« La tempérance est la vertu morale qui modère l’attrait des plaisirs et procure l’équilibre dans l’usage des biens créés. Elle assure la maîtrise de la volonté sur les instincts et maintient les désirs dans les limites de l’honnêteté. »
Le CEC a élargi la tempérance aux biens matériels. Elle consiste trouver le juste milieu entre dépense superflue et dépense raisonnable, à ne pas agir par “caprice”, c’est-à-dire un désir superficiel, transitoire, qui surgit comme la conséquence d’une réaction non réfléchie.
La tempérance est souvent louée dans l’Ancien Testament : "Ne te laisse pas aller à tes convoitises, réprime tes appétits" (Si 18, 30). Dans le Nouveau Testament, elle est appelée "modération" ou "sobriété". Nous devons "vivre avec modération, justice et piété dans le monde présent" (Tt 2, 12). » (CEC 1809 ; cf. 1838)
Nous étudierons surtout la tempérance comme vertu qui modère l’attrait des plaisirs sensibles, d’abord de manière générale, puis dans ses deux espèces principales relatives aux plaisirs de la bouche et de la sexualité.
Commençons cette réflexion sur la tempérance par le test du chamallow que rapporte le Père Pascal IDE. Le protocole est simple. L’expérimentateur place un chamallow devant un enfant, puis, à côté, une petite cloche. Il lui donne alors trois informations : il doit sortir quinze minutes ; si l’enfant ne mange pas le chamallow pendant son absence, il en aura un de plus à son retour ; s’il ne peut pas résister, il lui suffit de sonner la cloche et quelqu’un viendra lui donner l’autorisation de manger celui qu’il a devant lui ; mais, dans ce cas, il n’en aura qu’un seul. Ajoutons que, pour les nécessités de l’expérience, une caméra vidéo filme l’enfant pendant l’absence du chercheur.
Les résultats immédiats sont déjà intéressants. La situation est manifestement éprouvante pour tous.
Certains enfants mangent le chamallow tout de suite. D’autres résistent, se tortillent, donnent des coups de pieds dans le vide. L’un d’eux touche et remet le bonbon en faisant une horrible grimace.
Lorsqu’après avoir fait diversion, l’enfant est rattrapé par l’envie, la « torture » intérieure se redouble. Et il finit par succomber.
Enfin, à peu près 30 % des enfants tiennent et obtiennent donc le deuxième chamallow. Dans ce dernier cas, il semble que la méthode la plus efficace consiste à détourner le regard ou se cacher les yeux avec les mains.
Mais le laboratoire du professeur Mischel ne s’est pas contenté de ces observations déjà riches d’enseignement. Il a suivi pendant près de trente ans (précisément 28 ans) les enfants qui avaient passé ce test à l’âge de 4 ans et évalué leur devenir. L’enfant qui a su résister à la tentation de dévorer la friandise est celui dont l’avenir est le plus heureux. D’abord, à l’adolescence : dans leur vie personnelle, ils gèrent mieux le stress, s’expriment mieux et ont de meilleurs résultats scolaires ; dans leur vie relationnelle, ils ont plus d’amis et sont plus appréciés de leurs enseignants ; dans leur vie étudiante, ils réussissent mieux leurs examens et entrent dans de meilleures universités. Puis, à l’âge adulte : dans leur vie personnelle, ils ont nettement moins de problèmes de dépendance (alcool ou drogue) ; dans leur vie professionnelle, ils accèdent à des emplois plus satisfaisants. De plus, on voit que ce n’est pas une question d’intelligence mais de volonté.
Cela rejoint exactement ce que dit le CEC : [( « L’alternative est claire : ou l’homme commande à ses passions et obtient la paix, ou il se laisse asservir par elles et devient malheureux (cf. Si 1, 22). » (CEC 2339) )
La tempérance comporte un apprentissage de la maîtrise de soi, qui est une pédagogie de la liberté humaine.
Plan de l’enseignement
Introduction
Tempérance en général
- définition
- La bonté des biens créés et du plaisir
- Non pas nier notre sensibilité mais ordonner nos désirs
- Pour devenir tempérant, il faut poser des actes répétés de tempérance !
- L’influence de la vie émotionnelle sur l’intelligence
- Joie et plaisir
- La joie est plus profonde que le plaisir
- La joie n’est pas possessive
- la joie est communicative
- la joie est durable
- la joie ne s’oppose pas à la souffrance
- la finalité ultime n’est pas la maîtrise de soi mais la charité
Sobriété (dans la nourriture ou la boisson)
- Trois bienfaits liés à la nourriture et à la boisson : force, plaisir, communion
- La gourmandise est un péché capital
- Les différentes facettes de la gourmandise
- Les moyens pour progresser
- Revisiter ses motivations
- Arrêter de se focaliser sur la nourriture
- Écouter son corps
- Savoir apprécier la nourriture
- Savoir prendre des choses qu’on aime moins
- Jeûner
- Faire de l’alimentation un lieu de convivialité
Chasteté
- Les fausses idées sur la chasteté
- La chasteté n’est pas l’abstinence ou la continence
- La chasteté ne consiste pas à mettre des barrières extérieures
- La chasteté ne consiste pas à ne plus ressentir de désirs
- La chasteté n’est pas un mépris du corps
- La chasteté n’est pas d’abord un « non » mais un « oui »
- Ce qu’est la chasteté : l’intégration de notre sexualité
- C’est avoir une certaine maîtrise de nos pulsions
- Au-delà de la sexualité, la chasteté concerne notre relation aux autres
- La chasteté a la charité pour finalité
- Qu’est-ce qui aide à progresser dans la chasteté
- L’engagement de la volonté éclairée par l’intelligence
- Prudence et humilité
- éducation du regard
- Mener le combat des pensées et de l’imagination
- Modestie dans les paroles
- Réserve dans les gestes
- Pudeur et modestie dans l’habillement
- Vivre des relations simples
- Intensifier sa relation à Dieu
Conclusion