les Sains le redisent, d’être chrétien sans être joyeux, de cette joie-là qui nous vient de Dieu.
Il arrive que des personnes aient des visages tristes par nature, mais soient porteuses de cette joie-là. D’autres qui sont très rigolos, mais qui ne sont pas forcément porteurs de cette joie-là…
Une joie qui est donnée par Dieu, et pour cela qu’il la commande. Elle n’est pas forcée, pas comme un rire forcé, c’est un don de Dieu qu’il s’agit d’accueillir et de choisir, notamment durant ce temps de l’Avent.
Comment pouvons-nous la cultiver ?
Je m’arrêterai sur ce beau passage de Saint Paul qui nous donne cinq pistes qui permettent de méditer :
La prière :
Pour être joyeux, il faut apprendre à prier sans relâche, je dirais, à chanter Dieu dans son cœur.
Comme Isaïe, comme tous les Saints, comme Marie, ré-alimenter cette expérience d’une certitude que Dieu est toujours présent, et que lorsqu’il nous arrive d’être tristes, cela nous arrive quand même un peu, découragés, débordés par les soucis, lorsqu’il nous arrive d’être dans un impasse, tout de suite, sans tarder, et nous l’avons déjà , cette capacité d’un cœur à cœur immédiat. Entrer dans l’expérience d’un « Dieu-ami », ami de l’homme, ami présent au cœur de nos vies. Il ne faut pas attendre d’être dans de bonne dispositions. Un « Dieu-ami » qui, sans résoudre forcément nos problèmes (vous l’avez déjà remarqué !), sera un confident concret, qui nous offre cette certitude qu’avec lui, tout se passera bien. Frères et sœurs, tous les grands mystiques nous le rappellent : nous sommes tous appelés à vivre une vie mystique.
Noël sans vie mystique n’est pas Noël. Et nous avons-là ce trésor d’un Dieu avec nous, au cœur de ma vie, quelque soit la situation de ma vie. Et cela donne de la joie qui ne s’explique pas.
La louange :
Deuxième moyen : Rendre grâce en toute circonstance, dit aussi Saint Paul.
Savoir dire « Merci » concrètement dans sa vie. Cette action de grâce est le principe même de la messe. Merci à soi-même, pourquoi pas, pour ce que je suis, pour tout ce que Tu me donnes, merci pour mes proches, mon mari, mes enfants, mes amis, mon frère ; merci d’exister, merci aussi à Dieu : Merci pour ce que Tu es, merci pour ce que Tu fais, Merci pour la messe, merci pour le don de la Foi ; nous pourrions chanter des mercis toute la journée ! Dire Merci sans forcément attendre de retour : dites merci sous le regard de Dieu, sans attendre de l’attention de l’autre. Cela coûte si peu cher que c’est gratuit., et ça porte beaucoup dans le domaine de la vie spirituelle. Le problème, c’est que nous n’y pensons pas. La vie passe, et nous sommes dans un engrenage qui souvent, nous empêche de dire concrètement merci. En ce temps de l’Avent, frères et sœurs, rien qu’aujourd’hui, en ce jour du dimanche de la joie, ne nous couchons pas sans avoir exprimé concrètement un merci à quelqu’un.
Sous le souffle de l’Esprit-Saint :
Pour être joyeux, un troisième moyen que Jésus nous donne à travers Saint Paul : « N’éteignez surtout pas l’Esprit ! ».
Frères et sœurs, il existe en nous d’innombrables élans du cœur. Des élans de générosité, je le vois à travers nos amis, nos proches, cette générosité, cette confiance qui vous habitent, des élans de louange . Quels qu’ils soient, ils sont bons, donnés en nous par Dieu. Des élans d’espoir, d’ouverture à Dieu. Ce n’est pas compliqué : l’Esprit Saint est l’esprit de vie, l’élan qui nous pousse à aller vers l’autre. Alors, frère et sœurs, ne calculons pas trop ces élans ! laissons-les libres en nous, sachons perdre encore un peu notre confort, et c’est un entraînement de tous les jours. Laissons l’Esprit-Saint jaillir de notre cœur, nous entraîner hors de nous-même, en quelque sorte. Laissons cette force nous mettre en mouvement, pour éclater ces scléroses, ces passivités qui sont en nous tous… des peurs de nous donner… Laissons jaillir le meilleur de nous-même, parce qu’il y a du bon en nous. Laissons jaillir le meilleur qui existe dans l’autre. Voyez, il y a beaucoup à faire pour que cet esprit ne soit pas éteint pendant le temps de l’Avent.
