Homélie du deuxième dimanche de Carême

26 février 2024

Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »

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Texte de l’homélie

La semaine dernière, nous étions au désert avec Jésus avec les tentations. Aujourd’hui, l’Église nous amène sur une montagne et nous invite à la contemplation. La semaine dernière, nous entrions dans le combat spirituel à la suite de Jésus. Aujourd’hui, pour nous encourager et nous fortifier, l’Église nous invite à contempler le mystère du Christ, de l’incarnation du Verbe, du fait que Jésus, du fait que Jésus est venu pour nous sauver. Et dans les textes d’aujourd’hui, il y a des textes que nous connaissons bien avec le sacrifice d’Isaac. Il comporte des similitudes avec le récit de l’Évangile que nous avons lu avec la transfiguration du Christ.

Des deux côtés, nous sommes sur un montagne. Dans l’Ancien Testament, c’est le lieu de la rencontre avec Dieu. Selon la tradition, cette montagne se situe à Jérusalem, elle nous indique que c’est en ce lieu qu’Abraham est appelé par Dieu à offrir son fils en sacrifice.

Ce qui est important dans cet épisode qui nous est donné, c’est de découvrir l’obéissance d’Abraham. Il obéit à la parole de Dieu, et pour cela, Dieu lui fera miséricorde, et lui donnera ses bénédictions :

« Je te comblerai de bénédictions parce que tu as écouté ma voix. »

Et c’est une invitation pour chacun d’entre-nous aussi d’écouter ce que Dieu a à nous dire, que ce soit dans la prière ou dans la méditation de Sa parole. Ces textes sont justement là pour nous aider à grandir dans notre foi, pas simplement pour nous raconter une belle histoire qui peut nous faire frémir ou provoquer d’autres réactions intérieures… Il s’agit d’écouter véritablement cette parole, d’apprendre à l’écouter.

Abraham vient donc pour offrir son fils Isaac. Isaac est comme un autre Jésus, il est une préfiguration du Christ. Et dans ce passage de la Transfiguration, Jésus dévoile Sa divinité pour annoncer Sa passion. En ce sens, Jésus aussi est un autre Isaac. Mais Lui, va être véritablement offert en sacrifice en mourant sur la Croix. Et c’est bien ce que nous dit Saint Paul dans la lettre aux Romains que nous avons lue :

« Il n’a pas épargné son fils, mais il l’a livré pour nous tous. »

Voyez, dans la progression de la révélation, le Christ est véritablement la charnière de toute l’histoire de l’humanité, puisque Dieu vient à la rencontre de l’Homme pour le sauver. Et si le Christ va mourir sur la Croix, Il ne va pas en rester là, car Dieu le Père Le ressuscitera.

Et c’est aussi pour nous l’occasion de méditer sur notre vie. Nous sommes appelés à vivre, mais aussi, un jour nous mourrons, avec la certitude de la Foi que nous ressusciterons à la suite du Christ. C’est tout ce qui doit fonder notre espérance chrétienne. Elle nous tend vers cette résurrection à laquelle nous sommes appelés, même si, dans un premier temps, lorsque nous mourons, nous serons dans l’attente de la résurrection des corps.

C’est important que nous puissions nourrir notre Foi, que nous ayons cette espérance au cœur que Dieu est venu justement pour nous sauver. Cela montre aussi que nos vies ont un sens : nous ne sommes pas là simplement pour exister, mais pour entrer un jour dans la gloire de Dieu.

Et ce qui nous est demandé, c’est ce que Jésus a fait à ses disciples Pierre, Jacques et Jean en leur demandant de Le suivre : c’est d’être témoin de Sa transfiguration. Dans la société juive, il faut deux témoins pour qu’un témoignage soit valable et rendu vrai, et dans ce cas, ils sont trois. Ainsi, on peut dire que Jésus dépasse ce que la tradition juive demande.

Et si Pierre, Jacques et Jean sont là, et si Jésus leur demande de ne pas dévoiler cet épisode tout de suite et d’attendre qu’Il soit ressuscité, c’est parce qu’Il voulait implanter dans le cœur de Jacques et de Jean cette graine de l’Espérance, de cette certitude de la Résurrection, qu’Il est véritablement le Fils de Dieu.

