Nous allons aborder la question du politique et de la foi. Le choix de ce sujet ne s’est pas fait par hasard : 2012 est une année au cours de laquelle, chacun et chacune, aura à prendre position sur des propositions qui lui sont faites de la part des hommes et des femmes politiques, que ce soit pour les présidentielles comme pour les législatives. Il est donc important de connaître la position de l’Eglise sur la place et le rôle de la politique en général.
Que dit le magistère sur la politique en général ?
Dans le document joint au bas de l’article vous trouverez des citations issues de textes du Catéchisme de l’Eglise Catholique ou du concile Vatican II et qui donne un éclairage sur la politique.
La politique est un service pour faciliter l’exercice de la liberté et de la responsabilité de tous.
L’enseignement de l’Eglise nous permet de savoir pourquoi la politique existe, et quel est son rôle dans la société. L’Eglise ne se désintéresse pas de la réalité politique qui fait partie de sa pensée sociale. La foi peut être une vraie lumière, tant pour l’homme et la femme politique, que pour nous qui sommes appelés à y participer par notre vote. Mais le message de l’Eglise s’adresse à toute personne croyante ou non et redit des valeurs universelles
La politique est un service
Pour l’Eglise, la politique, et de manière générale le pouvoir, c’est d’abord un service à exercer auprès des concitoyens, auprès des administrés, auprès de notre prochain. En pratique, dans la vie religieuse, un frère peut avoir de hautes responsabilités, être en charge de la Congrégation, par exemple, et le mandat d’après, cela peut-être un autre frère, qui assume cette même responsabilité. La rotation de la responsabilité dans l’Eglise nous montre justement que l’on est au service. Personne n’est propriétaire de la charge qu’il a reçue. Mieux encore, personne ne se présente et ne fait campagne. Bien sûr vous trouverez des carriéristes dans l’Eglise comme dans la société mais ce n’est pas l’esprit de l’Evangile.
Nous devons rappeler aux hommes et aux femmes politiques, que nous chrétiens, nous les voyons d’abord dans une attitude de service. Cela veut dire aussi qu’ils seront « évalués » sur la capacité de se mettre au service de leurs concitoyens. Ils sont là pour servir et non se servir.
Il ne faut donc pas hésiter à aller rencontrer les hommes et les femmes politiques et à les interroger, que ce soit personnellement, ou en groupe. D’ailleurs, les politiques sont tout à fait en demande de contacts personnels. N’ayons pas peur d’aller à la rencontre de nos élus. J’ai demandé rendez-vous à mon député pour savoir la décision qu’il allait prendre pour le travail le dimanche et lui dire ma position comme citoyen. Il est très important que nous fassions valoir quelle est notre manière de voir la politique, car la vision chrétienne est très particulière. Il est des points sur lesquels nous ne pouvons pas transiger. Nous ne voulons pas abdiquer, car ces points sont précisément au cœur de notre foi, comme par exemple le respect de la vie humaine dans sa fragilité, qui fait partie des points très importants.
Il faut faire attention à un danger dans la vie spirituelle : arriver à un certain désintérêt de la vie politique. Il m’arrive de le constater chez les jeunes professionnels et les étudiants que j’accompagne. Lorsque je leur demande s’ils savent pour qui ils vont voter aux présidentielles ou aux législatives, bon nombre sont dans l’expectative et n’ont pas de réponse, disent que cela ne les intéresse pas, qu’ils ne suivent jamais les actualités. Ne pas nous tenir au courant est un tort que nous avons parfois comme croyants. Ce n’est pas parce que nous sommes dans une dimension spirituelle que nous avons à nous désintéresser de la dimension temporelle. Comme si quelqu’un, dans une famille, se préoccupait du chemin de sainteté de la famille sans se préoccuper de la subsistance au quotidien. Le catéchisme nous dit que le politique est là pour l’exercice de la liberté et c’est la responsabilité de tous. Comme catholiques, nous avons une responsabilité en politique. Et croyez-le bien, votre parole est attendue ! Ce que vous portez comme catholique, ce que vous avez à dire, vous l’exprimez dans votre bulletin de vote, et les politiques, comme vous le savez, sont intéressés par votre bulletin de vote…
Nous avons donc à connaître les programmes des différents politiques, à les lire…
Le fait de voter est un devoir du Chrétien
Notre foi catholique nous demande de voter. Quelqu’un qui ne voterait pas volontairement, ou oublierait de le faire par procuration, commettrait à mon avis une faute à remettre dans la confession…. C’est un péché que de ne pas voter, car il y a quelque chose de la place et de la voix de l’Eglise et des baptisés qui ne serait pas entendu. Le Catéchisme de l’Eglise Catholique donne une définition assez large de la politique : « Faciliter l’exercice de la liberté et de la responsabilité de tous ». Par notre vote nous exerçons notre liberté et notre responsabilité.
Le concile Vatican II, dans Gaudium et spes, approfondit cette question de la politique, car dans cette constitution pastorale, il s’est agi de voir quels sont les liens de l’Eglise avec le Monde de notre temps. Il y est dit la chose suivante :
« Là où existe une société de type pluraliste, il est de haute importance que l’on ait une vue juste des rapports entre la communauté politique et l’Eglise, et que l’on distingue nettement entre les actions que des fidèles, isolément ou en groupe, posent en leur nom propre comme citoyens, guidés par leur conscience chrétienne, et les actions qu’ils mènent au nom de l’Eglise, en union avec leurs pasteurs. »
La première chose qui et dite, c’est qu’il faut avoir une vue juste sur le rapport qui existe entre la communauté politique et l’Eglise. C’est à dire que l’Eglise n’a pas de propositions concrètes à faire concernant la crise financière, concernant les fonds de placements, elle ne va pas apporter un guide des bonnes pratiques pour lutter contre la crise. En revanche, elle va apporter une lumière, « une vue juste », sur la place de l’économie, de l’argent et du travail. Il est intéressant de redire que le politique et le religieux sont distincts. Le fondement même de la laïcité est dans l’Evangile : c’est Jésus qui a inauguré la laïcité en disant de « rendre à Dieu ce qui est à Dieu, et à César ce qui est à César ».
Pour une vision chrétienne de la laïcité
La laïcité n’est pas un désintérêt de la politique pour le religieux, ou du religieux pour le politique.
Ce serait pas juste qu’une personne ne soit pas écoutée parce qu’elle est catholique. Si d’une manière ou d’une autre on tente de faire comprendre à des prêtres, des évêques, qu’ils sont de trop dans le débat politique, ce n’est pas une vue juste. En démocratie on donne le droit d’expression à tout le monde, mais cela veut dire aussi que les religions, et singulièrement, la religion catholique, qui en France est majoritaire, a aussi son mot à dire. Si elle ne dit pas sa position sur des débats de société, il manque quelque chose au débat citoyen. C’est vrai de l’Eglise comme hiérarchie comme des baptisés engagés au nom de leur foi.
Il y a eu une réflexion de la part des évêques de France sur des éléments de discernement pour les élections de 2012 (lire l’article Élections : un vote pour quelle société ?). Selon les derniers sondages, 63% des français se disent catholiques. Force est de constater qu’il n’y a pourtant pas 63% de pratiquants ! Mais les personnes qui se disent catholiques peuvent être intéressées par la voix de l’Eglise, si tant est qu’elle puisse être relayée par les médias.
Beaucoup plus que vous ne le croyez, la voix de l’Eglise est attendue par des catholiques mais aussi par les autres.
Les documents joints vous permettront d’approfondir ce sujet :