À l’écoute des prophètes :
Pour être joyeux, un quatrième moyen donné par Saint Paul : « Ne repoussez pas les prophètes ».
Nous sommes tous prophètes par notre baptême ; il y aurait beaucoup à discerner sur le sens du prophète, mais le prophète est justement celui qui sait discerner dans sa vie la vérité de toute chose. La Vérité, c’est Dieu, c’est quelqu’un : savoir voir Dieu dans sa vie, dans ce monde en crise, dans les personnes à travers les éléments concrets de ma vie. Savoir, comme Jean-Baptiste, voir et indiquer le Verbe. De cette manière, on sait voir les vraies valeurs de toute chose. Un prophète ne s’enferme jamais à se complaire à dire que rien ne vaut rien, que tout est nul, et que tout est en crise. Il voit même la présence de Dieu à travers la crise… Voir comment Dieu opère, savoir lire les signes de temps qui indiquent la route à travers les nuits de ce monde. Alors, apprenons dans ces semaines qui nous préparent à Noël, à mettre « les lunettes du Seigneur », « les lunettes du vrai prophète » comme Jean-Baptiste, qui, joyeusement, sait voir et indiquer la route du Seigneur.
Garder le bien et repousser le mal :
Enfin, cinquième moyen de Saint Paul : « Vous, apprenez à garder et à faire le bien, tout en ayant le courage de repousser le mal ».
Bien sur, on est très heureux lorsque l’on est dans la vérité, mais il s’agit de mettre le vérité en pratique. La vraie joie, c’est bien sur d’avoir une conscience bonne et droite, arriver à confesser ce qui ne va pas à Dieu pour que cette lumière envahisse notre conscience, ne pas se satisfaire d’une « mauvaise conscience ». Mais, plus encore, il nous faut passer à des actes concrets dans notre vie, et ne pas confondre la joie avec des états d’âme changeant, des humeurs, des impressions, des sensations superficielles, mais de les choisir librement en posant tout simplement des actes bons. Cette joie porte ainsi beaucoup de Paix. Saint Paul dit en conclusion, et c’est magnifique : « Que le Dieu de la Paix lui-même vous sanctifie tout entier, et qu’il rende parfait et sans reproche votre esprit, votre âme, et votre corps ; voyez, une joie qui traverse tout notre être.
Frères et sœurs, je vous invite, en ce jour au moins, à être dans cette joie un peu plus, avec Saint Paul, avec Marie, avec Jean-Baptiste ; soyons des chrétiens qui savent cultiver toujours plus cette joie, ce signe urgent dans le monde d’aujourd’hui, qui la travaillent toujours d’avantage par des moyens concrets, en reprenant la parole de Saint Paul, et à savoir dire aujourd’hui réellement dire à quelqu’un, pourquoi pas à son époux ou à son épouse, en toute vérité : « A travers nos énervement, nos souffrances, parfois.. tu es ma joie ! ».
Avec Marie, laissons retentir cette parole de l’Ange Gabriel :
« Réjouis-toi, car le Seigneur est toujours avec Toi. »
Et je pense que c’est en entrant dans cette joie-là que nous pouvons découvrir que tout devient possible avec Dieu,
Amen
Références des lectures du jour :
- Livre d’Isaïe 25,6-10a.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 1,46b-48.49-50.53-54.
- Première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 5,16-24. .
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 1,6-8.19-28 :
Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean.
Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.
Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage. Voici quel fut le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? »
— Il le reconnut ouvertement, il déclara : « Je ne suis pas le Messie. »
— Ils lui demandèrent : « Qui es-tu donc ? Es-tu le prophète Élie ? »
— Il répondit : « Non ». « Alors es-tu le grand Prophète ? » Il répondit : « Ce n’est pas moi. »Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? »
— Il répondit : « Je suis la voix qui crie à travers le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. »Or, certains des envoyés étaient des pharisiens.
— Ils lui posèrent encore cette question : « Si tu n’es ni le Messie, ni Élie, ni le grand Prophète, pourquoi baptises-tu ? »
— Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas : c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale. »Tout cela s’est passé à Béthanie-de-Transjordanie, à l’endroit où Jean baptisait.