Texte de l’homélie :
Cette fête du Cœur Immaculé de Marie, Refuge des pécheurs que nous avons la joie de célébrer ensemble en ce moment important du chapitre général - nous a été donnée par le Père Lamy comme patronage, comme modèle.
Elle nous montre l’ADN de la grâce de ce qui est donnée à l’Église, qui nous est donnée à travers le charisme du Père Lamy.
Le Cœur Immaculé de Marie comme remède au découragement
En effet, cette fête prend origine à Paris, à Notre-Dame des Victoires au milieu du XIXe siècle, alors que le curé est complètement déprimé car dans son quartier – le quartier effervescent de la Bourse – personne n’a besoin de l’Église, personne ne vient se ressourcer, et il se trouve devant une tâche impossible. Alors, sa faiblesse se transforme en découragement, jusqu’au jour où, en célébrant la messe, il a cette intuition d’invoquer Marie et de consacrer sa paroisse au Cœur Immaculé de Marie, Refuge des pécheurs.
Et c’est cette fête que le Père Lamy choisit pour la Congrégation, car elle a ne résonance chez lui, puisqu’elle a accompagné toute sa vie de jeune religieux dans le diocèse de Troyes avec à peu près le même schéma avec le jeune Père Emmanuel qui vient d’hériter de la paroisse au nord de Troyes - au Mesnil Saint-Loup - est aussi découragé devant la tâche, parce que personne ne l’attend, personne n’attend le Seigneur, jusqu’au jour où il a aussi cette intuition.
Il demande alors à Rome de célébrer et d’invoquer : « Marie, Notre-Dame d’Espérance, convertissez-nous ! »
Et c’est à partir de ce moment-là que ce pieux prêtre qui avait soif de vie religieuse et de communique la vie spirituelle va fonder le monastère du Mesnil Saint-Loup a réformé sa paroisse et les gens ont commencé à venir, à recevoir la grâce du Seigneur et à se convertir.
Ainsi, le Père Lamy a été bercé par cela, parce qu’il dit que le cantique de Notre-Dame de Sainte Espérance est celui qu’il aime le mieux - et que les anges aussi aiment le mieux – et cela avait une place très importante dans la congrégation des Oblats de Saint François de Sales dans laquelle il était rentré.
Le Père Lamy est lui-même aussi pétri de sa faiblesse. Le drame de son existence que l’on voit à travers les rencontres, les moments spirituels forts et les visions qu’il a de la Vierge-Marie et cette grande angoisse qu’il a : « Comment tenir devant Dieu ? Comment se présenter devant Lui ? »
Et il reçoit, il entend, il voit Marie qui lui permet d’exister dans ce monde de la grâce et qui lui en donne l’accès, et il se laisser réconforter.
Ainsi, le Père Lamy, dans toute sa vie et tous ses enseignements pour les religieux dira :
« Il faut de l’énergie ! Il faut retrouver ce courage et ne pas laisser la grisaille et le désespoir nous vaincre, mais se mettre dans cette attitude de louange et apprendre à voir l’œuvre de Dieu. »
La miséricorde du Seigneur comme remède à notre péché
Nous avons entendu cela dans la première lecture : nous, quand nous pensons très facilement par nous-même ou à la place de Dieu, nous voyons le monde un peu comme dans les films américains, avec les bons et les méchants. « Les bons ce sont ceux qui pensent comme moi, les méchants ce sont les autres, ceux qui font le mal… »
Et le texte de la sagesse vient, avec une force extraordinaire, nous montrer autre chose :
Dieu ne se ferme pas, Dieu ne nous traite pas selon nos péchés, mais Il nous traite suivant Sa miséricorde.
Et Il nous laisse du temps ! en effet, notre vie est faite un temps pour nous convertir, et cette très belle expression du Père Emmanuel dans cette invocation : « Convertis-nous ! » Donne nous cette force pour convertir nos cœurs à Ta justice. Et si vous continuez la lecture texte de la sagesse, vous verrez que la toute puissance de Dieu est dans Sa miséricorde.
C’est parce qu’Il est tout puissant, qu’Il est tout juste et en pleine justice qu’Il peut faire miséricorde. Et nous notre grâce, notre demande, c’est d’apprendre toute notre vie, de nous ajuster même si nous nous sentons bien loin…
Regardez le texte de l’Évangile d’aujourd’hui qui reprend toute la généalogie de Jésus nous disant la fidélité du Seigneur.
