Texte de l’homélie :
Les lectures de ce jour amènent à nous poser cette question :
« D’où cela Lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui Lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par Ses mains ? »
Une question qui est chargée de la non-foi dont le Seigneur est accueilli dans notre monde depuis les temps anciens, on le voit déjà chez Ezéchiel et jusqu’à aujourd’hui. Et Sa parole ne passe pas.
Il retourne chez les siens et il y a ce manque de foi. Ils l’entendent bien parler, avec un certain étonnement, mais cette ouverture d’accueil laisse vite place à un sentiment de scandale, en Le dénigrant : « On le connaît déjà , on sait déjà tout… ». Comme on entend parfois chez des élèves du collège, après quatre années de catéchisme : « ce n’est pas la peine de nous parler de l’Evangile, on sait déjà tout ! ».
Nous terminons aujourd’hui la deuxième séquence, le deuxième livret de l’évangile de Marc, qui nous révèle que Jésus est la Parole de Dieu. Ce passage commençait aussi bien tristement : les écrivains et les scribes, envoyés de Jérusalem, traitent Jésus de possédé, disant qu’il agit au nom de Belzébul.
Ici, dans Son village, on ne le comprend pas non plus, on ne l’accueille pas.
Saurons-nous accueillir Jésus et Sa Parole ?
Avec ces textes, l’Eglise nous invite à apprendre à accueillir Jésus, cette Parole. Nous ne pouvons pas nous contenter, nous limiter simplement de certaines connaissance, de ce que nous « savons » sur Jésus, sur ce que l’on nous en a dit. Et c’est pour cela qu’au début de ce deuxième livret, il y a l’appel des douze : il nous faut rentrer dans Son intimité, il nous faut nous laisser émerveiller, nous laisser surprendre pour découvrir cette parole de Dieu. Sinon, nous serons comme les adversaires de Jésus qui projettent sur Lui leur intentions mauvaises (comme Sa parenté, prisonnière des liens charnels), ou le prendre pour un illuminé, ou encore comme les Jérasiens qui, trop soucieux protéger leurs biens, vivaient dans des tombeaux (après la guérison du possédé), et en l’éloignant comme indésirable, insupportable. Alors, on le range dans un petite connaissance qui n’en vaut pas la peine, ce n’est pas efficient puisque tout le monde n’est pas converti, ou encore la foule qui l’écrase de son empressement importun…
Nous sommes appelés à accueillir cette parole de Jésus, de vivre avec Lui, et de laisser cette parole nous transformer. Car, comme le rappelle le Pape dans son exhortation apostolique sur la sainteté, ce n’est pas simplement une connaissance à accumuler, à savoir de belles idées et des choses sur Dieu, mais c’est accueillir la Parole pour ce qu’elle est : la puissance de Dieu qui nous transforme et qui agit en nous.
Comme plusieurs d’entre nous, je reviens du pèlerinage à Lourdes. Dans mon groupe, une personne atteinte de troubles psychiques qui demande le baptême, vivait parfois difficilement les moments en communauté, par manque d’habitude. Ayant discuté suite à un mouvement de violence dont elle avait été animée réalise tout à coup que Jésus n’aurait pas réagit comme cela. Elle laisse alors la Paix rentrer, elle laisse tomber les réactions violentes.
Cela peut-être vrai pour toutes les passions humaines. Nous avons à nous mettre en route avec Jésus – et Il insiste - à « pratiquer », non pas pour être conformes, pour être des gens « biens », des héros, mais pour nous laisser transformer.
Pour que la Parole de Jésus fait sa demeure en notre cœur
En lisant la Parole, nous sommes invités à faire une lecture « divine », comme on disait autrefois : non pas pour prendre une simple connaissance de la Parole, mais pour la recevoir dans notre cœur, pour la méditer – non pas pour en faire des belles idées – mais pour la laisser toucher notre vie et la laisser agir en nous.
On le voit dans toute la section que nous venons de lire que cette parole, mise dans notre cœur comme une semence fait son chemin petit à petit, avec des grands moments de grâce, et d’autres moments où nous avons l’impression de piétiner, de passer l’hiver. Ainsi, laissons-la germer dans notre cœur.
La deuxième lecture de Saint Paul prend en considération la révélation extraordinaire de qui est Jésus, puisqu’Il est la Parole de Dieu, la Puissance de Dieu qui agit en nous. Il affronte les adversités. Et une bonne manière de savoir si nous sommes vraiment enracinés dans le Seigneur c’est de voir comment nous réagissons dans les faiblesses, dans les insultes et les persécutions, les contraintes et les situations angoissantes
Saint Paul fait cette découverte, et le Pape François le reprend :
Etre un saint, ce n’est pas être un héros
Etre un saint, c’est simplement laisser ouvrir nos vies à la grâce du Seigneur, à la Parole pour qu’Elle prenne chair, pour le Seigneur puisse agir en nous. Est-ce que je vais prendre dans ma liberté – puisque c’est de cela qu’il s’agit, et on le voit avec les miracles qui viennent d’avoir lieu. C’est cette lutte entre le vie et la mort dans nos cœurs : allons-nous vivre la vraie vie, ou allons nous laisser prendre par les forces de mort.
Gagner cette lutte, c’est laisser le Seigneur toucher notre faiblesse, laisser la puissance du Christ ressuscité venir illuminer notre vie pour nous apprendre à marcher avec Lui, pour savoir se réjouir de Le laisser agir et aller de l’avant, comme dit le Pape François
Que ce soit des saints de l’Ancien Testament ou du quotidien, de la vie contemporaine, ce sont ceux qui ont su aller de l’avant. Vais-je me laisser bloquer par les faiblesses, les choses qui ne sont pas comme je voudrais qu’elle soient, ou est-ce que je vais invoquer le Seigneur ?
Et comme le pèlerin dont je vous parlais tout à l’heure qui rentre en lui-même, qui se relève – la violence s’en va et le sourire revient sur son visage – et rentre à nouveau dans le flot de la vie communautaire, de la vie de Paix, celle que le Seigneur veut nous donner,
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre d’Ézéchiel 2,2-5.
- Psaume 123(122),1b-2ab.2cdef.3-4.
- Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 12,7-10.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 6,1-6 :
En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent.
Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ?
N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? »
Et ils étaient profondément choqués à son sujet.Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. »
Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains.
Et il s’étonna de leur manque de foi. Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.