Homélie du 14e dimanche du Temps Ordinaire

8 juillet 2024

« Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. »

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Texte de l’homélie

Frères et sœurs,

Nous venons d’écouter la parole de Dieu, et ce qu’il en ressort aujourd’hui, c’est que face à l’Homme, Dieu est impuissant. Dans la première lecture, le prophète Ézéchiel décrit le visage dur et le cœur obstiné de celui qui a fermé la porte de son cœur au présence de Dieu et Il ne peut rien contre cela. Mais, Il ne va pas s’avouer vaincu et Il va tout faire pour que le cœur de l’Homme puisse s’ouvrir. Et le moyen par lequel le Seigneur permet cela c’est par la prédication pour vaincre ce refus, cette obstination qui est le signe même du péché.

Le refus de Dieu, c’est bien le péché qui nous empêche de devenir libre. A l’inverse, si vous l’avez bien écouté, dans le psaume que nous avons entendu, il y a l’attitude de celui qui est humble… C’est l’Église qui l’a choisi comme un enseignement pour nous montrer celui qui est dans l’attente, qui espère et qui est dans la douceur. Douceur par rapport à Dieu, douceur par rapport à ses frères.

Le psaume 122 est vraiment un hymne à l’attitude de celui qui attend tout de Dieu. Humble est la personne qui a conscience de la présence de Dieu et qui attend tout de Lui. Et cette parole de Dieu est ce qui vient le nourrir, lui donner de la matière à accueillir cette présence de Dieu et à en vivre.

Et, dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, Saint Paul nous donne une autre attitude. Lui qui s’est converti, il est un homme de désir, un homme passionné de Dieu. Et lorsqu’il se convertit, il prend la décision de mettre ses pas dans les pas de l’Évangile, ses pas dans les pas du Christ. Mais il voit aussi la difficulté que représente de vivre l’Évangile, et il nous livre ici une partie de son combat : il dit avoir une écharde dans sa chair, quelque chose en lui qui l’empêche d’être véritablement d’être aussi parfait qu’il le souhaitait.

Mais justement, la vie chrétienne n’est pas une recherche de l’impeccabilité, mais une recherche de l’inhabitation du Christ en nous, et c’est cela qui est important.

Le Seigneur est venu pour les pécheurs et non pas pour les bien portants. Il est venu pour ceux qui accueillent cette réalité sans désespérer, et qui cherchent jour après jour à correspondre l’amour de Dieu, non pas d’une manière parfaite mais en reconnaissant qu’ils ont besoin de la grâce de Dieu.

Nous avons besoin de la grâce de Dieu pour cela. Et dans l’Évangile de ce jour, il y a deux étapes qui nous pouvons distinguer : les habitants de Nazareth qui sont étonnés, jusqu’à l’incompréhension qui montre un manque de sagesse et de vie intérieure. Ils vivent comme à l’extérieur d’eux-mêmes, ils n’ont pas su découvrir cette présence du Christ auprès d’eux au cours de ces années cachées…
Et quand ils découvrent les signes et les miracles, la sagesse de Jésus, ils ont du mal à l’accueillir, jusqu’au refus d’admettre que l’autre puisse être supérieur à eux. Cela engendre même cette attitude de mépris que nous connaissons bien parce qu’il est lié avec ce fait de juger les autres, de considérer que l’on est mieux qu’eux. Mais, on ne peut connaître quelqu’un que de l’extérieur, on ne peut pas prendre conscience de son intériorité.

Dieu, Lui, nous connaît parfaitement car Il est notre créateur. Par ce lien, je peux Lui faire confiance et Lui dire : "Seigneur, aide-moi à Te connaître pour que je me connaisse."

Et Jésus s’étonne de leur manque de Foi, et cela vient d’un manque de vie spirituelle, d’un manque de désir profond de vivre dans cette présence de Dieu. En même temps, Jésus voit la pauvreté de leur vie spirituelle et Il désire profondément que cela change.
Dieu met tout en œuvre pour que l’Homme accueille la lumière de la rédemption. Et quand le Christ vient dans le monde, c’est justement pour nous inviter à le reconnaître comme Celui qui vient d’auprès de Dieu pour nous sauver.

Nous ne sommes pas différents des gens de Nazareth, et nous avons chacun à faire ce chemin d’accueillir le Christ comme notre rédempteur, notre sauveur, Celui qui nous a libéré du péché. Il nous a libéré du carcan qui nous empêche d’être libres, des règles de la « morale »…

Avant sa conversion, Saint Paul était Pharisien, un expert de la Loi, il connaissait les 613 commandements et essayait de les vivre de la manière la plus parfaite possible. Et pourtant, cela ne le comblait pas. Et lorsque le Christ se révèle à Lui, ce poids des règles va tomber, il va se trouver libéré d’une exigence impossible à vivre.

C’est ce que la Foi opère en chacun de nous, et Jésus ne nous a donné qu’une seule règle : c’est celle de l’amour, de l’amour mutuel. Si nous aimons véritablement, alors, nous n’avons pas besoin de règles, de nous torturer l’esprit. Si j’aime l’autre, je suis son serviteur, je deviens le serviteur de mes frères et de mes sœurs. Et un proverbe de Saint Augustin le dit clairement :

« Aime et fais ce que tu veux ! »

Si la Foi qui nous ouvre à l’amour, nous devons alors approfondir cette vie spirituelle qui nous est donnée. Nous devons approfondir notre relation avec le Christ car Lui seul nous montre le chemin de l’amour véritable. Et vous pouvez aussi reprendre l’Évangile de Saint Jean au soir de Cène, lorsque Jésus Se lève et lave les pieds de Ses disciples. Et comme Il le dit, Il nous montre ce que nous avons à nous faire les uns aux autres, les uns envers les autres.

Nous sommes devenus les serviteurs les uns des autres. Et cela doit être une réflexion personnelle pour chacun d’entre nous. Et le fait d’aimer c’est de toujours vouloir désirer le meilleur pour l’autre, à avoir cette attention qui nous aide à découvrir et à accueillir l’autre comme il est.

Il est vrai que cette foi que nous avons à vivre et à développer engage notre volonté. Car sans cette volonté véritable qui vient du fond de notre cœur, nous ne pouvons pas y arriver. Nous pouvons y arriver à cloche-pieds mais le Seigneur si nous a donné deux pieds, c’est pour arriver à marcher vers Lui.

Ainsi, nous devons demander cette grâce. Et si nous avons besoin d’un modèle, de quelqu’un qui nous précède dans la Foi et qui a su vivre l’Évangile de manière parfaite, nous pouvons nous tourner vers la Vierge-marie et Lui demander Son aide. Elle est une bonne mère qui saura nous enseigner. Elle est aussi maîtresse de vie spirituelle, et vous voyez que nous avons les moyens pour pouvoir y arriver.
Puis, il y a tous les autres moyens que le Christ nous a laissés par Son Église : l’Eucharistie, la messe, la Parole de Dieu, la prière, la confession sont tous ces moyens qui nous sont donnés pour ne jamais nous arrêter en chemin mais toujours avancer et progresser dans notre Foi,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Ézéchiel 2,2-5.
  • Psaume 123(122),1b-2ab.2cdef.3-4.
  • Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 12,7-10.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 6,1-6 :

En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent.
Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? »
Et ils étaient profondément choqués à son sujet.
Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. »
Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains.
Et il s’étonna de leur manque de foi. Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.