Homélie de la fête de la Sainte Famille

6 janvier 2015

« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole.
Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »

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Texte de l’homélie :

Frères et sœurs,

Que s’est-il passé à Noël ?
Saint Jean nous dit « Le Verbe s’est fait chair », mais qu’est-ce que ça veut dire ? Il a fallu plusieurs siècles pour mieux comprendre ce que voulait dire « Le Verbe s’est fait chair ». Cela ne veut pas dire simplement que Dieu a pris un corps d’homme, Il n’a pas pris seulement notre corps, mais aussi notre intelligence, notre volonté, notre sensibilité. Et aujourd’hui, dans la fête de la Sainte Famille, qu’Il a souhaité aussi vivre dans une famille. En un sens, il aurait pu venir homme adulte, comme ça Il n’avait pas besoin d’une maman, d’un papa, Il était autonome directement…
Mais voilà, Il a choisi de prendre notre itinéraire. Il a fallu qu’Il apprenne à parler alors que c’est le Verbe de Dieu, la parole de Dieu faite chair, Il a tout appris. Il aurait pu gagner du temps sans tout cela !!

Mais justement, Il a voulu vivre cette vie familiale. Le Verbe de Dieu qui s’est fait chair, c’est aussi le Verbe de Dieu qui se rend présent dans la famille. C’est l’Emmanuel présent dans la famille. C’est Jésus qui sauve, qui est dans la famille aussi pour la sauver.

Le fait que le Verbe de Dieu ait voulu vivre, être porté dans le sein de Marie, naître dans une étable, puis grandir comme le dit la lecture, se fortifier, se remplir de sagesse, tout cela nous montre combien pour Lui, la famille est importante.

Le thème de ce que je veux essayer de vous dire, c’est que Dieu est vraiment présent au cœur de la famille.

Dieu présent au cœur des relations familiales

Ceci n’est pas très étonnant puisqu’Il est le Dieu trinité. Et la famille est comme une image sur terre de la Trinité. Dans la famille, les personnes sont différentes les unes des autres, quelquefois on en fait d’ailleurs l’expérience un peu douloureuse : à certains moments on se dit que c’est une richesse, mais à d’autres moments, il faut le supporter… Les personnes de la famille sont appelées à vivre dans la communion. Il y a beaucoup de textes du Nouveau Testament qui évoquent ça. Je vais vous citer quelques lignes de Saint Paul où l’on voit que les membres de la famille sont appelés à vivre de la Charité :

« Que votre amour soit sans hypocrisie. Fuyez le mal avec horreur, attachez-vous au bien. Soyez unis les uns aux autres par l’affection fraternelle, rivalisez de respect les uns pour les autres.
Ne ralentissez pas votre élan, restez dans la ferveur de l’Esprit, servez le Seigneur, ayez la joie de l’espérance, tenez bon dans l’épreuve, soyez assidus à la prière. » (Rm 12, 9-12)

Une manière très précise d’honorer cette présence de Dieu dans la famille, c’est la prière. Jésus nous dit : "Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, Je suis là au milieu d’eux." Alors n’hésitez pas à y penser quand vous êtes chez vous. La famille est comme une Église domestique dit-on quelquefois.
Et Mère Térésa disait :

« Transmets la prière à ta famille, transmets la à tes petits-enfants, enseigne-leur à prier car un petit qui prie est un enfant heureux, une famille qui prie est une famille unie. »