Nous sommes suffisamment déstabilisés quand nous lisons dans la Bible toutes ces guerres et toutes ces violences alors que nous voudrions un texte édifiant, un chemin de vie tracé pour nous dire ce qu’il faut faire. Mais en réalité, elle retrace notre propre humanité. On rencontre ici beaucoup de personnalités : certaines édifiantes, d’autres que nous jugeons mauvaises, d’autre encore partagées entre le bien et le mal, comme le roi David. Cela nous parle de nous, pécheurs, de notre humanité…
« Mais, le Seigneur n’a pas renié Son peuple, mais Il l’a guidé par Sa miséricorde. »
Il lui a appris petit à petit à avancer. Et dans tout l’ancien testament, on voit comme ce fil d’or de Dieu qui passe et qui reprend ses alliances, comme on l’a dans la quatrième prière eucharistique.
« Tu as multiplié les alliances avec ton peuple. »
De la même manière, on voit Saint Joseph dont l’Évangile ne donne pas une description psychologique au sujet de son doute sur Marie. Dans la façon dont le texte est bâti, on sait que c’est Dieu qui a agit en Marie, et lui-même est impressionné par la grandeur de cet événement, se demandant s’il sera capable de participer de ce mystère…
Et le Seigneur lui dit : « Ne crains pas ! » car Il est venu sauver Son peuple de son péché. Parce que c’est de cela dont nous avons besoin : de quitter la mort. Et dans la deuxième lecture, si vous reprenez plus largement ce passage, Saint Paul nous rappelle que tous, en Adam, nous sommes dans cette humanité porteuse de cette puissance de mort qui rentre dans les batailles, dans les difficultés, dans la concupiscence et la compétition. Et, de la même manière qu’un seul acte de désobéissance a suffit à nous précipiter, un seul acte d’obéissance - celui du Fils, du serviteur - permet que la miséricorde soit donnée.
Le passage d’aujourd’hui se termine plus loin :
« Quand à la loi de Moïse, elle est intervenue pour que la faute se multiplie, pour que en nous prenions conscience.
Mais là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé ! »
Le Cœur Immaculé de Marie irradie la miséricorde du Père
Et voici que nous sommes appelés à avoir cet autre regard sur le monde, cet autre regard sur l’humanité et sur les pécheurs, sur notre vie et sur celle de ceux qui nous entourent.
Sommes-nous dans un attitude de juger, de caricaturer, de stigmatiser, ou avons-nous à rechercher et promouvoir la vie comme une mère. Cette mère qu’est Marie, toute emprunte de paternité divine dont les entrailles sont bouleversées quand son enfant ne va pas bien, et qui multiplie les prières et les initiatives pour ramener les enfants de Dieu dispersés.
Ainsi, nous avons cette grâce à porter. C’est comme un lourd fardeau, même si l’instant d’après l’avoir chargé on dit « mon fardeau est léger et facile à porter »…
Il est lourd fardeau dans le sens où il nous demande de nous convertir, d’écouter la grâce de Dieu et de mettre notre cœur dans cette obéissance à la volonté de Dieu qui est telle que pas un de ces petits, pas un de ces pécheurs ne se perde.
Alors que le monde des Pharisiens ressemble tellement au nôtre, où il y a les gens « bien » qui agissent selon la loi, et les autres qui agissent comme les autres comme on le voit dans Jean 9 avec l’aveugle né, dont le texte dit : « Cette racaille qui ne voit rien et qui ne comprend rien, ces gens qui sont en dehors des clous et de la bonne conduite… »
Demandons de nous convertir pour avoir ce regard d’attente, ce regard d’Espérance. Pour cette mission nous sommes envoyés. Pour cette mission, nous avons à travailler ces jours-ci, à dépasser les divergences ou du moins les apporter pour faire un beau bouquet et ouvrir ce chemin pour que nos cœurs rentrent de cette obéissance à la volonté de Dieu et qu’ils puissent être un ferment d’unité, d’amour et de salut pour notre monde,
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre de la Sagesse 11, 23 - 12, 2.
- Psaume 1 Sam 2.
- Première lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 5,12. 17 à 19.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 1, 18-25 :
Voici quelle fut l’origine de Jésus-Christ : Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph.
Or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit-Saint.Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement. Il décida de la répudier en secret.
Il avait formé ce projet lorsque l’Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse. L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit-Saint. Elle mettra au monde un fils auquel tu donnera le nom de Jésus, c’est à dire, « Le Seigneur sauve ». Car, c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.
Tout cela arriva pour que s’accomplit la parole du Seigneur prononcée par le prophète : « Voici que la vierge concevra et elle mettra au monde un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu avec nous ».
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’Ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.