Cet enseignement propose de nous allons méditer sur le but, la finalité. En effet, si nous désirons avancer dans la vie spirituelle, la première chose est de ne pas nous tromper de destination. Dans la prochaine halte, nous verrons davantage les moyens pour atteindre ce but.
« Tenez pour suspects tous ces désirs d’une certaine perfection chrétienne qui peut être imaginée mais non pratiquée, et de laquelle plusieurs font des leçons mais nul n’en fait les actions. » (XII, 203)
François de Sales très attaché à l’intention. Il accorde une place particulière à l’intention de nos actes.
« Ce n’est pas par la multiplicité des choses que nous faisons que nous acquerrons la perfection, mais par la perfection et pureté d’intention avec laquelle nous les faisons. » (VI, 227)
De fait, elle entre d’une manière particulière dans la qualification morale d’un acte (même si ce n’est pas le seul paramètre car il y a aussi la matière et les circonstances).
L’objet choisi est un bien vers lequel se porte délibérément la volonté. Un service rendu a pour fin d’aider le prochain, mais peut être inspiré en même temps par l’amour de Dieu comme fin ultime de toutes nos actions. Une même action peut aussi être inspirée par plusieurs intentions, comme de rendre service pour obtenir une faveur ou pour en tirer vanité. Une intention bonne (par exemple : aider le prochain) ne rend ni bon ni juste un comportement en lui-même désordonné (comme le mensonge et la médisance). La fin ne justifie pas les moyens. Par contre, une intention mauvaise surajoutée (ainsi la vaine gloire) rend mauvais un acte qui, de soi, peut être bon, par exemple l’aumône (cf. Mt 6, 2-4).
Les circonstances, y compris les conséquences, sont les éléments secondaires d’un acte moral. Elles contribuent à aggraver ou à diminuer la bonté ou la malice morale des actes humains (par exemple le montant d’un vol). Elles peuvent aussi atténuer ou augmenter la responsabilité de l’agent (ainsi agir par crainte de la mort). Les circonstances ne peuvent de soi modifier la qualité morale des actes eux-mêmes ; elles ne peuvent rendre ni bonne, ni juste une action en elle-même mauvaise. Il ne faut pas pour autant imaginer que François de Sales suit une morale de l’intention. Chacun sait que, selon le dicton, « l’enfer est pavé de bonnes intentions ». Il suit la tradition de l’Église qui privilégie la matière, l’objet vers lequel se porte la liberté. Mais comme il désire conduire les gens à la perfection, il est très attentif à l’intention de nos actes.
Saint François de Sales est attentif d’abord au cœur, non pas à l’apparence de la sainteté. Il recherche l’authenticité de la vie chrétienne. Il débusque nos intentions un peu biaisées. De ce point de vue, il ne fait pas de concessions ; il est très exigeant.