Le terme de « dette » est très intéressant. C’est le mot employé par saint Matthieu dans le Notre-Père lorsqu’il veut parler du pardon des offenses :
« Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs. » (Mt 6, 12)
Le terme de « dette » indique une forme de déséquilibre dans une relation.
Si on est l’offenseur, nous contractons en quelque sorte une dette à l’égard de la personne offensée. Elle ressent que quelque chose lui est dû : la reconnaissance du mal que nous lui avons fait, des excuses, une demande de pardon, une réparation.
Tant que cette dette n’est pas remise, la relation demeure marquée par cette asymétrie, comme un compte en suspens.
Si on est l’offensé, le pardon consiste à libérer l’autre de la dette morale ou émotionnelle qu’il a contractée en nous blessant. La remise de la dette vient rétablir une relation où on renonce à notre droit de « faire payer » quelque chose à l’autre, ne serait-ce que par le ressentiment, la rancune ou le silence.
Avec le pardon, la relation peut retrouver une forme de fluidité.
Cette halte sera plus particulièrement consacrée à la demande de pardon ; la halte prochaine sera consacrée au pardon lui-même. Une troisième halte viendra compléter cette réflexion de l’année jubilaire concernant notre passé par une présentation de la résilience : comment rebondir après des échecs, des traumatismes divers et variés, même s’il n’y a pas de coupable identifiable ?