Texte de l’homélie
Frères et sœurs, vous avez sans doutes entendu parler de légende du colibri ? Elle raconte qu’un jour, il y eut un immense incendie de forêt et, tous les animaux découragés observaient le désastre avec impuissance. Seul le petit colibri s’activait en allant chercher quelques gouttes d’eau avec son bec pour les jeter au feu. Après un moment, agacé par cette agitation dérisoire, le tatou lui dit : « Tu es fou ! ce n’est pas avec ces gouttelettes que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »
Ce qui me touche dans cette petite histoire, c’est cette formidable espérance un peu folle de ce petit colibri qui, en effet, fait sa part.
Connaissez-vous le projet Imagine qui a été créé en 2010 par Frédérique Bedos et qui s’inspire de cette légende pour mettre en lumière des héros anonymes du quotidien. Par exemple, nous savons que les parents du fondateur ont choisi d’adopter vingt enfants dont certains avec handicap.
La légende du colibri est donc une sorte de métaphore des obstacles qu’il nous faut apprendre à surmonter dans notre vie pour être porteurs d’Espérance.
Frères et sœurs, l’Espérance est comme un formidable moteur intérieur qui permet de dépasser tous les obstacles de la vie. Elle permet de s’ouvrir à un avenir toujours meilleur tout en acceptant d’assumer la réalité du quotidien, en marchant bien les pieds sur terre.
C’est un des sujets que nous pouvons méditer pendant ce temps de l’Avent. Il est bon de revenir à cette magnifique vertu de l’Espérance, que nus soyons jeune ou moins jeune, que ce soit en aumônerie, au sein d’un mouvement, dans nos familles ou nos communautés : comment puis-je mettre en place dans ma vie cette vertu d’Espérance.
Comme chaque année pour le troisième dimanche de l’Avent, l’Évangile de ce jour donne Jean-Baptiste en exemple. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur lui : tout d’abord, il ne se définit pas par lui-même, mais par un autre. C’est étonnant.
« Je suis la voix qui crie dans le désert… »
Dans le désert ? et que crie-t-il ?
« Redressez les chemin du Seigneur ! »
Il est vraiment homme plein d’Espérance dans les déserts et dans les difficultés ô combien importantes qu’il avait rencontrées, notamment celle d’être incompris, il n’a cessé de son vivant de se tourner toujours vers la bonne nouvelle de la venue du Messie. Il n’a cessé d’aider ses contemporains à se tourner eux aussi vers Dieu, L’appelant toujours le Verbe.
Puis, il s’efface toujours et sans cesse tout en restant lui-même pour indiquer une lumière qui vient d’ailleurs. C’est magnifique ! Cette lumière vient de Dieu, c’est la Bonne Nouvelle, la venue du Seigneur que nous allons célébrer dans quelques jours à Noël.
Frères et sœurs, comme a temps de Jean-Baptiste, nous vivons nous aussi une période difficile, il faut l’avouer. C’est une période de crise à tous les niveaux, et la vertu d’Espérance peut être d’un grand secours, quelque soit notre âge. Frères et sœurs, nous en avons un grand besoin.
Et c’est pour cela que nous sommes venus à la messe ce matin, en nous attachant à Jésus comme à un ami de tous les jours. C’est en essayant de vivre absolument tout avec Lui, dans une confiance renouvelée, qu’il nous est donné d’expérimenter un vrai bonheur, une joie qui ne s’explique pas et qui est possible ) chaque instant. Dieu seul peut la donner.
J’ai encore découvert cette joie dans le cœur d’une personne qui était en train de mourir et qui se préparait à rencontrer Dieu.
Un autre exemple que je peux vous laisser : avez-vous entendu parler du cardinal Van Thuan qui a été emprisonné pendant vingt ans au Vietnam. Il a beaucoup souffert. C’est un saint qui a laissé des parole très radicales mais tout de même pleines d’Espérance.
« Lorsque tout s’écroule autour de nous et même en nous, le Christ demeure notre support, notre roc indéfectible. »
Pendant ce temps de l’Avent, frères et sœurs, c’est une grâce à demander, entre autres : nous aider à grandir dans cette vertu d’Espérance pour qu’elle vienne purifier en nous tout ce qui nous décourage, tout ce qui remplit nos journées de choses négatives qui polluent notre quotidien et qui nous empêchent de le vivre de manière lumineuse et joyeuse.
Frères et sœurs, demandons à Jésus de ne pas non plus confondre l’Espérance avec juste l’espoir ou un optimisme moderne : fais de ton mieux, serre les dents, ça ira mieux demain, etc… Il y a aussi le risque de la présomption, lorsque nous croyons que le lendemain sera meilleur grâce à nos propres forces. Pourtant, ce n’est pas possible…
Comme le dit Saint Paul, l’Espérance c’est un don de Dieu et nous l’avons tous reçue le jour de notre baptême, telle une ancre dans notre âme, stable et sûre si elle est jetée dans le cœur de Dieu, dans Son éternité, quel bonheur !
C’est bien Dieu notre unique et grand acteur de l’Espérance. C’est à Lui seul qu’il faut demander que cette espérance grandisse en nous et que chacun nous devenions des semeurs d’Espérance autour de nous : vous les jeunes dans votre collège, vous les anciens dans vos familles, nous les frères en faisant de notre mieux en témoignant de notre consécration. Des témoins de l’Espérance et de la joie de Dieu, celle du Christ qui se fait proche…
Il est avec nous, Il est sans cesse en nous, pour nous. Et en ces temps compliqués, à l’image de ce colibri, à la suite du prophète Isaïe, de Jean-Baptiste et de ce cardinal vietnamien, demandons à Jésus de nous aider à régénérer l’Espérance dans notre monde qui en a tellement besoin, et nous sommes capables, par des petites gouttes d’eau.
Qu’Il nous aide à la ré-enchanter dans notre vie quotidienne si souvent banale, et à nous entraîner, comme le dit le Pape François, à espérer contre tout espérance,
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre d’Isaïe 61,1-2a.10-11.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 1,46b-48.49-50.53-54.
- Première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 5,16-24.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 1,6-8.19-28 :
Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean.
Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.
Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.
Voici le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? »
Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement : « Je ne suis pas le Christ. »
Ils lui demandèrent :
— « Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ? »
Il répondit :
— « Je ne le suis pas. »
— « Es-tu le Prophète annoncé ? »
Il répondit :
— « Non. »
Alors ils lui dirent :
— « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? »
Il répondit :
— « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. »
Or, ils avaient été envoyés de la part des pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question :
— « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? »
Jean leur répondit :
— « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. »Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean baptisait.