Homélie de la fête de Saint Joseph Travailleur

10 mai 2012

« Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main. »

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie :

Frères et sœurs bien-aimés,

Il n’est pas si fréquent que cela que l’on ait dans la Liturgie l’occasion de méditer sur le travail. Aujourd’hui, en cette fête de Saint Joseph Travailleur, l’Église nous donne l’opportunité d’approfondir cette réalité humaine et si quotidienne. D’autant plus que nous fêtons en 2012 les 30 ans de l’exhortation apostolique de Jean-Paul II : Laborem exercens, un document où il a approfondi cette dimension du travail au plan social, économique, mais aussi spirituel.
Il y a tout un passage dans cette lettre apostolique où il parle de la spiritualité du travail. Et c’est important. Car, si de nos jours, le travail manque à un certain nombre de nos contemporains, et ils sont malheureusement trop nombreux, en particulier les jeunes, ceux qui ont un travail, du travail, ressentent comme un manque de sens. Nombre de personnes m’en font part.
J’accompagne en justement des jeunes professionnels qui me disent : « Oui, je travaille, je gagne ma vie, assez confortablement peut-être, mais je n’arrive pas à trouver un sens à mon travail : le « pourquoi ». C’est alimentaire, j’ai fait de longues études, mais aujourd’hui, je me sens vide et j’ai besoin d’autre chose, quelque chose de plus. »

Travailler pour continuer l’œuvre du Créateur

Je crois que ce document de Jean-Paul II nous donne des pistes très précieuses pour approfondir le sens du travail humain. Déjà , la Liturgie nous le dit dans la prière d’ouverture.
Par notre travail, qu’il soit intellectuel ou manuel, nous continuons l’œuvre du Créateur, nous embellissons la Création, nous contribuons à rendre la communauté humaine plus fraternelle.
Oui, c’est important de constater que, à travers notre travail, nous avons aussi une place dans notre humanité, d’où le drame de tous ceux et toutes celles qui sont au chômage. Notre société se mesure beaucoup par le « faire », par l’efficacité ; quand on rencontre quelqu’un pour la première fois, il n’est pas rare que, d’entrée de jeu, on lui demande : « Que fais-tu dans la vie ? ».

Et la personne, qui justement n’a pas de travail et en cherche un, sent qu’elle n’a pas de place dans la société.

Travailler pour le Salut du Monde

Si le travail est l’œuvre du Créateur, il est aussi l’œuvre du Rédempteur. Jésus est l’homme au travail. A un moment donné dans l’Évangile, certains se demandent : « n’est-il pas le fils du charpentier ? », celui qui aussi a travaillé de ses mains, et qui a donné ainsi une lumière spirituelle par rapport au Salut.
Nous contribuons nous aussi au Salut de nos frères par l’effort qui est mis au travail, si nous remettons notre travail quotidien sur la patène pour l’offrir au Père avec Jésus.

Travailler dans la Charité

C’est beau aussi de redécouvrir dans le travail cette mission de charité, dans des équipes, au bureau où nous n’avons pas choisis nos collaborateurs, peut-être même nous n’aurions surtout pas choisi tel ou tel en raison de son caractère ! croyons que nous sommes envoyés dans ces lieux-là pour témoigner de la charité du Christ, et pour aimer ceux qui sont peut-être plus difficiles.
Nous avons à accueillir l’autre tel qu’il est, même si ce n’est pas facile au quotidien.

Travailler dans la Vérité

Parfois, nous oublions aussi que nous pouvons témoigner par notre excellence au travail quelque soit notre métier. Cette excellence nous donnera une parole autorisée et audible. La vie professionnelle est un lieu de vérité.
Et l’on manque parfois de courage pour dire les choses, comme de signaler des manières d’agir dans la direction des hommes et des femmes qui ne sons pas acceptables, car pas respectueuses de la dignité humaine. L’exigence va de paire avec la valeur du travail, mais elle ne doit pas outrepasser le respect sous prétexte d’obtenir tel ou tel poste.

À nous de dénoncer les pratiques qui sont indignes de la personne humaine comme la pression et les traitement sur tel collaborateur. Je crois que notre parole est une parole de vérité qui remet les choses à leur place : le travail est là pour nous accomplir, et Jean-Paul II le disait très bien :

« Qu’il soit intellectuel ou manuel, dans le travail, c’est toute la personne humaine qui s’implique. »

Et nous nous transformons au fur et à mesure que nous avons une activité professionnelle, tout comme nous transformons intellectuellement et manuellement le monde qui nous entoure.

Demandons au Seigneur qu’Il nous donne ce vrai sens du travail. Que toutes celles et tous ceux qui ont une activité professionnelle puissent déjà rendre grâce aujourd’hui, mais aussi en prennent toute la dimension d’union avec le Christ et de chemin de sainteté.

Amen


Références des lectures du jour :

  • Livre des Actes des Apôtres 11,19-26.
  • Psaume 87(86),1.5c.2-3.5ab.6-7.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 10,22-30 :

On célébrait à Jérusalem l’anniversaire de la dédicace du Temple. C’était l’hiver. Jésus allait et venait dans le Temple, sous la colonnade de Salomon.

Les Juifs se groupèrent autour de lui ; ils lui disaient :
— « Combien de temps vas-tu nous laisser dans le doute ? Si tu es le Messie, dis-le-nous ouvertement ! »
Jésus leur répondit :
— « Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage.
Mais vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis.
Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main.
Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père.

Le Père et moi, nous sommes un. »