Homélie du 2e dimanche de l’Avent

8 décembre 2014

« Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés. »

Dimanche décembre 2015 - Forme extraordinaire du rite romain

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Texte de l’homélie :

Mes bien chers frères,

L’évangile de ce deuxième dimanche de l’Avent nous permet de méditer sur la personne et la mission de saint Jean-Baptiste, le propre cousin de Jésus, celui qui a reçu mission de Dieu de préparer le chemin, d’annoncer la venue du Messie sauveur et de révéler sa présence au milieu des hommes. Toute sa vie est un exemple pour tous les chrétiens, spécialement dans les périodes difficiles où nous avons besoin comme d’un surcroît d’espérance.
Le passage de l’évangile que nous venons d’entendre se situe à un moment très précis : le Précurseur a été jeté en prison parce qu’il a fermement rappelé au roi Hérode ses devoirs. En effet ce dernier vit maritalement avec la femme de son propre frère. Saint Jean-Baptiste, sans rien craindre, l’a rappelé à ses devoirs : il n’est jamais permis d’aller contre la loi du Seigneur. Le Baptiste payera de sa liberté puis de sa vie d’avoir ainsi été fidèle à la vérité.

Nous-mêmes, nous sommes souvent bien lâches lorsqu’il s’agit der appeler ce qui est permis ou ce qui n’est pas permis, ce qui est conforme à la vérité de l’Évangile et ce qui fait l’œuvre du Démon. Certes, il ne s’agit pas de nous ériger en censeurs impitoyables des mœurs et des coutumes de nos contemporains, ni de faire la leçon au monde entier. En revanche nous avons à témoigner de la vérité, nous qui bénéficions de la lumière de l’évangile et de l’enseignement de l’Église. Nous sommes responsables de la grâce qui nous a été faite, et notre témoignage est la manifestation de l’amour que nous portons à notre prochain, nous préoccupant avant tout de son salut et de sa destinée surnaturelle. Et ce qui est vrai du temps de Jésus l’est tout autant aujourd’hui. Le premier devoir de la charité est de rappeler à temps et à contretemps la vérité à propos par exemple du mariage, de l’institution de la famille ou de la mission irremplaçable et inaliénable de la responsabilité des parents dans l’éducation des enfants.
Saint Jean Baptiste, depuis sa prison, entend parler de Jésus, de ses miracles et de sa prédication. Dans un premier temps notre Seigneur a donné l’impression de prendre exactement la succession de son cousin, en prêchant et en annonçant la proximité du Royaume de Dieu. Cependant les deux prophètes ont un style assez différent, si j’ose m’exprimer ainsi : alors que le Baptiste appelle à la conversion en annonçant le châtiment qui vient, Jésus manifeste de façon plus explicite et évidente la bonté et la miséricorde divines qui viennent non pour punir d’abord, mais pour guérir et pour sauver tous les pauvres. Ainsi les miracles qu’il réalise en guérissant les aveugles, les sourds et les estropiés, en purifiant les lépreux, en ressuscitant les morts sont le signe, la preuve, la marque de la présence même de Dieu qui vient au secours du genre humain.

Certes, nous connaissons suffisamment bien l’évangile pour savoir que Jésus ne s’est point montré moins exigeant que tous les prophètes de l’Ancien Testament : lui aussi appelle à la conversion et rappelle les exigences de l’Alliance passée entre Dieu et son peuple.
Cependant, il montre que le chemin de la fidélité et de l’obéissance à la loi du Seigneur n’est pas impossible à trouver et à emprunter. Il suffit de l’accueillir, Lui, le Christ sauveur, puisqu’il nous fait la grâce de sa présence dans nos vies pour nous donner d’être fidèles à sa parole. La loi nouvelle ne consiste pas d’abord à obéir aux commandements, nous avons tous fait l’expérience que nous en sommes incapables si nous sommes laissés à nos propres forces, mais bien de suivre le Seigneur Jésus, d’être son disciple, son frère et son ami. A chaque chrétien, il est donné de faire la même expérience, de vivre la même aventure que celle que firent saint Pierre, saint Jean, saint Paul et tous les autres saints qui ont jalonné l’histoire de l’Église et de l’humanité.

Mais revenons à notre page d’évangile : saint Jean Baptiste est dérouté par la prédication et le style de Jésus. Il lui pose alors la question fondamentale et décisive : Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? Il se fait ici le porte-parole de sa génération. C’est tout un peuple en effet qui attend dans l’espérance, mais aussi dans l’impatience, la venue d’un sauveur, d’un messie, d’un libérateur.
A contrario, le drame de notre époque et de notre civilisation n’est-il pas qu’il n’attend plus rien, qu’il n’espère rien, parce qu’il croule sous les biens matériels et que tout dans notre monde civilisé le pousse à oublier l’essentiel, les désirs les plus profonds de son cœur, sa raison même de vivre ? La fête de Noël elle-même, mystère de pauvreté, triomphe de l’esprit d’enfance, joie d’accueillir dans un cœur purifié le salut et la paix qui vient d’En-Haut, s’est transformé en une monstrueuse kermesse où l’argent règne en roi.

Le temps de l’Avent nous est justement donné pour supplier le Saint-Esprit de creuser en nous le désir, l’attente, l’espérance du Salut. Il suffit de nous mettre à l’école de saint Jean-Baptiste, de saint Joseph, de tous les justes de l’Ancien Testament et de la Très S. Vierge Marie. Certes Jésus-Christ est déjà venu et nous savons qu’Il reviendra dans la gloire, en son second avènement, pour juger les vivants et les morts. Mais Il vient encore en nous chaque fois qu’il nous visite par sa présence : la grotte de Bethléem, c’est le cœur de l’homme qui se convertit ou qui lutte pour rester fidèle à l’Évangile.

L’évangile s’achève par ce bel éloge que Jésus prononce sur son cousin : un prophète, et mieux qu’un prophète, celui-là même que Dieu envoie comme messager pour qu’il prépare la route du Messie. Mais nous aussi, comme baptisés, comme fidèles et disciples du Seigneur Jésus-Christ, du sauveur du monde, nous devons être les saint Jean-Baptiste pour nos frères, c’est-à-dire pour tous ceux que la providence de Dieu met sur notre chemin et nous confie.
Que Notre-Dame nous donne d’accueillir le Sauveur avec un cœur pauvre, ardent, humble et confiant.

Ainsi soit-il.


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Références des lectures du jour :

  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 15,4-13.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 11,2-10 :

En ce temps-là, Jean, dans sa prison, ayant entendu parler des œuvres du Christ, lui envoya dire par ses disciples :
— « Êtes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jésus leur répondit :
— « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés.
Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute ! »
Comme ils s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules au sujet de Jean :
— « Qu’êtes-vous allés voir au désert ? Un roseau agité par le vent ? Qu’êtes-vous donc aller voir ? Un homme vêtus d’(habits) somptueux ? Mais ceux qui portent des (habits) somptueux se trouvent dans les demeures des rois. Mais qu’êtes-vous allés (voir) ? Voir un prophète ?
Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète.
C’est celui dont il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de vous, pour vous préparer la voie devant vous. »