Texte de l’homélie
Mes biens chers frères,
La résurrection du Christ que nous célébrons en cette nuit avec toute l’Eglise en fête, ouvre pour nous les portes de la joie véritable, de l’espérance qui ne trompe pas, de la certitude d’être sauvés et de parvenir un jour, si nous sommes fidèles, à l’éternité bienheureuse.
Cet événement est au centre de l’histoire humaine. Nous aussi nous avons fait l’expérience de la résurrection du Christ et ceci au moment le plus important de notre vie, à savoir au jour de notre baptême.
Dans quelques instants deux jeunes vont recevoir le baptême et nous tous nous allons renouveler les promesses de notre baptême en rejetant le mal et en proclamant notre foi.
Oui, nous croyons que Dieu existe, qu’Il nous a créés, qu’Il a envoyé Son propre Fils pour nous sauver. Nous affirmons que Jésus, le Fils unique et bien aimé du Père, a donné Sa vie pour nous, qu’Il a versé Son sang pour le pardon de nos péchés, qu’Il a souffert Sa passion, qu’Il est mort et qu’Il est ressuscité.
Désormais, dans Son humanité sainte, Il intercède pour nous auprès de son Père et Il communique le Saint-Esprit à Ses frères les hommes par la grâce du baptême et des autres sacrements.
C’est le Saint-Esprit - l’amour qui unit de toute éternité le Père et le Fils - qui fait de tous les baptisés un seul peuple, l’Église, Église dont nous sommes les membres vivants, à la mesure de notre sainteté, de notre foi, de notre fidélité à l’enseignement du Christ et de son Évangile.
Le jour de notre baptême, nous avons donc reçu la vie même du Christ ressuscité. Nous avons reçu la vie éternelle, nous sommes passés de la mort à la vie. En effet, tout homme qui naît, qui vient à l’existence, est déjà marqué par la loi de la mort et du péché. L’enfant qui naît est assez vieux pour mourir et la mort est la conséquence du péché de nos premiers parents.
Nous naissons tous avec une nature humaine blessée, handicapée, entravée dans sa liberté, dans sa capacité d’aimer vraiment, dans son désir infini d’être heureux, et donc de dominer la mort.
Nous portons tous ce désir d’éternité mais de nous-mêmes, à cause de notre faiblesse, nous sommes incapables de trouver le chemin du bonheur véritable et nous « bricolons » notre existence alors que Dieu veut nous faire partager Sa propre vie.
Les idéologies qui ont traumatisé notre civilisation avec leurs cortèges de guerres, de crimes et de massacres, la violence injuste, le terrorisme, l’égoïsme et les trahisons manifestent combien le cœur de l’homme est malade et qu’il a besoin d’être sauvé.
Ce salut, cette libération, cette vie nouvelle, cette grâce imméritée nous est justement communiquée par le baptême, c’est-à-dire par l’action de Dieu qui agit dans notre vie pour nous arracher au pouvoir de la mort et pour faire de nous Ses fils adoptifs.
Le baptême nous obtient le pardon de la faute originelle, de cet état de faiblesse et de maladie dont nous avons hérité de nos premiers parents. Et la baptême nous communique aussi le don de la grâce sanctifiante qui nous transforme et fait de nous des vivants appelés à la résurrection bienheureuse.
Le Carême nous a rappelé l’exigence de la conversion, du repentir, du retour à Dieu, parce que notre nature, même sanctifiée par le baptême – notre condition humaine - reste marquée par les conséquences du péché d’Adam. Mais nous savons pouvoir compter sur l’aide de Dieu, sur Sa grâce efficace qui combat en nous, sur la présence du Saint-Esprit que nous avons reçu en plénitude au jour de notre Confirmation.
Parce que nous sommes baptisés, identifiés au Christ Jésus lui-même, nous devons pratiquer les mêmes œuvres que Lui. Nous Lui appartenons, c’est là la définition d’un chrétien : est chrétien celui qui appartient au Christ.
Et appartenant à Jésus-Christ, et à Lui seul, ayant reçu de Lui son propre Esprit, nous sommes libres par rapport au péché, libérés de la terreur de la mort, vainqueurs du pouvoir de Satan qui, en cette nuit, subit une défaite définitive et éternelle.
La résurrection du Christ agit déjà en nous par la foi, l’espérance et la charité. Le baptême est bien une nouvelle naissance à une vie immortelle que la mort ne peut atteindre.
En attendant le plein épanouissement de la vie divine que nous avons reçue au jour de notre baptême, il nous faut être fidèles, au quotidien, à celui à qui nous appartenons. S’il nous a fait renaître par l’eau du baptême, c’est pour que nous accomplissions notre mission là où nous sommes, dans les conditions de vie que la providence nous a ménagées. Dès lors, il ne s’agit pas pour nous de faire des choses extraordinaires, mais bien de faire des choses ordinaires avec un amour extraordinaire, c’est à dire avec l’Esprit même de Dieu.
Avec toute notre communauté nationale, nous avons été bouleversés du geste d’Arnaud Beltrame, qui a littéralement donné sa vie pour sauver une inconnue de la folie meurtrière d’un terroriste. Nous pouvons être sûrs que ce geste inspiré par l’exemple et par la grâce du Christ a été préparé par une fidélité quotidienne et ancienne à sa vocation militaire, à sa mission de gendarme, aux mille exigences du quotidien.
Son entourage a souligné son enthousiasme, sa grande humanité, sa proximité avec ses subordonnés comme avec ceux dont il devait assurer la protection. Les séjours fréquents qu’il faisait dans une abbaye à partir de sa conversion l’ont enraciné dans l’amour du Christ et dans le ferme propos de construire un foyer stable et durable.
De cette appartenance retrouvée au Christ, il a reçu comme de nouvelles lumières sur sa mission et la manière d’accomplir son service, jusqu’au don total de lui-même.
Nous ne sommes sans doute pas appelés à un témoignage aussi éclatant mais ce qui compte d’abord aux yeux de Dieu est la fidélité à notre baptême dans l’accomplissement de notre devoir d’état comme étudiant, comme professionnel, comme parent ou grand parent…
Que la lumière de la résurrection, que la grâce de notre baptême, nous renouvellent profondément pour que nous accomplissions vraiment notre vocation chrétienne à la face du monde.
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre des Actes des Apôtres 10,34a.37-43.
- Psaume 118(117),1.2.16-17.22-23.
- Lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens 3,1-4.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 20,1-9. :
Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau.Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.
En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.