Vie perso et vie pro, quel équilibre ?

Conférence Spi&Spi - Jeunes pros (18-35 ans)

De nos jours, on constate une porosité des frontières entre le travail et la vie perso. En 2015 une étude montre que 81% des cadres règlent des questions personnelles au bureau. Ce sont des digital natives qui peuvent le remarquer le mieux. Cela concerne surtout les cadres, les Freelancer, et les télé-travailleurs.
Une autre étude montre que 69% des cadres travaillent chez eux le soir, 45% le week-end, et 27% pendant dans les vacances.

Trois salariés sur quatre consultent leurs mails ou répondent à des appels en dehors du travail. 22% d’entre eux le font pour éviter d’être jugés de façon négative en n’ayant pas répondu. Pour 18% c’est une manière de se rassurer. Les digital natives se reconnaîtront…

Prenons le temps de nous demander où nous en sommes par rapport à cette question de d’y apporter des solutions.

Père Pierre-Marie

Résumé de la conférence :

Les raisons d’un déséquilibre

  • Raisons technologiques : Le fait d’emporter son ordinateur pro et son téléphone pro chez soi est un moyen pour l’employeur de joindre le salarié « H-24 ». L’hyper connexion fait qu’il est difficile de trouver un équilibre.
  • Depuis 2017, nous avons le droit à la déconnexion lorsque nous sommes dans une entreprise de plus de 50 salariés.
  • Notre psychologie peut aussi nous jouer des tours : la peur d’être jugés, d’être mal vus, si l’on manque de confiance en soi, si l’on est perfectionniste ou que l’on ne parvient pas à se mettre des limites, si nous cherchons à être valorisés…
  • Cela peut aussi être dû au travail lui-même : c’est le cas d’un travail « vocationnel » comme ceux qui concernent le soin. On peut être victime d’une dérive sacerdotale, se sentir indispensable, vouloir être son propre patron (60% des patrons de TPE ne prennent pas de vacances). Il faut parvenir à

Les symptômes d’un déséquilibre

Le manque de vie intérieure

On peut constater un manque de vie intérieure et de repos qui refasse bien nos forces. Et l’on cherche du repos ailleurs, dans de l’alcool, la drogue, le sexe, pour trouver une détente. Puis on retend l’élastique, et c’est reparti pour un cycle travail/détente, mais repos réel.
Posons-nous la question de ce qui nous repose vraiment…

La maladie du don que l’on peut aussi appeler Burn-out :

C’est une mauvaise manière d’aimer. Distinguons trois aspects dans ce processus :

  • l’aspect affectif : les signes sont l’épuisement émotionnel, l’absence de joie et d’entrain.
    L’épuisement se traduit par l’absence totale d’énergie pour le travail avec une carence de la volonté par absence de motivation et donc d’élan vers un idéal. Un des symptômes c’est l’incapacité à accomplir les gestes simples de la vie quotidienne. Le cerveau patine, ne répond plus…
  • Le deuxième symptôme est interpersonnel : alors qu’au début le salarié s’engageait dans les relations avec ses élèves, auprès de ses patients ou de ses clients, désormais il s’en désinvestit, il se tient à distance.
    Cela peut s’accompagner d’une amertume à l’égard de l’institution, d’une critique systématique, d’un cynisme. Moins s’ouvrir pour moins souffrir. Le mot désengagement serait plus pertinent. La vie pro n’est pas satisfaisante et la perso non plus. L’’impression de ne rien vivre de façon équilibrée.
    Il y a également les symptômes somatiques avec la diminution de l’accomplissement personnel -* Le troisième symptôme touche la personne elle-même. La personne se convainc de son inaptitude, incompétence. C’est l’impression d’échec qui domine, la dégringolade de l’estime de soi et de la confiance en soi. Dans un cas extrême entend parfois : « Je n’avais qu’un désir : me coucher ».

Il faut être attentifs aux signaux faibles qui viennent de la part de nos amis, familles, partenaires.
Il faut aussi prêter attention aux symptômes spirituels car la spiritualité fait partie de la vie personnelle.

Les solutions

Il y a plusieurs points d’appui pour maintenir un bon équilibre :

  • Réagir à temps pour éviter le burn-out : la fausse piste c’est laisser le travail gérer sa vie perso en organisant des after-work, les séminaires de détente…
  • Comment réagir ? Il faut avoir une vision organique de sa vie car tout est lié. Il faut apprendre à gérer sa culpabilité et prioriser les choses. Apprendre à dire « non » c’est apprendre à dire « je ».
  • Plus concrètement : s’octroyer des pauses, la sieste au travail, prioriser ses tâches. La question des gros cailloux est primordiale, si vous connaissez la petit histoire… Les managers doivent montrer l’exemple en se déconnectant ; il est nécessaire de développer un management bienveillant basé sur les talents et non sur les objectifs.
  • Faire un travail sur sa culpabilité est indispensable : ce point est à travailler car cela nous habite et nous joue des tours dans la vie professionnelle et fait que l’on n’ose pas dire non.
  • Se rappeler qu’en amour comme au travail, une relation fusionnelle est toxique. Une certaine distance par rapport au travail est nécessaire.
  • Enfin, il faut accepter de passer par une certaine désillusion : traverser cette étape est un signe de maturité. Il est possible d’arriver à un moment où l’on est déçu par des personnes qui nous ont manipulés, qui se sont approprié votre travail pour avancer, des collègues qui auront eu un comportement décevant… prenez cela positivement, comme une occasion de faire descendre le travail de son piédestal.
  • Prendre le temps de la relecture, avec un accompagnement, si cela est possible. Entreprenez un bilan de compétence si vous le pouvez.

Et si tout cela ne fonctionne pas, si votre travail est toxique, il faudra envisager la démission…