Texte de l’homélie :
Frères et sœurs bien-aimés,
n’a t-on pas enlevé trop vite le cierge pascal ? Vous le savez, le cierge pascal brille de la nuit de Pâques jusqu’à la fête de la Pentecôte. On le range alors précieusement dans les sacristies. Mais, aujourd’hui, ce cierge pascal devait briller à nouveau, ainsi que demain, où nous fêtons le Cœur Immaculé de Marie. En effet, cette Pâque résonne dans le calendrier liturgique non seulement par rapport à la fête de la Trinité, mais aussi par rapport à la Fête Dieu que nous avons célébré dimanche dernier. Cette fête du Cœur de Jésus est comme une conséquence de la Pâque du Seigneur. Et si le calendrier liturgique fête le Cœur de Jésus en fonction de la fête de Pâques, ce n’est pas simplement une question de date. C’est d’abord une logique théologique et spirituelle : le calendrier liturgique veut être comme un pédagogue qui nous introduit à l’intérieur même de la contemplation du Cœur de Jésus.
Au fond, la Résurrection du Christ nous invite à contempler le Cœur du Seigneur. C’est comme cet accomplissement, ce retentissement de dernière expression dans la vie du Christ que de contempler Son Cœur. C’est ce que nous donne à méditer le calendrier liturgique.
La révélation de Jésus à sœur Marguerite-Marie, à chacun d’entre-nous
De même que les derniers outrages commis envers le Christ l’ont été envers Son Cœur – cette lance qui a transpercé Son côté – de même, par cette dernière méditation sur la Pâque du Seigneur, c’est le Cœur du Christ qui nous est donné en contemplation. Ce cœur, c’est l’intimité même, l’être de quelqu’un. Le Cœur du Christ est tourné vers le Père. Ce Cœur du Christ qui aime les hommes… Oui, nous avons cette grâce de Paray-le-Monial, lieu de la révélation de cet amour du Seigneur pour chacun d’entre-nous, mais aussi ce Cœur du Christ, et ce que nous allons fêter demain avec le Cœur Immaculé de Marie, qui veut que nous ayons petit à petit comme une identification avec Lui. C’est ce que nous disons dans l’invocation :
« Sacré-Cœur de Jésus, rendez-mon cœur semblable au vôtre. »
Plongés dans Sa Miséricorde, ne plus craindre le mal
Que signifie « rendre nos cœurs semblables au Cœur du Christ ? ». Bien sur, c’est rentrer dans l’Amour, c’est entrer dans la Miséricorde. Mais, si la lecture de l’évangile nous parle de la Passion, c’est que cela a à voir avec cette assimilation, cette identification de notre Cœur avec celui du Seigneur. Au fond, avoir un cœur à la manière de Jésus, c’est se laisser atteindre par le mal, les outrages, les injures, les crachats, la souffrance physique et morales, l’injustice… tout en gardant une paix intérieure, une confiance dans la Miséricorde du Seigneur. Nous voyons bien combien nous avons de travail à faire, ou plutôt combien le Saint Esprit a un travail à accomplir en chacun d’entre nous.
Face au mal, ne réagissons-nous pas souvent par le mal ? même si nous sommes appelés, comme nous dit Saint Paul, à être vainqueurs du mal par le bien. La foi chrétienne est absolument unique, parce qu’elle affirme l’existence d’un Dieu qui s’est laissé toucher par le mal, jusque dans Son intimité, dans Son être profond, dans ce qui faisait Sa relation avec les hommes et avec Dieu le Père dans Son propre Cœur.
Avoir un cœur paisible face à l’injustice grâce à l’Eucharistie
Oui, frères et sœur, nous sommes invités à avoir une attitude contemplative face à cette souffrance qui peut nous habiter, comme bon nombre de nos contemporains. Il faut demander cette grâce d’avoir un cœur paisible face à l’injustice. Ce n’est pas évident, mais, parce que nous savons que le Christ lui-même a vécu cela, nous puisons cette force au Cœur même du Seigneur dans chaque Eucharistie. Nous puisons cette grâce comme un retentissement, comme un rayonnement de Sa Résurrection.
La Résurrection, c’est bien cela : ce n’est pas un outrage, ce n’est pas une injure, ni une insulte, ou un crachat, l’injustice qui aurait le dernier mot ? Non ! C’est cet amour du Seigneur qui est plus fort que le péché et que la mort, cet amour du Seigneur que nous continuons de célébrer en ce jour. En contemplant le Sacré-Cœur de Jésus, demandons cette grâce et, en particulier, tournons-nous vers la Vierge Marie, cette personne humaine dans laquelle l’accomplissement du dessein de Dieu a été réalisé dans sa plénitude. Elle qui a laissé spirituellement Son Cœur se transpercer – les auteurs spirituels sont unanimes sur cette unité du Cœur de Jésus et de Marie.
Demandons ce cœur de compassion, mais ce cœur paisible, de façon à pouvoir témoigner d’un amour plus fort que la mort,
Amen
Références des lectures du jour :
- Livre d’Osée 11,1.3-4.8c-9.
- Livre d’Isaïe 12,2-3.4bcd.5-6.
- Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens 3,8-12.14-19.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 19,31-37 :
Jésus venait de mourir. Comme c’était le vendredi, il ne fallait pas laisser des corps en croix durant le sabbat (d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque). Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes.
Des soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis du deuxième des condamnés que l’on avait crucifiés avec Jésus.
Quand ils arrivèrent à celui-ci, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau.Celui qui a vu rend témoignage, afin que vous croyiez vous aussi. (Son témoignage est véridique et le Seigneur sait qu’il dit vrai.) Tout cela est arrivé afin que cette parole de l’Écriture s’accomplisse : « Aucun de ses os ne sera brisé ».
Et un autre passage dit encore : « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé ».