Sortir de l’immaturité pour devenir adulte

Conférence Spi&Spi - Père Pierre-Marie

L’âge adulte est le moment de la prise d’indépendance et de responsabilité. C’est aussi le moment où l’on arrive à unifier sa vie, qu’elle ne soit pas sous forme de compartiments. Entre la partie pro, la partie perso (sentimentale et familiale), il peut y avoir des incohérences. La cause en est bien souvent un manque de maturité…
Il y a aussi l’accueil du réel entre la personne que je rêve d’être et celle que je suis vraiment.

Qu’est-ce que la maturité ? comment savoir si je fais preuve d’immaturité ?

Père Pierre-Marie

Résumé de la conférence

Introduction

  • La maturité humaine : l’harmonie, l’équilibre de soi-même, l’unité intérieure, accueil du réel. Elle donne une force intérieure qui permet d’aimer davantage.
  • L’immaturité humaine :
    • Vision négative de soi. Ne pas oser dire je ou dire non. La non-acceptation de ses propres dons. Ou bien vouloir être le centre de tout, le « nombril du monde ». Souvent le mélange des deux. Dans les deux cas c’est infantile.
    • Il existe des immaturités (jalousie, susceptibilité, colérique, impulsivité, procrastination, instabilité émotionnelle, manque de discernement..). qui viennent de nos expériences et entraînent une déviation, un manque de sécurité et de confiance en soi. Les actes ont leurs conséquences en nous. Il existe des immaturités qui viennent de blessures reçues dans l’éducation. Différence entre immaturités, blessures et péchés.
  • La maturité spirituelle : Chercher la volonté de Dieu et demander la force de l’accomplir
  • L’immaturité spirituelle
    • Faire l’expérience de Dieu mais ne pas la mettre en pratique. Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux Mt 7, 21
    • Faire de l’expérience de Dieu une simple question d’émotion
    • Faire du bricolage spirituel « La religion devient presque un produit de consommation. On choisit ce qui plaît, et certains savent aussi en tirer un profit. Mais la religion recherchée comme une sorte de "bricolage", en fin de compte ne nous aide pas. Elle est commode, mais dans les moments de crise, elle nous abandonne à nous-mêmes » Benoît XVI à Cologne JMJ
  • Le lien entre les deux maturités spirituelles et humaines

I. La maturité humaine

1. Égalité d’esprit

  • C’est l’égalité d’humeur, une stabilité de caractère qui s’oppose au fait d’être cyclothymique, les montagnes russes de nos psychologies blessées
  • C’est la capacité de vivre dans le présent
  • Le rôle des émotions et la place de l’intelligence
  • Le rôle de l’imagination

2. La prudence dans les décisions

  • Les vertus cardinales. Qu’est-ce qu’une vertu ?
  • La vertu de prudence : concerne l’action qui vise un bien, ordonne les moyens aux fins et hiérarchise les fins entre elles
  • Les étapes de la prise de décision : Délibération, conseil, passage à l’acte
  • Les immaturités dans la prise de décision

3. La bonne appréciation des événements et des personnes

  • Vivre sous emprise – manipulation, fusion
  • Vivre par procuration, sous le regard de l’autre
  • Désir de plaire – liberté intérieure
  • Donner une confiance excessive à quelqu’un
  • Donner à un événement une importance excessive (deuil, maladie, échec, succès, péché…)

II. La maturité spirituelle

  • 1. Faire le choix de Dieu dans sa vie
  • 2. Renoncer aux idoles, aux fausses images de Dieu
  • 3. Conformer sa vie à Jésus et à Jésus crucifié : l’accueil de l’épreuve
  • 4. Grandir dans la foi : la formation doctrinale
  • 5. Grandir dans la charité : 1, Co13 : Patience, bonté, envie, vantardise, orgueil, malhonnête, ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne tient pas en compte le mal, ne se réjouit pas de l’injustice, se réjouit dans le vérité, elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout.

III. Les moyens de grandir

  • 1. L’accompagnement spirituel
  • 2. La pratique des vertus : la force des petits pas. Ce qui est à notre portée.
  • 3. La louange comme décentrement de soi
  • 4. L’espérance : blessé mais j’avance
  • 5. La pratique des sacrements comme source de guérison et d’unification
  • 6. Les engagements comme pratique de la confiance

IV. Être adulte au plan humain

  • 1. Au plan humain être adulte c’est se tenir debout, s’accepter soi-même
  • 2. Sens des responsabilités : savoir affronter les conflits. Qui se positionne, positionne les autres
  • 3. Savoir porter les autres
  • 4. Capable de sacrifice, d’une grandeur d’âme, d’une magnanimité, de courage

V. Être adulte dans la Foi

Quels sont donc ces signes, ces points de repère qui nous permettent d’affirmer qu’une personne témoigne d’une foi de plus en plus mature ? En fait, il s’agit de déterminer dans quelle(s) direction(s) le croyant ou la croyante peut évoluer, et cela à trois niveaux particuliers. Sur le plan affectif, nous pouvons affirmer que la marque d’une foi de plus en plus adulte est qu’elle se présente comme de plus en plus libre et personnelle, le « je » étant au centre du cheminement, tout en étant une démarche qui tend de plus en plus à l’abandon de confiant à Dieu, le « je » étant résolument ouvert à l’altérité de Dieu.
Sur le plan de l’agir, nous pouvons penser que la marque d’une foi de plus en plus empreinte de maturité se reconnaît au fait que la démarche de foi de la personne donne de plus en plus sens à son existence, lui permettant de clarifier son projet de vie, tout en lui donnant de plus en plus la capacité de marcher dans l’obscurité ou l’incertitude.
Sur le plan intellectuel, une foi adulte se mesure au fait qu’elle est de plus en plus éclairée, capable de s’articuler dans un discours et une réflexion ; tout en étant de plus en plus ouverte à l’expression symbolique qui permet d’appréhender l’indicible et le mystère par-delà le discours.

Il s’agit donc d’une part d’un mouvement de contrôle, où la personne s’investit volontairement et librement à l’intérieur d’une démarche qui mène à l’intégration de la personne, qui lui permet de devenir véritablement elle-même, de se réaliser pleinement, de prendre en charge son existence ; et d’autre part d’un mouvement de lâcher-prise, où la personne s’engage dans un processus de conversion, de transformation, qui l’amène à devenir autre, à se dépasser et à s’abandonner en Dieu.
Il s’agit également d’un processus à l’intérieur duquel la personne sort peu à peu d’une foi infantile, où tout lui est proposé ou imposé comme de l’extérieur, à la manière d’un jeune enfant ; pour entrer dans une foi « enfantine », où l’adulte désormais autonome, fort d’une expérience de vie riche et empreinte de maturité intellectuelle, affective et morale, et de plus en plus apte à assumer son histoire et ses choix personnels, accepte volontairement de retrouver l’émerveillement, la fragilité, l’humilité, la dépendance et l’abandon en face d’un Dieu qu’il appelle tout simplement « Notre Père ». – Institut de pastorale de Montréal