Dieu présent aussi au cœur des décisions familiales

On le voit bien dans les lectures qui nous sont données, spécialement celles qui nous parlent d’Abraham aujourd’hui. C’est un homme de foi, la foi est mise vraiment à l’honneur. Les familles sont appelées à se construire dans la foi. Et l’on voit avec Abraham combien la foi est à même d’inspirer des choix de vie. Il fait d’abord le choix de quitter son pays, parce qu’il perçoit cet appel de Dieu : notons cette attention à la volonté de Dieu sur lui et sur sa famille. Il emmène toute sa famille avec lui bien sûr. On peut y appliquer les paroles de Jeanne d’Arc "Messire Dieu premier servi."
On voit aussi cela dans l’Évangile : Marie et Joseph sont soucieux d’accomplir les "prescriptions" de la loi, soucieux d’accomplir la volonté de Dieu qui leur est manifestée. La Présentation de Jésus au Temple est un moment important pour Marie et Joseph : c’est l’occasion de reconnaître que cet enfant ne leur appartient pas. En effet, il n’est pas toujours simple pour des parents d’accepter le chemin de leurs enfants qui ne leur correspond pas toujours, même s’ils ont évidemment un devoir d’éducateurs auprès d’eux et peuvent donner des directions. Mais ils prennent conscience que leur enfant ne leur appartient pas, qu’il appartient avant tout à Dieu qui a un dessein particulier sur cet enfant. C’est ce que vivent Joseph et Marie dans ce moment de la Présentation.
Plus largement, ils font leur devoir d’État, ils ne sont pas tout le temps dans le Temple. Joseph et Marie repartent à Nazareth parce que c’est là que Dieu les attend.
On y voit là cette attention au devoir d’état : Dieu présent au cœur des décisions familiales, des choix de vie familiale. Cela demande une disponibilité aux événements, aux changements de programme, comme a pu le vivre Abraham.

Dieu présent au cœur des épreuves familiales

Dans les lectures du jour, nous voyons plusieurs souffrances typiques de la vie familiale. Pour Abraham et Sarah, c’est la terrible épreuve de la stérilité. Puis pour Joseph et Marie c’est l’annonce du vieillard Siméon de la souffrance. Pour Anne, c’est la perte d’un être cher que rien n’a remplacé, elle est veuve depuis longtemps. Autre forme de souffrance, cela peut être cette vieillesse, cela n’est pas toujours facile de vieillir. Mais visiblement, Siméon et Anne ne sont pas amère. Quelquefois, les gens vieillissent et deviennent grincheux. Anne et Siméon sont plus dans le registre de la louange, de l’émerveillement. Et c’est quelque chose de beau de garder cette capacité d’émerveillement.
Dans toutes ces épreuves, Dieu n’est pas absent. Dieu ne nous laisse pas le jour où cela devient compliqué pour nous, heureusement. Le fait de croire ne nous épargne pas les épreuves, mais cela ne les multiplie pas non plus. Marcher sur les chemins de la sainteté, c’est porte la Croix à la suite de Jésus, et non pas la traîner tout seuls sans Jésus. Notre fondateur nous disait "de toutes façons on a la souffrance dans notre vie. Alors soit on la porte avec Jésus, soit on essaye de se débrouiller tout seul et on est bien plus malheureux. Dans la première lecture, nous pouvons remarquer une particularité : la promesse faite à Abraham apparaît au chapitre 15 de la Genèse. Et sa réalisation n’arrive qu’au chapitre 21… Il a fallu quelques années entre la promesse et la réalisation. Il s’est passé beaucoup de choses entre les deux dans la vie d’Abraham. Mais finalement Abraham a accepté au sein de cette épreuve de vivre la confiance. C’est une grâce que l’on peut demander. Jésus nous dit dans l’Évangile :

« Ne vous inquiétez pas du lendemain, demain s’inquiétera de lui-même, à chaque jour suffit sa peine. »

Abraham a continué d’avancer dans sa vie qui n’était pas toujours facile. Mais il a continué à avancer et la promesse s’est réalisée.

Pour conclure, nous pouvons redire que Jésus est l’Emmanuel. Dieu avec nous, Jésus qui nous sauve. Alors aujourd’hui, prenons conscience de la présence de Jésus dans nos vies familiales, dans les relations familiales. Dieu souhaite avoir sa place dans nos décisions familiales, et Il promet sa présence dans nos épreuves familiales. Gardons cela au coeur et essayons de le vire un peu mieux.

Amen.


Références des lectures du jour :

  • Livre de la Genèse 15,1-6.21,1-3.
  • Psaume 105(104),1b-2.3-4.5-6.8-9.
  • Lettre aux Hébreux 11,8.11-12.17-19.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2,22-40 :

Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur.
Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.

Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui.
Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.
Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :
« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole.
Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »

Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui.
Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère :
« Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »

Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage, demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.
Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.

Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.