Alors, cette annonce du sacrifice du Christ doit être aussi pour nous l’occasion de méditer sur le fait que le Christ vient aussi pour sauver chacun d’entre nous. Il vient pour nous fortifier dans notre Foi, il vient pour que notre espérance nous tire en avant, que nous soyons dynamiques dans notre Foi, que nous ne soyons jamais endormis, que nous ne soyons jamais dans le doute, mais toujours des acteurs de notre Foi et que nous soyons capables d’en témoigner.

Et ce qui sera important, dans cette espérance qui nous est demandée, c’est de développer cette fidélité à la volonté de Dieu, d’enraciner notre confiance dans cette présence de Dieu dans nos vies. Chacun d’entre nous nous avons reçu la grâce de la Foi par le baptême et nous avons justement cette espérance et cette charité qui doivent nous tirer en avant, pour que nous soyons acteurs de notre Foi pour que Dieu puisse nous accueillir le jour où nous nous présenterons devant Lui.

Ce qui est essentiel, ce qui va soutenir notre espérance, notre marche en avant dans cette vie, c’est cette fidélité, cette confiance dans la présence de Dieu. Ce n’est pas parce que nous ne Le voyons pas, ce n’est pas parce que nous ne sentons rien ni ne touchons pas le corps du Christ, ni parce que nous sommes sourds à la parole de Dieu d’une manière extérieure que notre Foi n’est pas agissante. C’est aussi une des difficultés : nous attendons trop des signes sensibles de la part de Dieu.

Mais plus notre Foi est obscure, moins elle bénéficie de la perception de nos sens, plus elle est profonde. Une sainte qui nous est contemporaine nous a transmis cette expérience. Dans une émission de télévision, la présentatrice pointait qu’elle avait perdu la Foi, qu’elle n’avait plus cette certitude… Mais, nous savons que la nuit de la Foi fait partie de la vie spirituelle. Elle en est la purification pour que nous nous attachions non pas aux signes extérieurs, non pas à la présence physique de Dieu qui pourrait se manifester à nous, mais au contraire pour que nous continuions à appliquer les gestes de la Foi, les démarches qui nous sont proposées sans voir, sans sentir et sans entendre, mais que nous creusions justement cette présence de Dieu en nous.

Ainsi, aujourd’hui, Mère Teresa est dans la gloire ! Et pour nous, qu’en sera-t-il ? Est-ce que nous voulons absolument nous tenir à des signes extérieurs, ou est-ce que nous sommes prêts à abandonner notre volonté, nos sens, à la présence de Dieu ? Que le Seigneur travaille nos cœurs pour que nous puissions grandir dans cette présence.

La Foi et l’Espérance seront donc un guide pour nous. Et concernant la Charité, c’est elle qui manifeste l’amour de Dieu : combien Dieu nous aime et combien nous avons à aimer les autres avec l’amour de Dieu, en méditant sur le fait qu’en venant dans le Monde, le Christ va souffrir et mourir sur le Croix. La mort du Christ sur la Croix est l’acte d’amour le plus grand que le monde n’ait jamais porté ni connu.

Cela doit aussi nous faire réfléchir à notre manière de vivre cet amour de notre prochain, cet amour de Dieu par rapport à nous. Nous savons que notre vie est faite de souffrance, de joies et de peines - que La Foi n’empêche pas – et aussi par moments de consolation. Mais la souffrance, la peine et la tristesse sont présentes dans nos vies. Alors, ne nous décourageons pas, mais au contraire, fixons nos yeux sur le Christ parce qu’aujourd’hui, Il nous dévoile Sa divinité et nous invite à entrer dans Son mystère pour que nous soyons, les uns et les autres, capables de marcher à Sa suite,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de la Genèse 22,1-2.9a.10-13.15-18.
  • Psaume 116(115),10.15.16ac-17.18-19.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 8,31b-34.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 9,2-10 :

En ce temps-là, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.
Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus.
Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande.
Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »
Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.

Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.
Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ».